Par Dorcas Nzumea.
Dans un mémo adressé au Premier ministre, le vice-ministre de la santé Albert M’peti Biyombo dévoile une mafia bien organisée au sein du ministère de la Santé. Il accuse son supérieur, Eteni Longondo d’etre la pièce tournante de la gestion calamiteuse et opaque des fonds alloués à la riposte contre la pandémie de Coronavirus.
A en croire Albert M’peti, cette gestion se fait en dehors de toute orthodoxie financière. «Le ministre de la santé signe seul le décaissement de gros montant et ne m’a jamais associé dans la gestion de ces fonds sauf des petites sommes, alors que je devais contresigner suivant les prescrits de l’ordonnance N.20/016 du 27 mars 2020 portant organisation et fonctionnement du Gouvernement,..», affirme-t-il dans sa correspondance.
Il dénonce pour cela les réseaux mafieux existant au sein de leur ministère, qui ont été créé pour des fins des détournements des fonds alloués par le Gouvernement et ceux reçus auprès des différents partenaires techniques et financiers. Plus grave, ces réseaux exigent des rétrocommissions jusqu’à hauteur de 35% auprès des structures bénéficiaires de ces fonds.
Alors que le personnel soignant commis à la lutte contre le COVID-19 accuse des arriérés de paiement de plus de deux mois et les hôpitaux de l’Etat à Kinshasa comme à l’intérieur manquent cruellement des médicaments et autres intrants, le vice-ministre de la santé affirme subir régulièrement des pressions de la part de son supérieur, pour signer des documents financiers non prioritaires et complaisants. Il cite ainsi deux documents qu’il a refusé d’apposer sa signature, dont notamment, le paiement en faveur de l’administrateur gestionnaire de l’hôpital Kimbanguistes de Kinshasa pour la paiement des factures des malades insolvables, libérés sur ordre du ministre de la santé ainsi que le paiement des arriérés de plus de deux mois d’achat de produits pharmaceutiques d’entretien hygiénique en faveur de la polyclinique Pierrot Nketi.
Refusant de se taire face à toutes ces manèges, il tire la sonnette d’alarme du premier ministre afin que ce dernier puisse voir clair sur la gestion de ces fonds destinés à la lutte contre le COVID-19. «Afin d’éviter à la République le paiement des dépenses non éligibles qui s’élèvent déjà à plus de 8 millions de dollars auprès de la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International et autres partenaires techniques et financiers…j’ai voulu attirer votre attention sur la gestion désastreuse et antipatriotique des Fonds destinés à lutter contre le COVID-19», a-t-il laissé entendre.
Il sied de rappeler que les agents engagés dans la lutte contre la pandémie de Coronavirus en RDC ont manifesté le samedi 3 juillet devant le quartier général de la riposte sur le boulevard Triomphal pour exiger le paiement de trois mois de salaire. Une délégation de ces agents s’est rendue à la primature pour porter les revendications auprès du Premier ministre Sylvestre Ilunga.
Pas plus tard qu’hier, le coordonnateur du comité multisectoriel de lutte contre le coronavirus, Dr Jean-Jacques Muyembe, avait alerté sur l’impaiement de ses agents alors que le gouvernement affirmait avoir déboursé plus de 20 millions USD pour faire face contre la pandémie.