S’il y a des choses que le monde tolère, il y en a d’autres qui ne le sont pas du tout. C’est le cas de le dire de la déchéance arbitraire à l’allure d’un putsch du gouverneur de la province du Tanganyika par l’Assemblée provinciale dont le bureau a été constitué irrégulièrement. Face à cette injustice, il n’y a pas seulement les acteurs politiques du Front Commun pour le Congo (FCC), famille politique du président de la République honoraire Joseph Kabila qui l’ont dénoncé, mais il y a aussi certains de l’Union sacrée de la nation (USN) du président de la République Félix Tshisekedi, épris de justice qui l’ont aussi fait. «Le mal reste le mal, il n’a pas de couleur politique», a soufflé à l’oreille de Scooprdc.net, un sociétaire de l’USN qui a préféré requérir l’anonymat.
Tous ces «avocats» de Zoé Kabila de l’opposition comme de la majorité présidentielle sont d’avis que le fait que ce dernier n’ait pas présenté ses moyens de défense, voile la constitution. «Retenu à Kinshasa à la suite d’une invitation officielle, Zoe Kabila n’a pas exercé son droit de défense devant l’Assemblée provinciale du Tanganyika. Les députés FCC interdits d’accès à la plénière. Sa déchéance est illégale. Le gouverneur du Tanganyika doit être réhabilité», écrit Félix Kabange Numbi, ancien ministre de la santé et de l’aménagement du territoire et actuellement député national FCC, sur son Twitter.
C’est la même réaction de Geneviève Inagosi, ancienne ministre du Genre et famille et présentement députée nationale FCC, qui estime aussi sur son Twitter que «Nul ne peut être condamné sans qu’il n’ait présenté ses moyens de défense, principe élémentaire de droit. Quid de la présomption d’innocence. Cette décision inique doit tout simplement être annulée. La justice élève une nation».
Toujours dans le camp des kabilistes, la député nationale FCC et ancienne ministre des droits humains, Marie-Ange Mushobekwa, s’inquiète que «des gouverneurs tels que Nzanzu, Bamanisa, Kabila, Muyej avec une vision claire et ambitieuse, qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour faire avancer la RDC. Des œuvres à impact visible, on les démet sans cause valable. On veut les remplacer par clientélisme. C’est dommage !».
Pour sa part, le député national USN et ancien gouverneur du Kasaï occidental, Claudel-André Lubaya fait remarquer qu’«un État qui ne respecte pas ses propres lois est un État faible. Quelques graves qu’aient été les faits reprochés au Gouverneur Zoé Kabila, l’idéal et la règle auraient été qu’il ait droit à la défense, principe clé de l’Etat de droit, qui exclut l’arbitraire».
Kudura Kasongo Muana-Luaba Kasongo, cadre et communicateur de Cap pur le Changement (CACH), coalition entre l’UDPS et alliés et l’UNC et alliés qui est dans l’USN, lui, «accuse, récuse et n’excuse pas», écrit-il sur sa page FAcebook. «Au nom du Congo que je défends de toutes mes forces, de toute mon âme, de tout mon être. Voici, Zoé donne une âme à Kalemie à l’Est du Congo, et une fierté à Muanda qui sort de mangroves bordant l’océan atlantique ! Subsidiairement à la note technique de Oustadh Haj Ahmed Usseni, ce ne sont pas de méthodes loyales de tenir un gardien par le maillot en dehors de son bois et on « shoote » tout droit au but ! Zoé a été retenu sans sa volonté à Kinshasa, empêché donc de se défendre en armes égales à Kalemie. C’est bien tout ça. Mais tous les gouverneurs ayant dirigé le Katanga certains plus de 5 ans ou plus, d’ autres récemment attribués de fortunes difficiles à justifier, n’ont rien fait ni apporté à Kalemie», défend Kudura Kasongo, le gouverneur déchu.
Et de témoigner : «J’y ai séjourné en 2006. Le chef de l’Etat n‘avait aucun confort au domicile du Chef de district ! Un atterrissage effrayant. Kalemie c’était juste du sable, le lac ensablé et un cimetière où reposent frères, sœurs, parents de noms arabo–musulmans : Amisi, Fátima, Muajuma, Feza, Asha…, on se croirait à Pemba, à Zanzibar, à Kasongo… Aujourd’hui Kalemie se transforme peu à peu. Zoé a pu donner une âme à Kalemie, et à ses habitants un espoir qui vint à manquer depuis les années Albert ville, celles de la rébellion muleliste, et de troubles Mzeistes… Zoé a emmené développement à Muanda, tout au sud–ouest du pays au Kongo central. On y loge vue sur l’océan sans peur d’araignées ni de cancrelats la nuit tombée. Voilà de leaders avec lesquels le Président Félix devrait travailler sur terrain peu importe le camp politique… L’essentiel c’est recruter le personnel politique, administratif compétent, conscient».
Kudura Kasongo estime que «c‘est le résultat qui compte. Le Congo a besoin de gens qui ont de l’audace et la culture de résultat. Soutenir le chef, c’est proposer de bonnes idées pour un résultat pour le pays. Le chef sera jugé au bilan».
Dans ce qui se passe au Tanganyika, beaucoup sont ceux qui pensent que le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, en tant que garant de la nation et du bon fonctionnement des institutions, ne peut cautionner cet arbitraire des députés provinciaux prétendument acquis à l’USN. Zoé Kabila est à Kinshasa sur son invitation et y est retenu. Il était impossible pour lui de se dédoubler le jeudi 06 mai pour aller répondre devant les députés provinciaux qui, par mauvaise foi bien manifeste, considèrent son absence comme un acte d’outrage. «Si Fatshi qui a toujours dénoncé la déstabilisation des gouvernements provinciaux par les assemblées provinciales, arrive à laisser passer cette dérive, ce qu’il tue lui-même l’Etat de droit qu’il prône comme action principale de son mandat», déclare sous anonymat à Scooprdc.net, un juge politiquement moins intéressé.
