Dans son article publié le 10 octobre dernier intitulé « contrats chinois : la Sicomines fraude déjà ! », scooprdc.net saluait le courage du ministre des mines Martin Kabwelulu d’interdire dans sa lettre du 11 septembre dernier, l’exportation par la Sicomines du cuivre et du cobalt non raffinés. Une décision salutaire pour permettre à l’Etat congolais de contrôler les volumes exacts de la teneur de ces minerais censés rembourser les prêts chinois de 6,2 milliards de dollars contractés dans le cadre des contrats chinois.
Mais ce n’était qu’une décision de courte durée. Dans sa lettre du 10 octobre dernier qui vient de parvenir à scooprdc.net ce dimanche, le même ministre Martin Kabwelulu a levé sa mesure de suspension des exportations des produits miniers concentrés de la Sicomines. Le patron des mines justifie cette levée de mesure par les informations complémentaires sur la production des concentrés de la Sicomines et les conséquences qui pourraient résulter de l’interdiction en force de l’exportation de ces produits miniers marchands.
D’après les informations parvenues à scooprdc.net, le ministre Kabwelulu a été rappelé à l’ordre par la Présidence de la République, elle aussi sous pression des Chinois. Car, bloquer ces concentrés du cuivre et de l’hydroxyde de cobalt de la Sicomines, signifierait tout simplement que la RDC bloque le processus de remboursement des fonds lui prêtés. Ce qui serait une violation du contrat signé avec le consortium des entreprises chinoises.
L’obligation par la partie chinoise de raffiner sur place en RDC les minerais exploités est tributaire de l’énergie électrique. Or, depuis l’installation de ses équipements, la Sicomines est confrontée à la carence cruelle de cette énergie. Une situation d’ailleurs générale et pénalisante pour d’autres entreprises minières dans la région qui s’en plaignent au quotidien. En effet, le courant du barrage Inga ne parvient pas à tourner convenablement les machines de Sicomines. Ce qui fait que la production prévisionnelle annuelle de 250 mille tonnes de cuivre métal n’est jamais atteint. Pour raffiner ces minerais en RDC, il faut attendre fin de l’année 2020, année projetée pour la fin de la construction du barrage de Busanga par Sycohydro, d’une capacité de 240MW, qui garantira la fourniture totale de l’énergie électrique à Sicomines. Mais pour parer au pire, les Chinois ont pris l’option d’exporter le cuivre et le cobalt dans l’état non raffiné.
Cette façon de faire a comme inconvénient direct, le manque à gagner pour la RDC du fait que la teneur exacte de ces concentrés de cuivre et de l’hydroxyde de cobalt n’étant pas connue, leur valeur en monnaie déclarée à la frontière est moindre par rapport valeur réelle si ce cuivre et cobalt sortaient du pays raffinés à 99,9% comme convenu dans le contrat. Ce manque à gagner est énorme en termes de millions de dollars, confie net un expert minier à scooprdc.net. Si l’on continue avec cette allure, s’inquiète-t-il, l’exploitation prendra plus de temps que prévu et ça fera une bonne affaires pour la Banque chinoise Exim Bank, pourvoyeur des fonds empruntés par la RDC dans le cadre de l’exécution de cinq chantiers.
Pour rappel, 6,2 milliards de dollars américains, c’est le fonds que le gouvernement congolais a décidé d’emprunter auprès de la banque chinoise Exim Bank dans le cadre des contrats dits « chinois » signés en 2008. De cette somme, 3 milliards devraient être investis dans les infrastructures (routes, écoles, hôpitaux…) et 3,2 milliards étaient destinés dans le domaine minier, à travers la Sicomines. Cette dernière est une joint-venture entre un consortium des entreprises chinoises pour 68% des parts et la Gécamines ainsi que la Snel pour 32%. Selon ces contrats, le remboursement des emprunts doit se faire par les bénéfices générés par la Sicomines.