Grève à la SCTP : Les revendications constituant l’arbre qui cache la forêt !

La situation de la Société Commerciale de Transports et Ports (SCTP, ex-Onatra) est préoccupante du fait de la grève décrétée qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur l’approvisionnement de la ville de Kinshasa. Les revendications à la base de ce mouvement d’arrêt du travail sont certes légitimes et fondées. Cependant, elles constituent l’arbre qui cache la forêt. 

En effet, demander la fermeture des ports privés érigés dans le bief maritime du fleuve Congo et faisant concurrence à la SCTP, relève d’une mauvaise lecture de leur historique dès lors qu’ils existent du fait des autorisations dûment accordées par l’Etat congolais qui par ailleurs y est actionnaire et représenté dans leurs organes de gestion. Il s’agit en l’occurrence du port Matadi Gateway Terminal (MGT) communément appelé port Ledya et du port SOCOPE détourné de sa vocation initiale de port de pêche avec l’aval du gouvernement de la RDC. C’est comme si l’on demandait à quelqu’un de se tirer une balle dans ses pieds. 

Le véritable problème de la SCTP réside dans son management hyper politisé (depuis les accords de Sun-City) qui empêche une gestion orthodoxe. Les mandataires nommés sur base, non pas des critères liés à leur technicité et états de service, mais en fonction des accointances politiques sont généralement considérés comme des distributeurs des billets de banque en faveur de leurs familles politiques de provenance. Une fois en fonction, ils se préoccupent de mettre en place des mécanismes pour assurer le retour de l’ascenseur à leurs bienfaiteurs. 

Dans ces conditions, le focus est mis sur les marchés juteux et autres combines financières mettant l’entreprise en situation d’aggravation de son endettement. 

Il est donc inexact d’affirmer que la concurrence des ports privés handicape la SCTP. Les navires qui y escalent, misent sur la qualité de service offerte qu’ils ne savent pas trouver dans les ports SCTP gangrenés par des faiblesses d’ordre structurel, technique et opérationnel. À titre illustratif on peut épingler la transformation en société commerciale inachevée, l’obsolescence de l’outil de travail, le retard dans le traitement des navires, la démobilisation du personnel…

Face à une telle situation, et pour mettre la SCTP en capacité de jouer sa partition dans cet environnement concurrentiel, découlant du libéralisme économique prôné par le gouvernement, il est urgent de définir une politique de renforcement des capacités opérationnelles de la SCTP notamment par l’acquisition des équipements appropriés pour une prise en charge idoine des navires escalant dans ses ports. Cela ne peut être possible qu’avec la mise en place d’une direction générale aguerrie, composée d’hommes et des femmes expérimentés échappant à tout diktat politique.

Subséquemment, le gouvernement pourrait alors débloquer les fameux 207 millions USD aux fins de permettre que la nouvelle équipe les investisse prioritairement dans les activités de l’entreprise susceptibles de créer un effet de ruissellement positif sur l’ensemble de la SCTP dont les activités s’étendent sur 17 provinces de la RD Congo.

En ce qui concerne la concurrence « déloyale » que subirait la SCTP, le gouvernement devra penser à créer une structure de régulation du secteur maritime en RDC ce, à l’instar notamment de l’AAC et de l’ARPTC pour ce qui concerne les secteurs de l’aviation civile et des postes et télécommunications.

  • Bendélé Ekweya té

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