Partenariat entre la RDC et les clubs européens :   Doudou Fwamba  contredit les chiffres relayés par la presse et fait persister l’opacité

La République Démocratique du Congo (RDC) est au cœur d’une vive polémique autour des contrats de sponsoring conclus avec le FC Barcelone, l’AS Monaco et l’AC Milan. Présentés comme un outil de promotion internationale sous le slogan « RDC – Cœur de l’Afrique », ces partenariats soulèvent aujourd’hui de sérieuses interrogations sur leur coût réel, leur transparence et leurs retombées.

Doudou Fwamba contredit les clubs

Invité de l’émission Le Débat sur Top Congo FM, le ministre des Finances Doudou Fwamba a tenu à démentir les chiffres relayés dans la presse et par certains clubs européens.

« C’est une désinformation. Pour Monaco, nous avons versé moins de 2 millions et non 4,8 millions comme annoncé. Quant à Barcelone, les 40 millions évoqués sont une exagération. Cet argent n’a pas été versé », a-t-il affirmé.

Cette déclaration entre en contradiction directe avec les chiffres avancés par l’AS Monaco et le FC Barcelone, accentuant le flou autour de ces accords financiers.

Des chiffres contradictoires 

La controverse repose sur trois versions différentes :

AS Monaco affirme un contrat de 4,8 millions d’euros.

FC Barcelone parle de plus de 40 millions d’euros.

Le ministre congolais évoque des montants bien inférieurs, rejetant catégoriquement les chiffres des clubs.

Ces divergences nourrissent les soupçons d’irrégularités et renforcent le climat d’opacité autour de l’utilisation des fonds publics.

Une affaire judiciaire et des critiques internationales 

Une plainte a été déposée à Paris visant ces contrats, notamment celui de Monaco et celui, beaucoup plus conséquent, de Barcelone.

Par ailleurs, Amnesty International dénonce une opération de sportwashing, accusant Kinshasa de chercher à améliorer artificiellement son image à l’international grâce au prestige du football, tout en occultant les violations persistantes des droits humains.

Comparaison avec d’autres pays africains 

La RDC n’est pas le seul pays africain à avoir recours au sponsoring dans le football européen.

Le Rwanda, avec son slogan Visit Rwanda, a signé des accords avec Arsenal et le PSG (40 M€ sur 4 ans), entraînant une hausse mesurable du tourisme de 8 % par an.

Le Gabon, en revanche, avait tenté une approche similaire avec le club espagnol Málaga CF en 2016, mais l’absence de stratégie et de suivi a rendu l’opération stérile.

La RDC semble se rapprocher de ce second cas, ses contrats apparaissant dépourvus d’une vision stratégique intégrée.

Des retombées locales quasi inexistantes 

Les critiques internes se concentrent sur l’absence de bénéfices pour le sport congolais : Les infrastructures sportives restent délabrées ; Les clubs locaux manquent de financement ; Les jeunes talents ne bénéficient pas de centres de formation modernes.

Ainsi, qu’il s’agisse de 2, 5 ou 40 millions, les fonds auraient pu être investis directement dans le développement du football congolais, plutôt que dans une visibilité internationale incertaine.

Enjeux et perspectives 

Trois axes apparaissent essentiels pour sortir de la polémique :

1. Transparence – publier les contrats afin d’éclairer l’opinion et restaurer la confiance.

2. Stratégie – définir une politique nationale claire qui relie sponsoring, diplomatie sportive et développement économique.

3. Éthique – démontrer que ces partenariats servent réellement la population et ne constituent pas une simple opération de communication.

Un test de crédibilité 

La controverse autour des partenariats avec Barcelone et Monaco dépasse la seule dimension sportive. Elle met en jeu la crédibilité du gouvernement congolais, son rapport à la transparence et sa capacité à transformer une initiative de visibilité internationale en véritable levier de développement.

À défaut d’une clarification rapide et de preuves concrètes de retombées positives, ces contrats risquent d’être perçus par l’opinion publique comme un symbole de gaspillage et d’opacité, plutôt que comme une opportunité économique et sportive.

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