Il fallait s’y attendre avec celle que le monde politique congolais a surnommée la « panthère du Lualaba ». Spécialiste en dribbling et en coups bas politiques, la gouverneure Fifi Masuka ne pouvait pas faire long feu avec les trois regroupements politiques créés à la veille des élections de 2023, au sein desquels l’on retrouve certains poids lourds de la politique congolaise, notamment Norbert Kantintima, ancien vice-premier de la centrale électorale, José Mpanda, ancien ministre de la Recherche scientifique puis de l’Agriculture, Noel Botakila, ancien député national et ancien vice-ministre de l’Agriculture…, à cause de ses manigances lui reconnues partout où elle est passée, au MLC de Jean-Pierre Bemba comme au PPRD de Joseph Kabila, et maintenant à l’Union sacrée.
Tenez, 17 députés nationaux sur les 26 qui constituent les regroupements A24, A25 et AN l’ont désavouée et demandent à la hiérarchie de l’Union sacrée de la nation de ne pas approuver les propositions par elle faites qui ne respectent pas le consensus nécessaire et exprimé par tous les partis membres de la plateforme qui compose le groupe parlementaire de 3 Alliances.
Dans leur déclaration lue devant la presse, les 17 députés nationaux de A24, A25 et AN, reprochent à la « Panthère du Lualaba », une gestion égocentriste et despotique qui s’est installée sous son leadership en contradiction avec leur vision commune. Ils déplorent une confiscation manifeste des privilèges et ressources attribuées à leur plateforme par le seul parti de Fifi Masuka (FIDEC, Ndlr), nuisant ainsi gravement, martèlent-ils, à la possibilité d’une coopération harmonieuse et productive entre les partis membres.
Les parlementaires révoltés estiment que les valeurs fondamentales que sont les valeurs de cohésion, de collaboration, d’équité et de solidarité devant guider les actions politiques de la plateforme, sont mises à mal. Ce qui les a contraints de prendre leur responsabilité.
Rappel de poids politiques
Après les élections de décembre 2023, les trois regroupements politiques dirigés par Fifi Masuka ont obtenu 26 députés nationaux répartis en 16 pour A24, 7 pour AN et 3 pour A25.
Dans A24, Congo Espoir, parti politique cher à Me José Mpanda Kabangu, actuellement sénateur, a raflé par exemple à lui seul (7) sièges à l’Assemblée nationale sur le seize (16) obtenus par ce regroupement dont il est membre. Le parti FIDEC de Mme Fifi Masuka, autorité morale de A24, A25 et AN, a eu en tout et pour tout dans ces trois regroupements six (6) sièges.
Ainsi, avec ses 7 députés nationaux, Congo Espoir s’avère non seulement la première force politique de A24, mais également la première de tous les trois regroupements chapeautés par Mme Fifi Masuka, la gouverneure de la province du Lualaba. Il est suivi de FIDEC (6 députés) et d’ANCE (6 députés). AGC, AABAC et ACIBEP ont chacun 2 députés tandis que le RENOVAC en a 1 seulement. Ce qui fait un total de 26 sièges à l’Assemblée nationale pour tous les trois regroupements.
Dans la logique de partage, le parti Congo Espoir devait impérativement, au regard de son poids politique, avoir un ministère au Gouvernement Suminwa. Ce qui n’a pas été le cas. Pire, à la tête de deux ministères (des Affaires sociales et de la Jeunesse) obtenus par les trois regroupements, Fifi Masuka y a placé deux dames, toutes de son obédience, créant ainsi des frustrations dans le chef de ceux qui ont véritablement mouillé les maillots aux législatives pour que la plateforme se positionne en ordre utile dans la sphère politique du pays. La prestation de ses deux ministres est piètre au sein du gouvernement Suminwa (lire les articles de Scoop RDC : Noella Ayeganagato : Ministre de Fifi Masuka qui fait la honte de la République et 100 jours du Gouvernement Judith Suminwa : Deux ministres d’État aux antipodes, et deux ministres médiocres).
Malgré les nombreuses tentatives de dialogue, d’évaluation et de rappel à l’ordre, la « Panthère du Lualaba » est restée de marbre. Un comportement politique, selon les parlementaires révoltés de 3 Alliance, qui menace la cohésion et l’intégrité de la plateforme et pourrait porter atteinte aux principes de l’Union sacrée de la nation. Dossier à suivre !