Le «général» John Numbi est désormais en exil à Harare, au Zimbabwe, il y a de cela deux semaines, selon le tweet de l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ). « Le Gl JOHN NUMBI a quitté la RDC et s’est REFUGE au ZIMBABWE il y a 2 semaines! Son chargé d sécurité LUNDA wa NGOIE est arrêté. Le Gvt congolais et la Communauté Internationale devraient presser vite le Zimbabwe pr qu’il soit ramené en RDC « , lit-on sur le Twitter de Georges Kapiamba, coordonnateur de cette ONG.
Du coup, cette exfiltration de celui que les organisations de défense des droits de l’homme ont surnommé «empereur Néron», suscite la problématique de l’efficacité de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) et de la Direction Générale de Migrations (DGM) comme ce fut le cas avec l’assassinat de l’ambassadeur italien près de Goma au Nord-Kivu. Ces deux services avaient déclaré ne pas être au courant de la présence du diplomate dans la région, et pourtant ce dernier était dans Goma trois jours avant sa mort.
«Je ne cesse de te le dire, nos services sont distraits», déclare un haut cadre de la sécurité au directeur général de scooprdc.net dont il est familier. Distraction, complaisance, défaillance ou complicité de services en ce qui concerne le cas de John Numbi ? Toutes ces hypothèses peuvent être accouplées.
Non sans raison, cet «empereur Néron» du régime Kabila était déjà fiché en rapport avec les attaques de Bakata Katanga à Lubumbashi il y a de cela une année. Donc, toutes les dispositions devaient être prises par les Services pour surveiller et contrôler sans relâche tous ses faits et gestes. Comment a-t-il pu franchir la frontière alors qu’il a les agents ANR et DGM partout ? C’est à cette question que doivent impérativement répondre les responsables de la sécurité dans le Haut-Katanga.
Ce qui est vrai par ailleurs, la fuite de cet ex-homme fort du régime Kabila lèvera le voile sur sa responsabilité tant dénoncée dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, tous deux activistes de droits de l’homme de la Voix de Sans Voix (VSV). Sa fugue coïncide avec les appels des organisations de la société civile qui exigent la réouverture du procès, surtout avec les récentes déclarations et aveux faites à Radio France Internationale (RFI) par l’adjudant Hergile Ilunga et le brigadier Alain Kayeye, deux policiers proches de la garde rapprochée de John Numbi ayant participé à l’opération d’élimination physique du président de l’ONG VSV ainsi que son chauffeur.
C’est ici que Félix Tshisekedi, non seulement en sa qualité de chef de l’État, mais aussi du président en exercice de l’Union Africaine, devra mettre tout en œuvre pour obtenir l’extradition de ce civil courageux en tenue militaire et hautement galonné, devenu général quatre étoiles, d’ailleurs seul grade qu’il ait connu dans l’armée, par la magie de l’AFDL de triste mémoire et du régime Kabila.