Dans une déclaration poignante, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, de la sécurité et les affaires coutumières, a tiré la sonnette d’alarme sur une situation qu’il qualifie d’« extrêmement grave » dans les territoires occupés par les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23 et de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC).
Selon Jacquemain Shabani, les populations congolaises vivant dans les zones de Rutshuru, Masisi et une partie du Nord-Kivu subissent une véritable politique de substitution démographique.
« Le Rwanda est en train de mettre en œuvre une politique de transplantation des populations étrangères dans les territoires congolais occupés », a-t-il dénoncé.
Les propos du ministre font état d’un processus méthodique : des villages, des colonies et des champs autrefois habités par des Congolais contraints de fuir en raison de l’insécurité seraient aujourd’hui occupés par de nouvelles populations venues de l’extérieur, sous la supervision des forces d’occupation.
Il pointe notamment l’installation de ces groupes dans les zones désertées par les populations locales, qui vivent désormais dans des conditions qu’il qualifie d’« inacceptables » et « inimaginables en termes des droits humains ».
Par ailleurs, le ministre a évoqué une autre facette de la crise : le retour volontaire de certains réfugiés rwandais, identifiés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et vivant depuis plusieurs années en RDC, vers leur pays d’origine, en raison de l’insécurité croissante dans leurs zones d’accueil.
Une dynamique que le gouvernement rwandais exploiterait pour inverser le flux démographique, en implantant à leur place des groupes venus du Rwanda.
« Nous avons dénoncé cette réalité dans plusieurs de nos communications », a-t-il insisté, appelant la communauté internationale à prendre conscience de ce qu’il qualifie de plan délibéré de modification de la composition démographique dans les territoires congolais occupés.
Le gouvernement congolais promet de poursuivre ses efforts diplomatiques pour faire cesser ces pratiques, qu’il considère comme une violation flagrante du droit international et une menace directe à la souveraineté nationale.