Tel un chat échaudé qui craint l’eau froide, l’Inspecteur général des finances chef de service Jules Alingete se veut très prudent à tout mouvement financier, étant donné que les scandales financiers décriés en RDC ne sont qu’en termes de millions de dollars américains. C’est dans cette optique qu’il a bloqué une opération financière visiblement louche et suspecte que le Fonds national d’entretien routier (FONER) voudrait entretenir avec les banques UBA et BFI Bank sous l’instigation de Nicolas Kazadi (ministre des finances sortant du gouvernement Sama Lukonde) et Alexis Gisaro (ministre d’Etat, ministre des ITPR reconduit au nouveau gouvernement Suminwa).
en effet, dans sa logique de contrôle à priori qui a diminué sensiblement les détournements et les fautes de gestion dans l’administration publique, Jules Alingete a adressé une correspondance au directeur général de FONER, le 18 juin dernier, pour obtenir de lui le soubassement d’un emprunt de 500 millions USD par lui sollicité au début du mois de mai 2024 auprès de BFI Bank, à affecter prétendument au financement de la construction des projets d’infrastructures identifiés et approuvés, selon le DG par le Conseil d’administration du FONER.
« Devant l’importance de ce montant et le montage financier y relatif, eu égard à la nature juridique des ressources du FONER qui sont un compte d’affectation spéciale du Budget du pouvoir central et à l’objet du FONER dont le champ d’intervention exclut les travaux de construction et de réhabilitation des routes, l’Inspection générale des finances tient à examiner les contours de cette opération pour s’assurer de sa légalité, sa régularité, son opportunité et son impact sur les ressources du FONER préaffectées au financement d’entretien des routes », peut-on lire dans cette correspondance de Jules Alingete adressée au DG de FONER en exigeant ce dernier de lui transmettre le protocole d’accord signé avec BFI Bank, le procès-verbal du Conseil d’administration du FONER ayant identifié et approuvé les projets d’infrastructures visés par ce financement avec l’approbation de la tutelle, la liste desdits projets approuvés, l’autorisation préalable de la tutelle pour cet emprunt, les garanties fournies à la banque prêteuse, le budget 2024 du FONER prévoyant cet emprunt, mais aussi lui démontrer le texte qui autorise un DG de FONER de s’engager sur les ressources de l’Etat préaffectées et au-delà de sa capacité de mobilisation annuelle, les moyens de remboursement dont il dispose et le soubassement du lien avec la banque UBA dans le cadre de ce dossier.
Avec cette correspondance, il est clair que l’opération bancaire est bloquée jusqu’à ce que l’IGF analyse et examine tous les contours du dossier en vue d’éviter que des individus se remplissent les poches au détriment de l’Etat congolais. Les deux ministres warriors de Sama Lukonde ont-ils profité de la période d’expédition des affaires courantes pour fourrer ce coup au Trésor public ? Possible dans un pays où les scandales financiers n’émeuvent personne.
Il faut signaler que ce n’est pas le seul dossier où le duo Kazadi-Gisaro est impliqué. Ils ont été cités dans le dossier « Jeux de la francophonie », accusés d’avoir saigné le Trésor public à hauteur de 54 millions USD qu’ils avaient géré à deux, écartant le staff du Comité national de Jeux de la francophonie (CNJF). S’agissant d’abord d’Alexis Gisaro, ce n’était surprenant qu’il eut été indexé car déjà dès le départ de l’organisation de ces Jeux, il tenait à avoir une mainmise sur les fonds destinés à la construction des ouvrages à travers une société peu crédible par lui proposée (Lire les articles de Scooprdc.net : « Organisation des 9ièmes Jeux de la Francophonie : Ça piétine, mais le vent de détournement souffle à l’Intégration régionale et aux ITP ! » et « 9èmes Jeux de la Francophonie : Panier de crabes et proie aux faucons et vautours pour son insuccès ! (Enquête) ».
Il eut finalement gain de cause car dans la construction des infrastructures autour du Stade Tata Raphaël et la réhabilitation des homes, la construction de la piscine à l’Université de Kinshasa, non seulement qu’il avait eu un mot à dire, mais également un droit de regard financier. Actuellement, il n’y a que lui et son complice de Nicolas Kazadi qui connaissent le montant exact de tous ces travaux par eux certainement gonflé à 324 millions USD et supposés dépensés pour l’organisation de Jeux de la francophonie. Montant, il faut le dire en passant, décrié et dénoncé à l’époque par le député national honoraire Claudel Lubaya.
Au Fonds de promotion de l’industrie (FPI), le duo Kazadi-Gisaro a été dénoncé dans l’arrêt des travaux de construction de la route reliant Mbuji-Mayi à Kananga. Ils avaient, les accuse-t-on, manœuvré pour bloquer les fonds à allouer à la société égyptienne SAMCRETE Engineering, dans le but de ravir le marché à cette dernière pour le confier à la société Toha en vue d’avoir des rétrocessions de 16 millions USD sur le financement de la Banque africaine de développement.
Dans un enquête publiée vendredi 02 juillet 2024 par les journaux Ouragan et Africa News, Nicolas Kazadi est cité dans plusieurs décaissements en procédure d’urgence qu’il a fait effectuer à la Banque centrale du Congo sans informer ni le président de la République, ni le premier ministre de qui il dépendait. Nous reviendrons sur ce dossier.