Conséquence de la transhumance politique : Delly Sessanga “intifadé” à Kananga

Dans les pays arabes et autres musulmans, le sort infligé ce samedi 29 juillet 2023 au député national Delly Sessanga à Kananga, s’appelle intifada. En effet, en quittant l’aéroport de Lungandu après son atterrissage, le président national du parti Envol s’est fait caillasser par la population qui l’attendait le long de l’avenue Lulua au quartier Kananga II, précisément entre le tronçon compris entre Tshiamba diba et le marché Salongo. Lui-même atteint par une pierre à la tête, l’on parle de 12 autres blessés et de 10 véhicules endommagés.  

A première vue, cet acte de barbarie attribué aux présumés militants de l’UDPS, parti au pouvoir, est farouchement condamné et condamnable par tous, car qualifié d’intolérance politique. Cependant, les analystes de la vie politique en RDC, particulièrement celle de l’espace Grand Kasaï, y voient un châtiment, une sorte de punition infligée à Delly Sessanga à cause de sa transhumance politique qu’auraient mal digérée les Centre-Kasaïens qui l’avaient voté en décembre 2018 grâce au nom de Tshisekedi dont il avait prétendu soutenir et usé de son aura, en rejetant le candidat Fayulu de Lamuka, coalition dont il faisait pourtant partie dans le regroupement Alternance pour la République.

Réélu ainsi député national « grâce à cette aura » de Tshisekedi, Delly Sessanga changera de casaque après avoir désespéramment attendu un poste ministériel qu’il n’a pas pu obtenir ni au gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba, ni à celui de Sama Lukonde I. Visiblement aigri, L’élu de Luiza a commencé à tirer à boulet rouge sur le régime Tshisekedi. Il tentera le ralliement avec Martin Fayulu pour faire front commun contre le pouvoir, sans succès. C’est lorsque Moïse Katumbi quitte l’Union sacrée que le ralliement de Sessanga deviendra possible avec Fayulu aux côtés de Katumbi et Matata.   Et sa « grande gueule », il la tourne désormais vers Tshisekedi dont aucune de ses réalisations n’est positive aux yeux du fils Sessanga Patrice. Bref, Tshisekedi est désormais sa bête noire.

Or, dans l’ancrage de l’UDPS, la ville de Kananga au Kasaï central, comparativement avec celle de Mbuji-Mayi au Kasaï oriental, a été considérée comme son bastion, même du vivant de Tshisekedi père, pourtant originaire du Kasaï oriental. Bien plus, le quartier Kananga II que devait traverser Delly Sessanga avec son cortège a été toujours le QG de l’UDPS. Y traverser avec le prisme du triomphalisme, serait, non seulement dans la compréhension des UDPSiens, un crime de lèse-majesté et un doigt leur introduit dans l’œil, mais aussi dans celle de la population centre-kasaïenne entière qui se voit rouler et flouer par Delly Sessanga, surtout avec sa dernière bourde de n’aligner que les membres de sa famille biologique comme ses suppléants aux législatives nationales de décembre prochain comme si au sein de son parti Envol, il n’y avait pas de candidats valables (lire l’article de Scooprdc.net :  Sam Bokolombe titille Delly Sesanga et consorts à l’Assemblée nationale :  Comment et pourquoi voter pour un candidat député national ou provincial qui peine à trouver ailleurs que dans sa famille biologique ses suppléants ?).  

Inacceptable, l’agression de journalistes dans la suite de Sessanga

Au moins quatre journalistes de Kinshasa dans la suite de Delly Sessanga, ont été aussi la cible des agresseurs du député de Luiza : Didier Kebongo de Forum des As, Élysée Odia de yabiso.cd, Trésor Kafalayi de Congo web et Danu Kefula de CCTV.

L’agression de ces journalistes est inacceptable d’autant plus que comme dans une guerre, ils sont au front comme des Croix-Rouge appelés à soigner tout le monde sans distinction. Les attaquer au motif qu’ils constitueraient la presse de Sessanga, c’est attenter à la liberté de la presse.

Et si réellement cette agression dont ils sont victimes est l’œuvre des militants de l’UDPS, le parti au pouvoir devra bien recadrer ses « chiens méchants » qui doivent faire la nette différence entre leurs cibles politiques et les professionnels de médias, les mêmes qui les avaient aussi aidés à donner de la voix sous Mobutu, Kabila père et fils et qui avaient humé avec eux des gaz lacrymogènes. Les maltraiter aujourd’hui puisque l’on est au pouvoir, est une grande ingratitude. Sinon, ça serait déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul, et ça n’aurait rien servi de changer des régimes parce que c’est blanc bonnet, bonnet blanc.

Ne touchez plus aux journalistes dans l’exercice de leur métier, qu’on se le dise une fois pour toute.

  • Bendélé Ekweya té

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