Ragaillardis le sont sans doute Jules Alingete et ses inspecteurs qui ont enquêté sur le contrat chinois, au regard des résultats positifs que commence à produire leur rapport sur cette convention signée entre le gouvernement congolais et un consortium d’entreprises chinoises. Ils doivent se frotter les mains pour le travail bien fait quelles que soient les gesticulations et agitations du porte-parole de l’Ambassade de la Chine qui s’était employé à dénigrer le travail des inspecteurs de finances pour défendre la Sicomines.
Avec l’aveu fait par la Sicomines, vendredi 24 mars dernier au cours d’une conférence de presse, les masquent tombent et la vérité commence à rattraper le diplomate chinois et le réduit dans ses petits souliers. En effet, au cours de cette conférence, la Sicomines a reconnu n’avoir réalisé que 43 infrastructures. Les 3000Km des chemins de fer à construire et la réhabilitation des aéroports de Goma et de Bukavu n’étaient qu’un chapelet d’intentions. La Sicomines ne s’estt pas arrêtée là, elle a, s’agissant de la surfacturation des travaux des infrastructures entrepris dans le cadre du Contrat chinois, chargé l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT) en lui rejetant la responsabilité.
Or, Nico Nzau Nzau, directeur général de l’ACGT avait par le passé rejeté cette accusation de surfacturation, en retraçant le contexte dans lequel cette convention avait été signée, caractérisé par le besoin pressant et urgent de la construction des infrastructures modernes et de qualité tel qu’exprimé par la RDC, et l’absence des études détaillées sur les infrastructures envisagées. Caractère urgent, selon Nico Nzau, qui avait fait que le coût à payer soit conséquent du fait que certaines entreprises chinoises avaient utilisé des moyens aériens pour le transport de leurs engins. Et que l’installation de leurs machines sur les sites des travaux avait eu aussi des couts à payer incorporés dans l’investissement.
Ce que la Sicomines n’a pas reconnu en rejetant sur l’ACGT la responsabilité des surfacturations alléguées dans le rapport de l’IGF. Du coup, les responsables de l’ACGT qui ne veulent pas être trainés dans la boue, parlent d’une « fuite de responsabilité de la part de Sicomines ».
En effet, à l’ACGT, l’on explique que la gestion des coûts des travaux et les mouvements de décaissement sont gérés à deux niveaux avec la pleine implication de la Sicomines qui est le point de départ et de retour de tout le processus.
« Tout contrat d’études et travaux que l’ACGT signe avec la Société d’infrastructures sino-congolaise (SISC) pour le compte de CREC et Sinohydro est soumis obligatoirement à l’approbation de la Sicomines avant exécution. Par la suite, tout décompte mensuel des travaux que chaque entreprise exécutante élabore est soumis à l’ACGT qui, après approbation, le transmet à la Sicomines pour décaissement des fonds en vue du paiement. Et avant ce paiement, la Sicomines procède à la vérification de la conformité des décomptes aux contrats signés par les parties et approuvés par elle. Il est donc clair que la Sicomines se situe aux deux extrémités du pipeline financier et ne peut pas être étrangère à une éventuelle surfacturation, s’il y en a une », explique-t-on à l’ACGT où l’on invite la Sicomines à assumer l’entière responsabilité de ses affirmations sur d’éventuelles surfacturations des marchés du « contrat chinois », puisque l’ACGT, en tant qu’agence technique de pilotage de l’exécution des travaux en amont et en aval, avait déjà fait savoir qu’il n’y en avait pas.
« La Sicomines a conscience de ces surfacturations, elle devrait également en assumer l’entière responsabilité, puisque c’est elle qui approuve les différents contrats, qui vérifie et approuve les décomptes (coûts des travaux exécutés) et qui paie directement les entreprises bénéficiaires », déclare un responsable de l’ACGT qui révèle que le circuit financier de la Sicomines exclut la présence des Congolais sur toute la chaîne.
« La Sicomines effectue les paiements aux bénéficiaires directement sans aucun intermédiaire congolais. Toute présomption de surfacturation ou de corruption n’incomberait donc qu’à la Sicomines et aux entreprises bénéficiaires qui, elles aussi, sont toutes chinoises », soutient-on à l’ACGT où l’on est totalement pour la révision de ce contrat chinois car l’ACGT estime que celle-ci devrait faire en sorte que les entreprises chinoises ne puissent plus réaliser des études pour les travaux qu’elles exécutent elles-mêmes et se font payer directement par le circuit financier de la Sicomines qui est entièrement chinois.
Au-delà de ce ping-pong entre la Sicomines et l’ACGT qui met à l’aise l’IGF Jules Alingete et ses inspecteurs dans leur travail, les Congolais attendent vivement du procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, les conclusions de sa requête d’information initiée le 9 mars dernier pour enquêter sur la surfacturation des travaux d’infrastructures entrepris dans le cadre du Contrat chinois. Rappelons que dans le viseur du PG Robert Kumbu, il y a l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), l’Agence de pilotage, de coordination et de suivi des conventions de collaboration signées entre la RDC et les partenaires privés (APCSC), ex-Bureau de Coordination du Programme Sino-Congolais (BCPSC) et la Sicomines.