Le député national Claudel André Lubaya, élu de Kananga a, sur son compte X, dénoncé ce qu’il qualifie d’ « un scandale de trop », allusion faite à l’organisation des Jeux de la francophonie.
« En détournant 324 millions USD au prétexte de matérialiser la vision du Chef de l’Etat dans le cadre des Jeux de la francophonie, le Gouvernement s’est rendu coupable de délinquance financière aggravée et, de ce fait, s’est placé du bon côté de l’indécence. Présentés comme succès planétaire et référence historique, les jeux de la francophonie organisés par la RDC du 28 juillet au 6 août 2023 n’auront été, en réalité, à l’instar des autres projets initiés par le Gouvernement congolais, qu’un tombeau pour les finances publiques dont 423 millions de dollars américains ont été aspirés à des fins d’enrichissement illicite de différents intervenants », a écrit CAL sur son compte X samedi 28 octobre 2023, certainement après avoir suivi la conférence de presse animée par le ministre des finances Nicolas Kazadi au cours de laquelle il a avancé ce montant.
Dans sa probité morale dont il se vante irréprochable, le directeur national du Comité national des Jeux de la francophonie (CNJF), Isidore Kwandja, n’a pas accepté de le gober. Par le même canal, il a vite réagi en demandant au député national d’aller voir ailleurs car le montant de son budget à lui est moins que celui dénoncé.
« Notre gestion de l’organisation des IXes Jeux de la Francophonie a été très rigoureuse, transparente et judicieuse. Nous avons été accompagnés par l’IGF depuis notre prise des fonctions jusqu’à aujourd’hui. Toutes les opérations financières ont été faites sous le regard de l’IGF. Nous sommes surpris d’apprendre aussi dans les réseaux sociaux que les Jeux auraient coûté 324 millions USD, alors que nous savons que le budget adopté par le Comité de pilotage et approuvé par l’OIF était de 66.900 euros que nous n’avons toujours pas encore encaissés en totalité. Où sont partis ces fonds et qui les a gérés ? S’il y a eu un dépassement du budget dont on parle, les raisons sont à chercher ailleurs, pas à la direction nationale des Jeux qui est restée très austère », écrit Isidore sur son compte X.
Pour être plus explicite, le CNJF a officiellement publié le lundi 30 octobre 2023, un communiqué de mise au point sur les fameux 324 millions USD déclarés par le ministre des finances Nicolas Kazadi, montant que lui (CNJF) ne reconnait pas avoir géré.
« A l’intention de l’opinion nationale et internationale, la direction du CNJF tient à apporter les précisions suivantes : Le budget arrêté par le CNJF et validé par le Comité de pilotage pour l’organisation des Jeux avait été fixé à 66,9 millions d’euros. Celui-ci a été approuvé comme tel par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il est important de souligner qu’à ce jour, le Ministère des Finances n’a jamais débloqué l’intégralité de ce montant. D’où le fait que certaines créances sont encore en souffrance. Il est nécessaire de souligner que la gestion des dépenses du CNJF a été accompagnée par la Brigade financière de l’Inspection Générale des Finances (IGF) affectée au CNJF depuis le 24 janvier 2022 jusqu’à ce jour et qui a par ailleurs rendu son rapport à ce propos lors d’une communication conjointe faite par l’Inspecteur général des finances, chef des services Jules ALINGETE et le Directeur national des Jeux de la Francophonie Isidore KWANDJA. La confusion créée par les propos du Ministre des Finances tient au fait qu’il a mis dans le même panier les fonds alloués à la direction du CNJF pour l’organisation des Jeux et ceux attribués au Ministère des ITP pour la construction des infrastructures. Ce dernier volet du budget ne relève aucunement de la direction du CNJF mais bien du Ministère des ITP et de celui des Finances qui avaient la responsabilité de la construction, de la réhabilitation et d’aménagement des infrastructures. Ces deux ministères peuvent donc mieux que la direction du CNJF expliquer l’affectation des 324 millions de dollars que le Ministre KAZADI aurait déboursés pour les Jeux. La direction du CNJF continue, pour sa part, à attendre la mise à sa disposition par le Ministre des Finances, des fonds devant lui permettre de liquider les arriérés de son personnel et les créances de différents prestataires qui ont contribué au succès des IXes Jeux de la Francophonie », peut-on lire dans ce communiqué parvenu à Scooprdc.net où le CNJF s’étonne du fait que les propos du ministre des Finances interviennent curieusement au moment où une délégation de l’Organisation Internationale de la Francophonie, conduite par la Directeur du CIJF, séjourne à Kinshasa avec des experts pour faire la reddition des comptes du CNJF, un exercice logique après l’organisation des Jeux de Kinshasa.
