La politique dans la province de Lumumba est toujours caractérisée par la démonstration de force entre le président de l’Assemblée provinciale et le gouvernement provincial ce, depuis l’érection du district du Sankuru en province à la suite du découpage territorial (Lire l’article : Sankuru : Jules Lodi et Olamba veulent plonger la province dans la crise !).
En effet, 14 députés provinciaux, dit-on, sous l’instigation du gouverneur Jules Lodi, ont initié une pétition contre le président de leur bureau et son adjoint visant ainsi leur destitution. Les pétitionnaires mettent sur leurs dos, 15 chefs d’accusation, notamment l’incompétence notoire et la violation répétée des prescrits de la Constitution, de la loi et du règlement intérieur de l’Assemblée provinciale du Sankuru ; l’usurpation des prérogatives constitutionnelles légales et réglementaires exclusivement dévolues à la plénière, organe suprême de l’Assemblée provinciale du Sankuru ; la tentative de transfert illicite du siège de l’Assemblée provinciale de Lusambo à Kinshasa en violation du principe d’inamovibilité du siège ; la tenue des réunions du Bureau et prise des décisions en dehors du siège de l’Assemblée provinciale du Sankuru légalement établi à Lusambo, chef-lieu de la province du Sankuru ; la détention et l’usage d’un sceau et des carnets chéquiers parallèles ; l’émission et la publication dans les réseaux sociaux des courriers visiblement faux en raison du faux commis en écriture…
Mais dans cette pétition, l’on parle de la tricherie et de la fraude du fait que deux députés se sont rétractés et ont retiré leurs signatures, arguant qu’elles ont été apposées pour réception des frais légaux que le gouverneur paie aux députés chaque mois. Ils ont même porté plainte contre les porteurs de cette pétition parce qu’on ne leur avait pas dit que c’était pour une pétition.
Du côté des personnes visées par la pétition, le président Benoit Olamba et son vice-président Anatole Dibomba, ont aussitôt introduit une requête en référé-conservatoire à la Cour d’appel. Cette dernière qui a signifié à toutes les parties, a tenu son audience ce mercredi 24 mai à Lodja et a pris l’affaire en délibéré.
Pendant ce temps, ce même mercredi 24 mai, le bureau d’âge installé à Lusambo a convoqué une plénière pour statuer sur la question. Ce dont contestent les cibles de la pétition.
« A notre grande surprise, le président du Bureau d’âge, sachant qu’il n’a pas qualité parce qu’il est aussi pétitionnaire parmi les pétitionnaires, or le règlement intérieur dit que quand on est pétitionnaire, on ne peut pas être membre du bureau d’âge, sinon on serait juge et partie ; et sachant que la Cour est saisie et que tout le monde est signifié, il a convoqué une plénière dans toute illégalité et il nous a envoyé des invitations pour venir nous présenter. Nous avons dit non ! Nous, on n’a pas été notifié officiellement, il fallait qu’on nous notifie et après on va convoquer la plénière, on nous envoie des invitations pour donner nos moyens de défense », explique le vice-président de l’Assemblée provinciale du Sankuru en ballotage, Anatole Dibomba, contacté par Scooprdc.net.
Le vice-président de l’Assemblée provinciale du Sankuru qui accuse sans ambages le Bureau de faire du forcing sous les instructions du gouverneur de province avec les billets de banque, dit attendre, le président Olamba et lui, d’être notifiés officiellement et puis invités par après, pour pouvoir aller donner leurs moyens de défense comme l’ont défendu et suggéré d’autres députés provinciaux acquis à leur cause pendant le débat dans la plénière de ce jour, avant d’obtenir le report de celle-ci au vendredi 26 mai. Cependant, Anatole Dilomba fait remarquer que lorsque la justice est saisie, ni le bureau d’âge, ni le bureau définitif, ne peuvent poser des actes. Il faudra donc attendre la décision de la Cour d’appel qui, d’après les sources de Scooprdc.net, pourra rendre son jugement le vendredi 26 ou le lundi 29 mai prochain.
