La cohabitation entre le gouverneur du Sankuru, Jules Lodi, et le président de l’Assemblée provinciale, Benoit Olamba, se détériore davantage bien qu’apparemment les deux autorités font semblant de s’entendre. En effet, rentré il y a peu de jours à Lusambo-ville, chef-lieu de cette province, apprend Scooprdc.net, le gouverneur Lodi s’est livré à consulter individuellement les députés provinciaux. Objectif : obtenir le départ de Benoit Olamba du Bureau de l’Assemblée provinciale.
Mis vite au parfum, ce dernier a fait tout pour regagner Lusambo-ville où il est arrivé précipitamment ce mercredi 3 mai, confie-t-on au média en ligne, en vue de déjouer le complot contre lui.
D’après des observateurs, avec le bras de fer naissant entre les deux autorités qui cherchent à se déstabiliser, la province risque encore de perdre du temps dans cette démonstration des forces comme ce fut le cas du temps de Stéphane Mukumadi où deux ans ont été bousillés dans le vide sans réalisation d’aucun projet de développement.
Pour rappel, la mésentente entre Lodi et Olamba a surgi en janvier 2023 au sujet de la gestion de la Réserve naturelle du Sankuru. N’appréciant pas la gestion de cette réserve par l’ONG Bonobo Conservation Initiative (BCI) dans le cadre du projet crédit carbone, Benoit Olamba avait exigé au gouverneur Jules Lodi, la suspension, toutes affaires cessantes, de toutes les activités menées au Sankuru par cette ONG. Dans sa motivation, Benoit Olamba estimait et continue à estimer que le contrat de partenariat public-privé signé entre l’Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et BCI sur la gestion de la Reserve naturelle de Sankuru, lequel contrat n’a jamais reçu l’avis de non objection du Ministère de l’environnement, n’intègre nulle part l’organisation représentant les communautés locales dans la gestion dudit contrat.
Pour le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru qui dit militer, non seulement pour l’intérêt de la province, mais aussi et surtout pour les populations de sa province, cette façon de faire va à l’encontre du principe de gestion d’une aire protégée à vocation communautaire. Bref, pour Benoit Olamba, ce contrat est beaucoup désavantageux pour les populations locales.
Se sentant « vexé », Jules Lodi qui s’est tapé déjà des relations au niveau de la présidence de la République, compte sur ses parapluies et cherche par tous les moyens à évincer Benoit Olamba du bureau de l’Assemblée provinciale et placer quelqu’un de son obédience pour éviter l’ombrage. Mais Olamba qui a aussi ses parapluies, tient à résister aux secousses d’ailleurs par lui déjà habituées. Qui va l’emporter ? Que gagne la province dans tout ça ?
A cette dernière question, tous les Sankurois sont d’avis que leur province ne connaitra jamais son essor tant que des querelles persistent entre l’Exécutif et l’Organe délibérant. En effet, depuis sa création issue du démembrement de l’ancienne province du Kasaï oriental, cette entité majoritairement peuplée par les Tetela, a toujours du mal à décoller à cause de ces deux institutions.
Tenez, Berthold Ulungu alors tout premier gouverneur du Sankuru, n’a pas marché ensemble avec le président de l’Assemblée provinciale, Charles Pongo pourtant son frère de Lodja. Le successeur de Berthold Ulungu, Stéphane Mukumadi a eu des démêlés avec le même Benoit Olamba à tel point que la gouvernance de la province a été au rabais. Finalement, Olamba l’a emporté sur Mukumadi.
Voilà que la même scène veut se répéter avec Lodi alors qu’ils sont tous du territoire de Katako Kombe. Le peuple Tetela est-il a maudit ? Ne se rend-il pas compte que d’autres provinces sont en train de prospérer et que le sien reste à la trainée de la queue ? Penser que « Otetela kema fumbe » (Ndlr : Un Tetela n’est esclave de personne ou bien n’est dominable » comme tout Mutetala se vante, n’est que dérive dans la gouvernance de la chose publique.