MinSanté TV : initiative inopportune et improductive !

Par Agnelo Agnade.

Le ministre de la santé publique, Dr Eteni Longondo, a-t-il vraiment des conseillers, ou bouche-t-il ses oreilles et s’en passe de ces derniers ? Y avait-il opportunité pour lui de créer toute une chaîne de télévision rien que pour sensibiliser sur la pandémie de coronavirus ? Franchement, ce médecin de l’UDPS dont l’expérience a été tant vantée, a depuis l’apparition de la maladie à coronavirus, démontré ses limites communicationnelles. Certes, ce n’est pas son domaine de formation et pourra en être excusé, mais seulement il devra écouter les conseils parce que là il apparaît clairement que le ministre Eteni et ceux qui l’ont conseillé, ne savent pas faire la différence qu’il y a entre une bonne stratégie de communication et un des outils à utiliser pour déployer cette communication.

En effet, vendredi 27 mars dernier, en présence du ministre d’Etat en charge des médias et communication, du ministre de la santé et de son adjoint, il a été procédé au siège de Bleu Sat à Kinshasa, au lancement d’une nouvelle chaîne de télévision dénommée «MinSanté TV», une offre, mieux un «don» du télédistributeur Bleu Sat qui émet sur le canal 104 de son bouquet et sur TNT.  « Cette chaîne, nous l’avons pensé pour la communication efficiente que doit mener le ministère de la santé, notamment contre le coronavirus, mais plus tard, contre d’autres problèmes de santé publique. Je remercie nos autorités qui ont bien voulu répondre à cette aide quoi que minime que nous avons pensée apporter dans cette guerre. Désormais, depuis chez vous, captez et suivez cette chaîne pour avoir les vraies informations à jour concernant la lutte contre le Covid 19. Ce don est une façon pour nous d’honorer notre responsabilité sociale. Car, pour Bleu Sat, la vie humaine est précieuse et nécessite d’être mieux informée et en temps réel », a déclaré Jean Thierry Monsenepwo, directeur général adjoint de Bleu Sat.

Un discours de marketing d’une société en carence de la clientèle dans la capitale où beaucoup de kinois sont rivés et scotchés sur Canal +, corroboré par son complice, Jean Max Mayaka, coordonnateur de l’Agence nationale d’Ingénierie Clinique de l’Information et de l’Informatique de Santé (ANICIIS). Loin d’un cadeau, c’est une publicité de la société Bleu Sat évidemment avec des intérêts bien cachés. Mais communicationnellement parlant, cette nouvelle télévision du ministère de la santé n’a pas son importance d’être comme outil. Non seulement que le télédistributeur Bleu Sat n’a pas assez d’abonnés, mais aussi la floraison des chaînes de télévision est très défavorable à cette nouvelle venue.

Déjà du temps de l’analogique, Kinshasa la capitale dénombrait plus de 60 télévisions. Actuellement c’est une centaine qui sont sur TNT sans compter les chaînes étrangères. Qui les suit toutes ? Cette question devait bien servir au ministre Eteni et son équipe pour faire une étude de l’audimat et évaluer la chance à accorder à la nouvelle télévision d’être suivie avec sa seule thématique de coronavirus. Aussi, à quoi sert alors la télévision publique, la RNTC, si chaque ministère commence à créer sa télévision. L’EPST en a déjà (Educ TV), le ministère de la santé vient d’en avoir (MinSanté TV). Imaginez la suite si tous les 44 ministères et les 3 ministères délégués se lançaient dans cette aventure de création de chaînes de télévision !

Loin de faire la publicité de chaînes de télévision, celles qui ont la notoriété, outre la RTNC sont connues à Kinshasa : Molière TV, Télé 50, RTGA, Antenne A, B-One, Congo Web, Digital Congo, Amen TV, Voici l’homme, ACK TV, Siloé TV, Univers Télévision… S’il n’y a pas anguilles sous roche, pourquoi ne pas confier ce travail de sensibilisation à ces médias existants avec un grand audimat que d’en créer encore un qui ne sera pas du tout suivi ? Telle initiative inopportune et improductive ne peut se justifier que dans la logique de détourner les fonds alloués à la lutte contre cette maladie de coronavirus que tout le monde craint d’attraper.

  • Bendélé Ekweya té

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