Tiré du site de Radio Canada
Contrairement à Québec et malgré ses propres avis de risques pour la sécurité en République démocratique du Congo (RDC), le Canada enverra des athlètes, artistes et délégués aux Jeux de la Francophonie qui doivent s’ouvrir dans neuf jours à Kinshasa.
Le feu vert a été donné par Ottawa, selon ce qu’a appris Enquête. Soixante et une personnes seront du voyage, dont environ la moitié sont des athlètes et des artistes. Les autres participants incluent le chef de délégation, le personnel médical et de sécurité, des entraîneurs et du personnel de mission. La décision survient même si le Canada recommande toujours d’éviter tout voyage non essentiel
sur son propre site de conseils aux voyageurs pour la RDC.
À Québec, le cabinet de la ministre québécoise des Relations internationales, de la Francophonie et de la Condition féminine, Martine Biron, a annoncé discrètement à la fin de juin que le gouvernement Legault n’enverra pas d’athlètes ni d’artistes à ces Jeux pour des raisons de sécurité.
Quelques semaines plus tôt, Enquête avait révélé que le niveau de préparation à Kinshasa inquiétait non seulement Québec, Ottawa et Fredericton, mais aussi la nouvelle administratrice de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Caroline St-Hilaire.
Le Canada demeure en effet préoccupé, à un point tel qu’il a mis en place des mesures de sécurité additionnelles, nous a indiqué une source gouvernementale bien au fait du dossier.
Une firme de sécurité a été embauchée et une formation sera donnée à tous les participants, qui seront informés des consignes de sécurité à suivre.
Des cartes SIM (pour les téléphones portables) leur seront également fournies, et une application sera installée sur leur appareil pour qu’on puisse les géolocaliser et communiquer avec eux et elles en tout temps. Le Canada aura aussi sa propre équipe médicale et le chef de délégation pourra être en contact constant avec l’ambassade.
Le Canada, indique notre source, reconnaît l’importance de sa participation pour l’OIF — de qui relèvent les Jeux de la Francophonie. « Maintenant, on s’attend à ce que l’OIF livre sa promesse, prenne ses responsabilités et s’assure que ça se passe bien, ajoute-t-elle. On va continuer à surveiller la situation.
»
Problèmes sanitaires
De l’aveu même du directeur du Comité national des IXe Jeux de la Francophonie (CNJF), il y a eu des problèmes sanitaires à l’arrivée des premières délégations en début de semaine. Hier, à l’Université de Kinshasa, qui tiendra lieu de résidence aux athlètes pendant les Jeux, il n’y avait toujours pas d’eau dans les chambres.
Des images qui circulent sur le web montrent du personnel des Jeux en train de remplir d’eau des bacs de plastique pour approvisionner ceux qui sont arrivés.
« C’est vrai, on a fait venir les citernes, mais c’est une solution temporaire
», a expliqué Isidore Kwandja, le directeur du CNJF. L’eau coule maintenant abondamment dans les robinets, a-t-il indiqué dans un message texte mercredi matin, l’accompagnant d’une vidéo dans laquelle on le voit aller dans quelques chambres et autour du campus pour ouvrir les robinets.
Et, malgré les craintes qui persistent, le directeur assure que l’organisation ne lésine pas en matière de sécurité.
« Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires en matière de sécurité. La garde présidentielle sera déployée, en plus des policiers. Les athlètes seront escortés entre le village et le site des compétitions, les résidences universitaires sont clôturées, les policiers patrouillent à l’extérieur et une agence privée voit à la protection à l’intérieur, où des caméras ont été ajoutées
», précise M. Kwandja.
Amertume envers Québec
Celui qui est à la tête de l’organisation des Jeux ne cache pas son amère déception face au désengagement de Québec.
« C’est dommage pour le Québec parce qu’il se bat pour maintenir la langue française, et les Jeux de la Francophonie contribuent à la promotion de la langue française. Alors, on est en train de scier l’arbre sur lequel on est assis », s’inquiète Isidore Kwandja, directeur du CNJF
Isidore Kwandja ne s’explique pas pourquoi le Québec s’est désisté alors que le Canada et le Nouveau-Brunswick participent. Il souhaite que Québec reconsidère sa décision.
Les Jeux de la Francophonie doivent avoir lieu du 28 juillet au 6 août.