La pomme de discorde entre Olamba et Lodi
Intervenant sur les antennes de Top Congo FM, le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru fait savoir que sa mésentente avec le gouverneur est premièrement axée sur la gestion de la Réserve naturelle du Sankuru ; dossier dans lequel le Bureau a demandé au gouverneur de suspendre les travaux de BCI jusqu’à ce que cette ONG vienne donner des explications claires sur les zones d’ombres du contrat signé avec l’ICCN (lire l’article de Scooprdc.net : Sankuru : Olamba exige à Lodi la suspension, toutes affaires cessantes, des activités de BCI pour opacité !).
Autre dossier soulevé par Benoit Olamba qui l’oppose à Jules Lodi, c’est la rétrocession que bénéficie la province du Gouvernement central mais dont le gouverneur voudrait retenir 60% des entités territoriales décentralisées du Sankuru.
Benoit Olamba évoque également comme pomme de discorde avec Jules Lodi, la tentative par ce dernier de détourner les émoluments des anciens ministres du gouvernement Mukumadi ainsi que les salaires de leurs personnels politique et d’appoint déjà libérés par le Gouvernement central.
« Le gouverneur dit à certains de nos collègues que moi je bloque parce que si le contrat BCI passait, ils auraient eu des rétrocommissions et que si les 60% des ETD étaient retenus au niveau de la province, ils auraient eu de quoi préparer leurs campagnes électorales », accuse-t-il le gouverneur Jules Lodi.
La main financière de BIC pour obtenir la tête d’Olamba
De sources proches de l’Assemblée provinciale du Sankuru, Scooprdc.net apprend que les députés Daniel Omalosambo et José Dambo seraient les personnes utilisées par Jules Lodi pour écrouler Benoit Olamba et son vice qui n’est qu’une victime collatérale. Pour ce faire, l’ONG Bonobo Conservation Initiative (BCI) dont les intérêts sur l’exploitation de la Réserve naturelle du Sankuru sont mis en mal par Benoit Olamba aurait mis en jeu 20.000 USD par député pour obtenir la tête de ce dernier. Les députés pétitionnaires, à l’exception de deux rétracteurs, auraient touché des montants allant de 5.000 à 10.000 USD comme acompte pour cette besogne.
Aussi, Scooprdc.net apprend que le gouverneur Jules Lodi a dépêché à Lodja, Me Vincent Lohembe, son directeur de cabinet adjoint et Me Lombela, son avocat personnel, avec un sac d’argent en vue de défendre les députés pétitionnaires à la Cour d’appel. Cet argent proviendrait encore de BCI. Mais à quoi servirait-il ? Question des curieux !
Suspens de la Cour d’appel
Pour l’instant, tous les regards de Sankurois sont focalisés sur la Cour d’appel qui a pris en délibéré cette affaire qui oppose Benoit Olamba aux députés pétitionnaires. Va-t-elle coulé le bureau dirigé par ce dernier ou va-t-elle le sauver ?
D’après les milieux du premier président de la Cour d’appel du Sankuru, ce dernier a promis de dire le Droit, rien que le Droit nonobstant que certaines personnes pensent que son conflit avec le gouverneur Lodi qu’il reproche d’immixtion dans les affaires de la justice, aurait de répercussion sur la décision dans l’affaire Olamba – Députés provinciaux.
Cependant, d’autres Sankurois épris du souci du développement de leur province, demandent, vu les enjeux et les craintes soulevés par le président Benoit Olamba sur la gestion de la Réserve naturelle du Sankuru, que, même si ce dernier tombait parce que relâché par ses parapluies politiques à Kinshasa, que la société civile et autres forces vives du Sankuru s’impliquent dans ce dossier pour protéger les intérêts de la province et pour le bien-être de sa population.