Francophonie: Michäelle Jean sermonne Macron et la France

Lors de son discours d’ouverture du XVIIième  sommet de la Francophonie à Erevan (Arménie), la secrétaire générale sortante Michaëlle Jean (canadienne) a dénoncé par des mots à peine voilés, les choix de la France et de son Président Emmanuel Macron, qui rendent cette organisation moribonde.

En effet, le Président français avait lors d’une visite de Paul Kagame à Paris, promis de soutenir la candidature de la ministre rwandaise des affaires étrangères au secrétariat général de la Francophonie. Chose qui s’est confirmée à ce jour. Et plus encore, la France a réussi à convaincre le Canada à lâcher sa propre candidate. Cette situation est d’autant confuse que cela a suscité des réactions de tout bord y compris en France pour condamner la décision de Macron. Et dans son discours, ce jeudi 11 octobre, la secrétaire générale sortante ne l’a pas loupé : « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, comme le disait Tocqueville, l’esprit marche dans les ténèbres » a lancé Michäelle  Jean aux chefs d’États et des gouvernements réunis à Erevan.

Alors que la Francophonie comme organisation internationale a toujours prôné la démocratie, les respects de droits humains, la liberté d’expression et d’opinion, il est incompréhensible de constater que la France connaissant toutes ces valeurs, et sachant que le Rwanda est loin d’en être un modèle, en plus qu’il est membre du Commonwealth et ayant imposé l’Anglais comme langue officielle au détriment du Français, le soutienne bec et ongle pour succéder à une francophile.

Michäelle Jean charge le président français en lui demandant de quel côté de l’histoire veut-il être. Car dit-elle: « Sommes-nous prêts à accepter que les organisations internationales soient utilisées à des fins partisanes, alors que nous avons besoin, comme jamais, de nous unir dans un multilatéralisme rénové et volontaire pour trouver des réponses et des solutions transnationales à des menaces et des défis désormais transnationaux ? Sommes-nous prêts à accepter que la démocratie , les droits et les libertés soient réduits à de simples mots que l’on vide de leur sens au nom de la réal politique, de petits arrangements entre États, ou d’intérêts particuliers alors que cette aspiration légitime à plus de liberté, plus de justice, plus de dignité, plus d’égalité est une aspiration universelle, portée toujours plus énergiquement par les jeunes et par les femmes ? Vous les avez entendus ? Sommes-nous prêts à laisser gagner le relativisme culturel alors que nous devrions saisir l’occasion de son soixante-dixième anniversaire pour marteler que la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, n’est pas une production occidentale ? Elle est l’expression de la quintessence de cette part d’humanité inaliénable que nous avons toutes et tous en partage. Sommes-nous prêts à laisser l’égoïsme à courte vue, les approches exclusivement comptables de la coopération internationale, les investissements prédateurs, ou la corruption l’emporter sur l’exigence de solidarité, sur des partenariats véritablement gagnants-gagnants ? Le moment est venu, pour nous, comme pour tant d’autres organisations multilatérales, de choisir entre réagir ou laisser faire, progresser ou régresser », s’est déchaîné Michäelle Jean du haut de la tribune.

Accusé déjà dans son pays d’être le président de riches, cette déclaration de la secrétaire générale sortante de l’OIF condamne Macron de marchandage de valeurs de la francophonie : « Et disons-nous bien que l’immobilisme, l’atermoiement et les compromis sont déjà une forme de régression, car une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde », a conclu Michäelle Jean.

Reste à savoir, quelle sera la position de la RDC face à cette dénonciation de la canadienne, quand on sait que Kinshasa est non seulement allié du Rwanda, mais également un pays frère. Or le maréchal Mobutu en son temps disait qu’entre un frère et un ami, le choix est clair. Les heures qui viennent seront décisives pour la délégation de la RDC au pays de Charles Aznavour.

Nzakomba

  • Bendélé Ekweya té

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