Différend Papy Niango – Dispromalt au sujet des panneaux de Vodacom au Stade des Martyrs : deux versions croisées

Toute personne passant devant le Stade des Martyrs s’aperçoit que tous les panneaux publicitaires de Vodacom qui entouraient la coupole de cette grande marmite sportive n’y sont pas. Ils ont été descendus depuis jeudi dernier sur ordre du ministre des sports et loisirs, Papy Niango. Ce dernier a qualifié le contrat signé entre l’agence Dispromalt et le Stade des Martyrs de léonin bradant ainsi les droits de l’Etat au cours d’un point de presse tenu récemment à ce sujet. Allégation rejetée selon une source proche de Dispromalt qui accuse le ministre des sports de vouloir appliquer la politique de « qui veut noyer son chien… ». scooprdc.net qui s’est intéressé à ce dossier diversement commenté à Kinshasa, apporte ci-dessous un éclairage sur le différend qui oppose les deux parties :

D’emblée, on doit noter que l’affichage par Dispromalt des panneaux publicitaires commence en 1984 par le stade Tata Raphael, deux ans après la création de cette agence. Le contrat avec le Stade de Martyrs est signé en 1993. Il est objet de révision au fur et à mesure compte tenu de la conjoncture. Ainsi le dernier renouvellement de ce contrat est intervenu en 2011 pour une durée de dix ans ferme, soit jusqu’en 2021.

Contrat léonin, selon Papy Niango

Le ministre juge le contrat Dispromalt-Stade des Martyrs de déséquilibré et de nature obscure, et parle d’une escroquerie. Il s’en prend à la clause stipulant que ce contrat ne peut être revu avant 10 ans. Il fustige l’article premier de ce contrat qui selon lui, rend l’acte nul et de nullité absolue du fait que les éléments constitutifs font défaut. En effet, cet article stipule que « le concédant met pour location à la disposition du concessionnaire qui accepte tous les espaces actuellement occupés par ce dernier ». Ces dispositions, selon le ministre Niango, biaisent la nature du contrat.

Deuxième grief, Papy Niango estime que la coupole publicitaire supérieure extérieure du stade des Martyrs qu’occupe Dispromalt est sous-évaluée. Pour lui, le taux du loyer mensuel actuel pour les 3.640m² que prennent ces panneaux, ne tient pas compte de la réalité des prix du marché. Il révèle qu’un panneau placé à la place Pont Gabi génère plus que le montant versé par Dispromalt pour 24 panneaux. Ceux-ci génèreraient, selon ses services, normalement 120.000USD par mois.

D’après le ministre, même le loyer convenu n’est jamais payé totalement. Dispomalt verse souvent 14.000USD. Faisant le redressement des comptes partant de 2011, il estime que Dispromalt doit au moins 840.000 USD au Stade des Martyrs, montant représentant un forfait sur le différentiel de 30.000USD. Pour Papy Niango, il ne peut nullement promouvoir des contrats léonins qu’il a lui-même beaucoup critiqués dans son combat politique. C’est ainsi qu’il a résilié d’autorité ce contrat avec Dispromalt et ouvre les espaces à tous les afficheurs capables de respecter la mercuriale des prix d’affichage des panneaux publicitaires.

Fausses données selon une source proche de Dispromalt contactée

Les autorités de Dispromalt que scooprdc.net a contactées n’ont pas voulu commenter cette affaire, laissant ce devoir à leur cabinet conseil. Mais selon une source proche de cette agence publicitaire que scooprdc.net a contactée, le contrat avec le Stade des Martyrs est résilié d’une manière cavalière. Elle relève le non-respect de la clause de cette résiliation qui recommande premièrement une entente entre les deux parties, deuxièmement un préavis d’une année en cas de mésentente et troisièmement le remboursement de l’investissement si le contrat est résilié avant son expiration. Elle fait savoir que Dispromalt a investi plus ou moins 1,5 million dollars au Stade de Martyrs pour le cadrage métallique de 24 panneaux, les 96 projecteurs et plus de 5.000m de câblage…

S’agissant du taux mensuel du loyer, la source explique qu’initialement, il serait fixé dans la fourchette de 25.000 $ à 40.000 $. Plusieurs sources rejettent le montant de 120.000 $ affirmé par le ministre. « Voyez-vous vraiment une société débourser 1.440.000 $/an rien que pour une publicité au Stade des Martyrs ?», s’exclament-t-elles. Ce qui est plus qu’étonnant c’est que le stade des Martyrs a une gestion autonome. Raison pour laquelle le contrat a été signé par les gestionnaires et non par le ministre. Il sied de souligner que l’affichage sur la coupole du stade est une idée initiée par Dispromalt.

Notre source confirme que tous les loyers ont été payés jusqu’au mois de juillet 2017 et que l’agence n’a aucune dette, contrairement aux allégations du ministre des Sports et loisirs. Toutes les preuves existent, soutient-elle. Ajoutant que si magouille il y a, c’est peut-être au niveau des gestionnaires du Stade.  Il ne restait qu’à payer le mois d’aout. Pour cela, Dispromalt était en attente de l’avenant portant réajustement du cout du loyer de la part des autorités du Stade. Chose qui n’est pas arrivée jusqu’à la descente des panneaux.

Crainte des observateurs

La résiliation brutale par le ministre des Sports et loisirs de ce contrat risque de conduire à un feuilleton juridique susceptible de condamner le Stade des Martyrs au paiement des dommages et intérêts pour résiliation abusive du contrat et destruction méchante du patrimoine d’un partenaire, estiment beaucoup d’observateurs. Et à l’allure où vont les choses, il serait imprudent pour toute personne envieuse de cet espace de penser à s’en approprier vu que l’affaire est portée aux instances judiciaires. Mais à entendre le ministre Papy Niango, qui est d’ailleurs un avocat, il est prêt à affronter le procès, la justice étant son milieu naturel. Wait and see.

Owandi

  • Bendélé Ekweya té

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