Du paradis à l’enfer : Dolly Makambo purgerait-il le Karma ?

Dix ans de prison ferme sans circonstance atténuante, c’est la peine prononcée ce jeudi 21 novembre 2019 contre le ministre provincial de l’Intérieur de la ville de Kinshasa, Dolly Makambo, pour incitation de militaires à commettre des actes contraires à la loi et aux règlements. C’est dans l’affaire du meurtre de l’AG de l’hôpital Vijana à Lingwala.

Toujours en cavale, son garde du corps répondant au nom de Gaëtan Ekawa alias « Ekanga nyama », qui avait tiré sur l’AG de Vijana, est frappé de la peine capitale. Serge Kamanda, son chauffeur, écope de 10 ans de servitude pénale pour meurtre et arrestation arbitraire de Belvis Nkunku Ilo. Le propriétaire de la parcelle dans l’enceinte de Vijana, au cœur du conflit, Bakachuraki Semeyi, est condamné à 10 ans de servitude pour la même infraction que Dolly Makambo. La Haute Cour Militaire inflige deux ans de servitude pénale à Jacques Akilimani, gardien de la parcelle en construction de Bakatsuraki Semeyi, pour arrestation arbitraire par aide accessoires.

Tous les condamnés ont été, aussitôt le prononcé terminé, embarqués dans la fourgonnette en direction de la prison de Ndolo. Et c’est avec soulagement accompagné des pleurs que la famille de Belvis Nkuku et ses collègues de l’hôpital Vijana ont quitté la Haute Cour Militaire.

Le Karma ?

Le sort qui arrive à Dolly Makambo est diversement interprété. Politiquement, le protégé d’Adolphe Lumanu et d’Evariste Boshab serait, estime-t-on au PPRD et au FCC, victime d’une justice téléguidée par ceux qui voulaient bien lui régler des comptes, quand bien même l’acte lui reproché est juridiquement motivé et fondé sur la doctrine.

Eschatologiquement et spirituellement, sa condamnation considérée comme le passage du paradis à l’enfer est tout simplement, pour ceux qui ont quatre yeux, la purge du Karma. Un adage luba dit : « diudiadia tshula ki ndiudi umena mpusu to », entendez littéralement : « ce n’est pas le jour que tu manges le crapaud que tu deviens galeux », comme pour dire que les gales apparaîtront plus tard comme conséquence de cette consommation atypique. Et un autre adage d’ajouter : « qui sème le vent, récolte la tempête ». Voilà ce qui arriverait, pensent à raison ou à tort, les eschatologues.

Les actes commis par Dolly Makambo d’abord bourgmestre de la commune de la Gombe, puis ministre provincial de l’intérieur de la ville-province de Kinshasa ont chagriné et mis en pleurs beaucoup de personnes.

Champion en déguerpissement personnellement dirigés par lui, il mit beaucoup de familles dehors dans des dossiers parcellaires où il tirait dividendes. Le plus grand déguerpissement spectaculaire a été celui du chargé d’affaires nigérian sur avenue Roi Baudouin (lire l’article de Scooprdc.net : « scandale diplomatique : le chargé d’affaires nigérian déguerpi d’une maison à la Gombe » https://scooprdc.net/2018/04/14/scandale-diplomatique-le-charge-daffaires-nigerian-deguerpi-dune-maison-a-la-gombe/

Le grand scandale qui lui aurait attiré les malédictions, c‘est lorsqu’il nargue les Catholiques. Alors qu’un calicot du Comité Laïc de Coordination est affiché au Centre Interdiocésain pour réclamer l’organisation des élections dans les délais constitutionnels, le tout-puissant Makambo s’amena, arracher et détruire ce calicot dans l’enceinte même du Centre. Témerité spirituelle ! Malgré les plaintes des Evêques catholiques, aucune sanction de sa hiérarchie ni de la justice ne lui était infligée. L’homme paraissait intouchable !

Devenu ministre de l’Intérieur provincial, il ne s’est pas empêché dans son ‘’excellence’’ de trouer quatre pneus d’un véhicule d’un paisible citoyen dont le péché aurait été d’obstruer le passage du ministre. Lire l’article de Scooprdc.net : « Kuluna V.I.P : Dolly Makambo, troueur des pneus du véhicule d’autrui » https://scooprdc.net/2019/07/10/kuluna-v-i-p-dolly-makambo-troueur-des-pneus-du-vehicule-dautrui/

A la Haute Cour Militaire où il a été traîné dans l’affaire qui l’a finalement conduit en prison, un militaire de cette juridiction lui a rappelé ce qu’il lui avait fait à Bandalungwa. En effet en tenue civile, ce militaire qui attendait le transport au niveau de Tshibangu, en voyant passer Dolly Makambo dans son véhicule, lui avait demandé service de l’avancer dans la même direction qu’il prenait. Comme réponse, Dolly Makambo s’arrêta et le gifla avant de repartir. « Je ne pouvais rien vous faire à l’époque surtout que j’étais en tenue civile. Quel bon témoignage puis-je faire sur vous maintenant que vous êtes devant les juges. Tout ce que l’on vous reproche ici est résumé dans votre brutalité et moi-même j’en suis victime », lui a rappelé ce militaire chargé de le présenter devant les juges dans la salle d’audiences.

Dix ans à Ndolo pourront-ils corriger l’homme ? Aux autres abuseurs du pouvoir public d’en tirer la leçon.

Nzakomba.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une