Un article paru, ce mardi 13 octobre dans le magazine américain Science Mag, alerte sur les risques imminents d’éruption que présente ce jour le volcan Nyirangongo sur la ville de Goma. «Maintenant, les conditions sont réunies pour une autre catastrophe, déclare Dario Tedesco, volcanologue à l’Université Luigi Vanvitelli de Campanie, qui a mené plus tôt cette année une campagne dans le cratère tumultueux du volcan. Lui et ses collègues ont trouvé le lac de lave qui s’y remplissait à un rythme alarmant, augmentant le risque que la roche en fusion puisse à nouveau éclater à travers les parois du cratère. Leur analyse suggère que l’aléa maximal arrivera dans quatre ans, bien qu’ils pensent qu’un tremblement de terre pourrait déclencher une crise plus tôt. Ajoutant aux inquiétudes, l’Observatoire du Volcan Goma (GVO), la seule station de surveillance de la région, perd son soutien financier de la Banque mondiale. L’évaluation de Tedesco est directe : c’est le volcan le plus dangereux du monde!», peut-on lire dans cet article de Science Mag intitulé : «Un lac de lave s’élève sur un dangereux volcan africain».
Et le magazine de poursuivre : «L’activité s’est accélérée en 2016 lorsqu’un deuxième évent a commencé à se creuser dans le cratère. En février, lors de leur dernière inspection, Tedesco et ses collègues – transportés par avion par des soldats de la paix de l’ONU pour éviter les rebelles actifs dans la région – ont constaté que le lac montait plus vite que jamais. Le deuxième évent jaillissait environ 4 mètres cubes de lave par seconde, assez pour remplir une piscine olympique toutes les 10 minutes. ‘’Tant que le volume augmente, cela augmente les chances d’une éruption volcanique sur Goma’’, déclare le directeur général du OVG, Katcho Karume, qui a également pris part à la campagne».
Interrogé ce jeudi 15 octobre puisque cité par Science Mag, le directeur général de l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG), déclare à Scooprdc.net : «Il n’y a pas de menace d’éruption de Nyirangongo, ni aujourd’hui, ni demain parce que nous le surveillons et nous avons toutes les données à la minute». Pour le professeur Katcho Karume, l’alerte faite ce jour par les chercheurs cité par le magazine américain, est fausse. Il promet de produire un rapport circonstancié à adresser rapidement à sa hiérarchie et aux autres autorités compétentes.
Ce qui est vrai, l’OVG qui a une mission primordiale de surveiller le volcan Nyirangongo au pieds duquel est bâtie la somptueuse ville de Goma, mérite une véritable attention du Gouvernement congolais en vue d’accomplir correctement sa mission. Dans sa récente descente à Goma, le ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, José Mpanda, de qui dépend l’OVG, est allé calmer la tension sociale au sein de cette structure, due aux conditions de travail et de vie précaires que vivent ses agents : non paiement des salaires et primes d’ailleurs modiques (lire l’article de scooprdc.net :Tension sociale à l’OVG : «la piqûre fera mal et au comité de gestion et aux agents», promet José Mpanda).
«Il est anormal que les personnes censées surveiller le volcan qui est une menace pour une ville d’environ 1 million d’habitants, soient placées dans des conditions malsaines. La situation que nous vivons assis sur un volcan professionnel qui bouillonne à l’OVG et si on n’y prend garde, c’est sous peu», a averti un agent de l’OVG en attirant l’attention du gouvernement sur cette menace certaine aux conséquences néfastes sur la surveillance de Nyirangongo.
Il est à noter que l’OVG vit beaucoup plus grâce aux projets financés par des partenaires étrangers : Banque mondiale, Union européenne, Japon,… Mais tous ces financements sont à la fin. Ce qui risque de compromettre davantage le fonctionnement de cette structure d’autant plus que les subventions du Gouvernement congolais sont insignifiantes. Le budget alloué au ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique est de 0,29% seulement pour son fonctionnement et la gestion de plus d’une trentaine de centres de recherche.
Il sied de rappeler que la dernière éruption du Volcan Nyirangongo date de 2002. Environ 250 personnes étaient mortes, 20% de la ville avait été détruite et des centaines de milliers de personnes avaient fui. La ville est actuellement rebâtie qu’elle concurrence même la capitale Kinshasa, grâce à la contribution des opérateurs économiques notamment les pétroliers motivés par l’ancien gouverneur Julien Paluku, qui ont favorisé l’asphaltage de plusieurs avenues et leur éclairage public, rien que par la taxe instaurée sur le carburant et destinée à cette fin. D’autres personnes disent que Goma est maintenant plus belle que Kinshasa.