Conseil des ministres : pourquoi Bruno Tshibala bloque-t-il le débat sur la MESP ?

C’est la lettre d’indignation du ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel adressée au premier ministre Bruno Tshibala qui met la puce à l’oreille de Scooprdc.net.  Dans cette correspondance, non seulement que Gaston Musemena fustige l’improbité et l’indélicatesse de membres du cabinet du premier ministre qui ont fuité le mémo personnellement lui adressé, mais il attend aussi que le débat sur la Mutuelle de Santé des Enseignants de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (MESP) soit programmé au Conseil des ministres.

A lire la lettre d’indignation de Gaston Musemena, l’on découvre que lors du Conseil des ministres tenu le 02 octobre dernier, le ministre de l’EPSP avait, tout en exposant sur la rentrée scolaire 2018-2019, stigmatisé la situation de gestion qui prévaut à la MESP. C’est ainsi qu’il lui avait été demandé de présenter un mémo y relatif à l’attention du Conseil des ministres pour un débat. Ce que le ministre a fait le 05 octobre. Mais la primeur de ce mémo n’était réservée qu’au premier ministre avec seulement deux ampliations au président de la république et au secrétaire général du Gouvernement.

Contre toute attente, s’indigne Musemena, les membres du Conseil d’administration de la MESP ont réussi à soutirer ce mémo dont ils n’étaient même pas en ampliation et se sont tapé le luxe de réagir le 08 octobre, soit deux jours après le dépôt du mémo du ministre de l’EPSP à la Primature, à travers une lettre dont ils ont réservé copie à plusieurs autorités. Acte que Musenena qualifie de violation flagrante du secret de correspondance. Curieusement, à sa lettre d’indignation, le premier ministre n’a jamais répondu. Complicité ou négligence ?

D’après les indiscrétions parvenues à Scooprdc.net, étant donné que le dossier MESP est juteux, le Conseil d’administration de cette mutuelle  dont la gestion est sérieusement critiquée, coulent des pots de vin à tous les niveaux en vue d’obtenir la protection et d’être sous des « parapluies ». Cela, on peut le lire dans la correspondance de Gaston Musemena : « …plus grave (ils) ont réagi à travers leur lettre susmentionnée, envoyée du reste à toutes les autorités, y compris moi leur ministre comme pour me prouver qu’ils contrôlent tous les cabinets des autorités sus-évoqués ». Le silence du premier ministre Bruno Tshibala et la non inscription par lui à l’ordre du jour le dossier MESP pour le débat au Conseil des ministres, ne peuvent qu’appeler facilement les soupçons de corruption contre lui.

Du contenu du mémo de Musemena…

Dans ses efforts de recherche et de fouille de l’information qui constituent sa force de démarcation vis-à-vis de ses confrères,  Scooprdc.net est tombé sur le mémo de Gaston Musemena sur la situation qui prévaut à la MESP, transmis au premier ministre, mais également sur celui de la réplique de certains membres de cette mutuelle. Dans son mémo, le ministre de l’EPSP démontre qu’en huit ans d’existence, la MESP a assuré les soins seulement de 46.732 enseignants et 65.417 de leurs dépendants, soit un total de 112.149 affiliés. Ceci représente, selon Gaston Musemena, une couverture sanitaire de 10% alors que 460.000 enseignants sont payés par le Gouvernement congolais et donc membres de droit de cette mutuelle. « Si en 8 ans de son existence la MESP n’est installée que dans 3 provinces du pays, statistiquement et logiquement il faut au moins 70 ans à l’actuel Comité de gestion pour couvrir 26 provinces », fait remarquer le numéro 1 de l’EPSP.

Il déplore dans ce mémo le fait que pour une mutuelle dont l’Etat subventionne à 100% que le contrôle soit un tabou ! « Les ressources de la MESP sont des MAD (mis à disposition de fonds) provenant du Trésor public. A ce titre, cette mutuelle a l’obligation de justifier, de manière régulière, les fonds reçus du Trésor public. Ce qui n’a jamais été le cas. Mais, curieusement les fonds sont automatiquement et mensuellement versés dans un compte privé de monsieur Guy Mafuta à la Rawbank sans justification de sa part et sans avis préalable de mon ministère, propriétaire de ces crédits », peut-on lire dans le mémo de Gaston Musemena.

Il fait remarquer que la MESP qui est membre de l’Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS), a inversé la tendance des normes édictées par cet organisme international qui veut que 70% de ressources d’un organe de sécurité sociale soient affectées aux dépenses de régime (soins médicaux) et 30% seulement pour le fonctionnement. « Mais à la MESP la tendance est plutôt inversée, et malgré les rappels à l’ordre de mon prédécesseur et de moi-même, le refus d’obtempérer se fait de manière ostentatoire. L’actuel président de la MESP, jadis secrétaire particulier du ministre de l’EPSP sortant, étant de la composante Gouvernementale, n’est plus habilité à diriger cette mutuelle. Comme il n’est pas enseignant, il ne mérite plus de diriger la mutuelle des enseignants », déplore le ministre de l’EPSP.

Des montants que le gouvernement met à la disposition de la MESP sont considérables : de 400 millions FC chaque mois, ce montant est passé à 1,2 milliard FC. Depuis août 2017, la MESP reçoit mensuellement du gouvernement congolais 1 milliard 500 millions 278 mille FC, soit près d’1 million USD. Ainsi, en vue d’assurer une gestion saine et responsable de la MESP, Gaston Musemena formule cinq recommandations devant impliquer ses collègues de la Justice, des finances, du Travail et prévoyance sociale. Il souhaite vivement, non seulement que ce dossier soit débattu au sein du Conseil des ministres, mais également qu’une enquête judiciaire et un audit financier soient diligentés pour identifier les réserves prétendument constituées en vue de l’implantation de la MESP dans toutes les provinces. A voir les contours de ce dossier, Luzolo Bambi peut s’inviter.  A suivre !

Owandi.

  • Bendélé Ekweya té

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