Ça sent la combine et la magouille financière chez Nicolas Kazadi et Alexis Gisaro
Visiblement, le ministre des finances Nicolas Kazadi et le ministre d’Etat, ministre des ITPR Alexis Gisaro forment un formidable duo de saignement du Trésor public dans le secteur des infrastructures. Ils sont soupçonnés d’être dans des combines qui favorisent leur enrichissement illicite.
Tenez, il n’y a pas longtemps qu’ils étaient dénoncés au Fonds de promotion de l’industrie (FPI) dans l’arrêt des travaux de construction de la route reliant Mbuji-Mayi à Kananga, comme étant à la manœuvre du blocage des fonds à allouer à la société égyptienne SAMCRETE Engineering, dans le but de ravir le marché à cette dernière pour le confier à la société Toha en vue d’avoir des rétrocessions de 16 millions USD sur le financement de la Banque africaine de développement (Lire les articles de Scooprdc.net : Travaux de construction de la route Mbuji-Mayi – Kananga à l’arrêt : l’IGF accusée de blocage, Nicolas Kazadi et Alexis Gisaro indexés ! ; Travaux de construction de la route Kananga – Mbuji-Mayi : L’IGF somme SAMCRETE Engineering de justifier au moins 24 millions UDS avant tout autre décaissement des fonds par le FPI ; Arrêt des travaux de la construction de la route Mbuji-Mayi – Kananga : Coup de gueule de la société SAMCRETE Engineering, réponse de l’IGF, ras-le-bol du FPI !).
Voilà que dans le dossier « Jeux de la francophonie », ils sont encore cités. S’agissant d’abord d’Alexis Gisaro, ce n’est surprenant qu’il soit indexé car déjà dès le départ de l’organisation de ces Jeux, il tenait à avoir une mainmise sur les fonds destinés à la construction des ouvrages à travers une société peu crédible par lui proposée (Lire les articles de Scooprdc.net : Organisation des 9ièmes Jeux de la Francophonie : Ça piétine, mais le vent de détournement souffle à l’Intégration régionale et aux ITP ! ; 9èmes Jeux de la Francophonie : Panier de crabes et proie aux faucons et vautours pour son insuccès ! (Enquête)).
Il a eu finalement gain de cause car dans la construction des infrastructures autour du Stade Tata Raphaël et la réhabilitation des homes, la construction de la piscine à l’Université de Kinshasa, non seulement qu’il a eu un mot à dire, mais également un droit de regard financier. Au stade actuel, il n’y a que lui et son complice de Nicolas Kazadi qui connaissent le montant exact de tous ces travaux par eux certainement gonflé à 324 millions USD. D’ailleurs, selon nos sources, certaines maisons préfabriquées du site Tata Raphaël sont inachevées et avec des pluies qui tombent, l’eau entre à l’intérieur et imaginez les conséquences ! Mais l’argent était déjà sorti pour cette fin.
Dans cette affaire, les analystes estiment qu’il y a deux hypothèses : soit il y a détournement caractérisé par une surfacturation, ou bien le ministre des finances a gonflé ce montant avec espoir de se faire rembourser par l’OIF dont une délégation est présentement à Kinshasa pour un audit, un exercice qui permet à l’OIF de payer, sinon de rembourser dans une certaine mesure au pays organisateur, les frais dépensés pour l’organisation.
C’est ici que l’Inspection général des finances (IGF) est interpellée pour auditer les deux membres du gouvernement. Cela relève de ses prérogatives. Quand on sait que jusqu’à ce jour, Nicolas Kazadi n’a décaisse que 66 millions USD sur 75 millions USD du budget total des Jeux de la francophonie, L’IGF devra d’abord savoir à quoi ont servi les 258 millions USD (324 millions – 66 millions) et ensuite vérifier minutieusement les pièces justificatives étant donné la surfacturation est la pratique courante des gestionnaires étatiques. Le peuple congolais attend impatiemment l’intervention et le résultat du travail de l’IGF.