Il est de coutume, dans la politique congolaise, que le gouvernement investi par l’Assemblée nationale, soit jugé par ses actions menées au cours de ses cent premiers jours. Il s’agit d’une évaluation partielle ayant pour objectif de repérer les bons et les mauvais départs afin de réajuster le tir en faveur d’une action gouvernementale cohérente avec l’esprit du programme défendu par son chef. Cet exercice permet également à l’opinion nationale de se faire une idée sur les performances et les défaillances dans certains secteurs de l’équipe gouvernementale.
A l’approche de l’expiration des premiers cent jours du Gouvernement Judith Suminwa, certaines opinions se dégagent au sein de la population sur certains membres du Gouvernement, notamment deux ministres d’État surprises, aux antipodes l’un de l’autre. Le premier : Constant Mutamba Tungunga, ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux. Issu de l’opposition républicaine, sa nomination comme ministre a été une surprise, de même que les actions que l’homme mène dans ses cent premiers jours. Présenté dans l’opinion comme le chirurgien de la justice congolaise malade, Constant Mutamba a touché le mal judiciaire du doigt, appelant les chats par leurs noms et envisageant des réformes courageuses, qui lui attirent d’une part la sympathie de la population congolaise, qui voit en ces mesures la volonté de redresser les choses en vue de guérir la justice congolaise de sa maladie ; et d’autre part lui attirent le courroux des maniaques de la mafia judiciaire qui ne jurent que par sa disparition physique, son féroce empoisonnement le témoignant. Mutamba passe donc pour le ministre d’État congolais à l’antipode positive de l’équipe gouvernementale de Judith Suminwa, et dont la performance n’est pas à mettre en doute.
Le second : Grégoire Mutshail Mutomb, ministre d’État, ministre de l’Agriculture et sécurité alimentaire. Depuis sa prise de pouvoir à la tête de ce ministère, l’homme est l’ombre de lui-même, malgré le fait qu’il est présenté comme agronome de formation. Non seulement qu’il a loupé une occasion en or de prouver aux Congolais qu’il y a un technicien au ministère qui doit leur garantir la sécurité alimentaire, à savoir la période de la campagne agricole, mais l’homme a fait plonger toute la nation dans une incertitude totale quant à ce que sera la période de soudure l’année prochaine. La campagne agricole de Mutshail semble être passée dans la méditation ; pendant que le peu d’engrais et matériels aratoires par lui trouvés dans les dépôts du ministère ont été scellés, et ne peuvent être livrés d’après ses instructions aux services compétents que par son ordre, et ordre qui malheureusement n’est jamais venu jusqu’à l’expiration de la période de la campagne agricole. Voulant se rattraper, mais trop tard, l’homme gaspille du matériel agricole aux agriculteurs qui n’en ont rien à faire pour cette saison. La surprise est que le ministre Grégoire Mutshail est membre de l’Union sacrée pour la nation, et militant du parti présidentiel UDPS qui, toute honte bue, souffre en silence. Ses contre-performances contrastent avec les performances de son collègue de la Justice et pourtant, en venant à l’Agriculture, un peu mégalomane, il avait déclaré qu’il venait corriger les erreurs de ses prédécesseurs. La réalité managériale lui a prouvé le contraire de sa théorie universitaire. Il n’arrive malheureusement même pas à leurs chevilles.
Hormis ces antipodes, il y a deux surprises désagréables au gouvernement Suminwa. D’abord la trop contestée ministre de la jeunesse, Noëlla Ayenaganagato, dont l’incompétence est devenue un sujet de moquerie au sein de l’opinion nationale pour toute l’équipe de Madame Suminwa. Parachutée au Gouvernement comme une météore tombée de la planète Mars, grâce au dribbling de la “Panthère du Lualaba”, autorité morale du regroupement A24, Ayenaganagato a désacralisé la fonction de ministre par ses contre-performances. Ensuite, il y a la ministre des affaires sociales des affaires sociales et actions humanitaires, Aziza Munana, un autre choix de la “Panthère du Lualaba” dans son dribbling. Elle s’est distinguée, l’accuse-t-on, par la rwandalisation de son cabinet. En effet, serait dans le processus d’infiltration des institutions. Son cabinet, rapporte-t-on, est constitué essentiellement des étrangers venus avec visa de visite touristique. C’est le cas de sa chargée de mission qui serait venue de Kigali ; son directeur de cabinet, un Rwandais qui vient du Canada ; son conseiller principal qui est son frère biologique de provenance de la Belgique.
Les Congolais croient fermement que la révision éventuelle de l’équipe gouvernementale annoncée par le président de la République lors de sa récente interview avec Top Congo FM, devra tenir compte des performances constatées pendant ces cent premiers jours de façon à séparer le blé de l’ivraie, si madame Tuluka veut vraiment préserver la qualité de son équipe. Ne pas le faire serait sa décote.