Tshisekedi père et Tshisekedi fils : Où est passé le bouton de l’intégrité à l’UDPS ?

Par Maurice Mukendi/Économiste et Financier

L’histoire politique récente de la République Démocratique du Congo (RDC) est marquée par une contradiction troublante, surtout pour ceux qui croient encore aux idéaux fondateurs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Lorsqu’Étienne Tshisekedi, père de la démocratie congolaise, était simplement pressenti pour être Premier ministre, des voleurs d’État, par crainte ou par respect pour l’homme et ses principes, s’empressaient de restituer les biens détournés. Il n’était même pas encore en fonction, et pourtant, son nom seul suffisait à rétablir un semblant d’ordre moral.

Comment expliquer alors qu’aujourd’hui, sous le mandat de son fils Félix Tshisekedi, non seulement ceux qui ont volé ne rendent rien, mais pire encore, même ceux qui n’avaient jamais détourné auparavant trouvent désormais le chemin du pillage ? Cette situation questionne profondément : quel bouton a été désactivé ? Ou plutôt, quel bouton manque à l’UDPS actuelle pour que l’héritage du père se traduise enfin en actions sous le leadership du fils ?

La panne morale de l’UDPS au pouvoir

Il faut avoir le courage de le dire : l’UDPS, aujourd’hui au pouvoir, ne ressemble plus à ce qu’elle prétendait être. Ce n’est plus un parti d’opposition farouche et vertueuse. C’est devenu un appareil politique englué dans la logique de partage de postes, de compromissions, et dans certains cas, de protection d’intérêts personnels au détriment de l’intérêt général.

La base militante, autrefois prête à mourir pour la vérité et la justice, regarde désormais avec désillusion un leadership qui peine à incarner l’exemplarité. Le discours sur l’État de droit ne suffit plus. Ce qu’il faut, ce sont des actes concrets, visibles et courageux.

Une voie de redressement : la Commission Juridique de Vérité et d’Éthique

Mais tout n’est pas perdu. Il est encore temps de redorer le blason terni de l’UDPS, si tant est que le parti tient réellement à sa survie historique, morale et politique. Pour cela, il est indispensable d’engager une démarche de nettoyage intérieur, sans complaisance.

Je propose la mise en place immédiate d’une Commission Juridique et Éthique indépendante, composée de juristes intègres, d’acteurs de la société civile et de représentants de la base, avec pour mandat de :

1. Auditer tous les mandats exercés sous le label UDPS, au sein des institutions nationales, provinciales, entreprises publiques et missions diplomatiques.

2. Auditionner toutes les personnes ayant occupé un poste de responsabilité pour examiner la gestion, la moralité, et la conformité à la vision du parti.

3. Identifier les cas de corruption, enrichissement illicite ou abus de pouvoir, avec des recommandations de poursuite judiciaire sans aucune exception.

4. Publier un rapport vérité et réparation pour restaurer la crédibilité du parti vis-à-vis du peuple congolais.

Le prix de la survie ou la pente du déshonneur

L’UDPS peut encore devenir le moteur d’un renouveau politique fondé sur les valeurs d’Étienne Tshisekedi : vérité, justice, et courage. Mais cela exige des sacrifices, y compris le sacrifice de certains camarades devenus toxiques pour l’image du parti. Il ne suffit plus de brandir l’image du père, il faut agir à sa manière.

La survie de l’UDPS ne repose pas sur des alliances politiques opportunistes, mais sur la fidélité aux principes. C’est à ce prix seulement que le peuple congolais pourra retrouver la confiance, et que l’UDPS pourra de nouveau incarner l’espoir plutôt que la déception. Sinon, avec l’alternance au pouvoir en 2028, si son candidat devant remplacer Félix Tshisekedi ne passe pas, c’est le déluge du parti.

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