La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé, mercredi 02 aout dernier, la suspension de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur du Kasaï-Central. Elle fait savoir que ce processus est suspendu pour «défaut de candidature». Par cette décision, la CENI semble comprendre la grande bêtise dans laquelle elle est entrainée par le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur. La voix de la raison a visiblement retenti dans ses oreilles. Et l’annulation de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur du Kasaï Central en est une preuve éloquente. L’argument de « défaut de candidature » pour justifier la suspension de cette élection, ne tient pas débout, d’après beaucoup d’analystes. la CENI ne dirait pas cette province manque d’élites avec des ambitions politiques. soutenir aussi qu’«à l’issue des travaux de réception et de traitement des candidatures concernés, toutes les candidatures réceptionnées pour l’élection des gouverneur et vice-gouverneur de la province du Kasaï-Central ont été retirées», ferait rire sans doute. Les analystes estiment que la Centrale électorale se serait tout simplement vue dans la tourmente. Car, organiser une élection dans une province où il n’y a ni vacance ni démission, moins encore décès du gouverneur relèverait de l’inconstitutionnalité. Tout le monde l’a décrié, sauf le VPM de l’Intérieur Emmanuel Shadary…
Les non-dits de la suspension de l’élection au Kasaï Central
L’entrée en danse des chefs coutumiers dans l’affaire Kande aurait beaucoup joué. Ces chefs traditionnels avaient, à travers une déclaration commune, demandé au président de la République d’intervenir personnellement pour empêcher cette élection. Ils ne voyaient aucun grief contre Alex Kande Mupompa pour le faire partir dans une procédure inconstitutionnelle. En plus, bien que portant, à tort ou à raison, la responsabilité dans le dossier Kamuina Nsapu, Alex Kande est difficilement éjectable dans une procédure de motion de défiance des députés provinciaux. Ces derniers, d’après l’un d’eux qui s’est confié à scooprdc.net, ont encore totalement confiance en lui, les accointances ethno-tribales aidant…
Quand Kazembe traine Naanga devant la Cour constitutionnelle !
Pendant que la CENI reçoit des candidatures à l’élection du gouverneur du Haut-Katanga, le gouverneur déchu-réhabilité de cette province, lui, est visiblement loin de désarmer. Jean-Claude Kazembe a saisi mardi 02 aout dernier la Cour Constitutionnelle contre la CENI prise en la personne de Naanga Yobeluo Corneille. Il a introduit une requête en inconstitutionnalité de la décision de la CENI portant convocation du scrutin du gouverneur et vice-gouverneur dans le Haut-Katanga. Déjà, les observateurs avisés voient ce mal aimé du PPRD avoir gain de cause. Non sans raison, c’est la même Cour constitutionnelle qui l’a réhabilité dans ses fonctions après sa déchéance par l’Assemblée provinciale. Elle ne se dédira pas du tout. En plus, Jean-Claude Kazembe a le soutien de la Jeunesse de la province du Katanga-Uni. Dans une lettre adressée au secrétaire général du PPRD, Henri Mova Sakani, celle-ci retire sa confiance à la MP et au PPRD à cause de Jean-Claude Kazembe.
Dans cette lettre aux allures ironiques, la Jeunesse de la Province du Katanga-uni s’est déchainée sur Mova Sakani et le PPRD, les accusant de haute trahison et de bradage de la dignité katangaise. « Les Katangais ne supportent pas que vous puissiez faire de leur province une colonie du Maniema et du Bandundu, où Shadary impose sa loi contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle, où Aubin Minaku, ex-magistrat revoqué par Mze Kabila parmi les plus corrompus, manipule les députés provinciaux katangais et où Kokonyangi se disant parrainé par le général John, trouve un auditoire pour l’écouter après avoir bu gratuitement du Whisky comme un tonneau », écrit la Jeunesse de la Province du Katanga-Uni dans cette correspondance. Elle qualifie le refus de Jean-Claude Kazembe de démissionner d’un acte de bravoure, dignité et loyauté. Mais pour combien de temps Jean-Claude Kazembe tiendra-t-il dans ce bras de fer avec son parti, le PPRD ? Difficile de le prédire. Mais ce qui est vrai, le divorce est consommé avec son parti qui l’accuse d’être de mèche avec Moise Katumbi, un autre mal aimé du PPRD et de la Majorité Présidentielle.
Ginno Lungabu