Identification des téléphones : rêve utopique d’Augustin Kibassa aux allures d’arnaque !

Par Ginno Lungabu.

C’est le 24 septembre prochain que le ministre de Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PTNTIC), Augustin Kibassa, a promis aux détenteurs des téléphones mobiles, le début de l’opération d’identification de leurs appareils téléphoniques. Une opération qui, selon le communiqué signé par son directeur de cabinet Séraphin Umba Katete, est assortie d’un paiement par le détenteur du ou des téléphones d’une somme non encore indiquée et qui flirte avec l’illégalité.

Motivant cette décision de son ministre coulée depuis le 10 juin en arrêté, Me Séraphin Umba Katete écrit qu’Augustin Kibassa voudra par la mise en place du Registre des Appareils Mobiles (RAM) en RDC, constituer un outil pour protéger les Congolais détenteurs des appareils mobiles. «Nous sommes heureux de mettre en place le RAM. Cette base des données nous permettra de limiter les marchés des appareils mobiles contrefaits, combattre le vol d’appareils mobiles et améliorer la qualité du réseau de téléphonie mobile en bloquant les appareils non conformes aux normes internationales», peut-on lire dans ce communiqué.

Mais seulement, dans cette initiative qui pue l’arnaque d’un ministre déterminé à se faire rapidement de l’argent, Augustin Kibassa se cache derrière l’ARPTC pour justifier son coup contre les détenteurs des téléphones. «Chaque appareil mobile sera enregistré dans le RAM moyennant le paiement en six échéances d’un droit d’enregistrement IMEI annuel auprès de l’opérateur de télécommunications concerné, pour rémunération des prestations de l’ARPTC dans le cadre de la mise en place de la maintenance du RAM», écrit son directeur de cabinet dans le communiqué du 6 août dernier. Une belle théorie qui va certainement se buter à beaucoup de difficultés de faisabilité dans la pratique.

D’abord, les opérateurs de télécommunications responsabilisés, bien qu’ayant des relais partout dans le pays, n’ont pas de représentations dans beaucoup de provinces, territoires et autres secteurs et villages où leurs antennes sont implantées. A Lusambo, chef-lieu de la province du Sankuru par exemple, où Vodacom, Airtel et Orange sont opérationnels, aucune de ces sociétés n’y a installé un petit bureau, pas même un shop d’un dealer. Comment se fera alors cet enregistrement dans ces milieux reculés ? Aussi, quel type d’appareils, Augustin Kibassa vise-t-il : des smartphones ou des téléphones analogiques ? Quelles sont les marques des téléphones ciblées ? Quels matériels dispose-t-il pour tester le faux I-phone du vrai, ou un faux Techno Camon 12 ou 15 des vrais, ou encore un vrai Samsung S10 du faux ?

Ensuite, d’où tire-t-il les compétences de lutter contre la contrefaçon des appareils mobiles et de combattre leur vol ?, interrogent plusieurs experts des télécoms qui se réfèrent à la Loi sur les télécommunications. «Si Augustin Kibassa se charge de contrôler la qualité des appareils téléphoniques et en dénicher la contrefaçon, que fera alors l’Office Congolais de Contrôle, OCC en sigle, établissement sous tutelle du Ministère du Commerce extérieur ? Si Augustin Kibassa se fait gendarme ou policier pour lutter contre le vol des téléphones, que fait alors la police criminelle sous tutelle du Ministère de l’intérieur et sécurité ?», s’interroge un expert en télécoms qui estime que le ministère de PT-NTIC est à côté de la plaque.

Pour lui, sa tâche est de contrôler les flux de trafics des appels, des datas, des SMS qui passent par des SIM et non de contrôler les appareils qui les contiennent, d’autant plus qu’à l’achat de ces téléphones, les consommateurs paient déjà la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui malheureusement ne leur est jamais remboursée.

«Si le ministre veut rentabiliser son secteur, il n’a qu’à moderniser l’ARPTC en la dotant des équipements de haute technologie pour un contrôle adéquat des flux de trafics en voix et datas déclarés par les opérateurs de télécommunications et qui sont généralement minorés», lui conseille cet expert en télécoms. Sinon, chercher vite le raccourci par l’instauration d’une taxe camouflée pour se faire de l’agent, n’est que arnaque. Aussi, vouloir retirer de la circulation certains téléphones prétextant la contrefaçon, c’est en réalité amputer l’Etat d’une partie de ses recettes qui proviendraient des activités de ces téléphones retirés de la circulation.

«Le malheur d’Augustin Kibassa, c’est d’avoir un directeur de cabinet, de surcroît juriste qui maîtrise tout, sauf la loi sur les télécoms, pourtant secteur dans lequel il évolue», déplore un cadre du secrétariat général de PT-NTIC. 

  • Bendélé Ekweya té

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