Quand on ne maîtrise pas une langue ou on la connaît mal ou pas du tout, on doit éviter d’en faire l’interprétation qui souvent est erronée. C’est exactement ce que font les détracteurs du président Félix Tshisekedi qui attendaient vivement son discours pour tirer à boulets rouges sur lui. Mais n’ayant rien trouvé à lui reprocher, ils se sont accrochés à « Mashi a mu menu » pour le taxer de tribaliste et de séparatiste. Ce qui n’est pas le cas.
J’ai l’avantage, bien que Tetela, originaire de Tsheko Saka, territoire de Lubefu dans le Sankuru né à Kinshasa, de connaître et maîtriser la langue Tshiluba dans toutes ses variantes (Buluba, Tshiena Lulua et Tshikua Luntu). C’est une langue dont j’ai appris la grammaire au niveau de l’école primaire chez les Frères de la charité à Lusambo.
« Mashi a mu memu » ne veut pas dire « Mon sang » mais plutôt le « sang de gencives ». Ce n’est pas une expression mais plutôt un proverbe d’ailleurs dont Fatshi n’a pas déroulé l’intégralité. Le proverbe est celui-ci : « mashi a mu menu, nansha wewa muyimansha, newumina ndambu ». Ça veut dire que « le sang de gencives (Ndlr : c’est généralement lorsqu’on est blessé dans la bouche), on ne peut pas tout jeter. Il y aura une partie qui sera FORCÉMENT avalée ».
Généralement, ce proverbe est utilisé lorsqu’il y a un sentiment de rejet de quelqu’un par son proche, même pas issu de son propre famille. Ça veut dire que « quoi que nous nous fassions du mal, il est difficile que nous nous rejetions. Parce ce que nous avons une familiarité, un approchement, un lien qui nous unit ».
Et le contexte de ce proverbe utilisé par Fatshi, est précédé de critiques formulées par ses frères. « Ndi munvua ne nudi nunjana, nuamba ne ndi tangila amu mukanjanyi ni baku banyi, tshiena nutangila nuenu to », entendez : « J’ai appris que vous me critiquez, vous ditez que je m’occupe seulement de ma femme et de mes beaux-parents, je ne m’occupe pas de vous ». Allusion faite à son attention particulière et soutenue à l’Est de la RDC, d’où son épouse est ressortissante.
Là, il va leur expliquer le contexte dans lequel il a trouvé le pays à sa prise de pouvoir et les efforts qu’il fournit pour ramener la paix dans cette partie du pays qui fait coïncidemment que ce soit le coin de son épouse. Voilà, c’est dans ce contexte de présumé rejet ressenti de par et d’autre que le proverbe « Mashi a mu menu… » a été évoqué pour dire quoique nous nous fassions de la peine, nous ne pouvons pas nous rejeter. Rien de tribaliste ni de séparatiste.