Il s’est tenu du 7 au 9 mai dernier à Nairobi, capitale kenyane, un sommet des chefs d’Etat sur les engrais et la santé des sols. Ces assises organisées par l’Union africaine, ont connu la participation de quelques chefs d’Etat, des premiers ministres et des ministres ayant en charge l’agriculture, mais aussi des experts et des partenaires en développement. Et le président de la République, Félix Tshisekedi, y était représenté par Me José Mpanda Kabangu, ministre de l’Agriculture.
Dans tous leurs discours, les chefs d’Etat africains et autres intervenants ont reconnu que malgré des grands espaces cultivables que disposent beaucoup de pays africains, ces derniers sont dans la majorité tributaires des importations étant donné que leurs productions agricoles ne sont pas suffisantes.
Or, au sommet d’Abuja sur les engrais pour la révolution verte africaine en 2006, le besoin critique avait été identifié d’augmenter l’utilisation d’engrais pour stimuler la croissance de la productivité devant permettre d’éliminer la faim et la pauvreté en Afrique. Aussi, à l’assemblée de l’Union africaine à Malabo en juin 2014, les États membres s’étaient engagés en faveur d’une transformation agricole inclusive.
Délégation de la RDC au sommet des chefs d’Etat sur les engrais et la santé des sols
Il était recommandé lors de ces différentes rencontres l’utilisation d’au moins 50Kgs d’engrais par hectare pour véritablement booster la production agricole. Mais fort malheureusement, le constat fait au sommet de Nairobi renseigne que la moyenne africaine dans l’utilisation des engrais en 2022 est de 18Kgs par hectare, soit un déficit de 32Kgs. Pire, en RDC, selon les experts du ministère de l’Agriculture, la moyenne d’utilisation des engrains est de 6Kgs par hectares.
Même si le continent produit actuellement environ 30 millions de tonnes métriques d’engrais minéraux chaque année, la plupart des engrais sont importés et la majorité des États africains sont encore trop dépendants des importations des engrais, en particulier les engrais non phosphatés qui exposent l’Afrique à des chocs de marché et la volatilité des prix.
Les chefs d’Etat au sommet de Nairobi se disent conscients de l’impératif de renforcer la santé des sols et de régénérer les sols dégradés essentiel à la transformation durable des systèmes alimentaires et soulignent que les investissements dans la fabrication nationale et le mélange des engrais doivent être mis à profit pour capitaliser sur les ressources du continent et réduire la dépendance aux marchés mondiaux. L’accès aux engrais et leur accessibilité financière doivent être améliorés. Des outils de financement tels que les garanties de crédit commercial, le fonds de roulement et les subventions doivent être consolidées pour réduire les distorsions du marché, les coûts et renforcer les chaînes d’approvisionnement en intrants.
Pour cela, ils ont approuvé à l’issue de ce sommet le Plan d’action pour la santé des engrais et des sols et l’Initiative sur les sols pour l’Afrique comme documents d’orientation clés pour tirer parti les partenariats multipartites et les investissements en vue d’orienter les politiques, les finances, la recherche et le développement, les marchés et le renforcement des capacités pour la gestion durable des engrais et de la santé des sols en Afrique.
Ainsi, concernant les engrais, ils se sont engagés à tripler la production nationale et la distribution de qualité certifiée des engrais organiques et inorganiques d’ici 2034 pour améliorer l’accès et l’abordabilité des petits exploitants agricoles ; à mettre à la disposition d’au moins 70 % des petits exploitants agricoles d’ici 2034 sur le continent, des recommandations agronomiques ciblées pour des cultures spécifiques, des sols, et les conditions climatiques pour assurer une plus grande efficacité et une utilisation durable des engrais ; et à soutenir les efforts des États membres producteurs de gaz naturel dans le domaine de la production des engrais pour augmenter leur production et assurer leur disponibilité à des prix stables.
Quant à la santé des sols, les chefs d’Etat au sommet de Nairobi, se sont engagés à inverser la dégradation des terres et à restaurer la santé des sols sur au moins 30 % de sols dégradés d’ici 2034.
S’agissant du financement, ils se sont engagés à rendre pleinement opérationnel le Mécanisme africain de financement des engrais (AFFM) pour améliorer la production, l’approvisionnement et la distribution de produits biologiques et les engrais inorganiques et les interventions en matière de santé des sols. Ils ont demandé à la Commission de l’Union africaine de mobiliser des ressources financières et techniques d’exécuter ces engagements en étroite coopération avec les différents fonds climatiques.
Le souhait a été émis de renforcer les capacités du Centre africain pour le développement des engrais qui a été créé en Harare par l’Union africaine. Aussi, l’appel a été lancé au secteur privé d’accroître les investissements dans l’industrie des engrais en Afrique et promouvoir des pratiques de gestion durable des sols.