Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a reçu, mercredi 02 juillet 2025, l’opposant politique Adolphe Muzito à la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa. Cette rencontre intervient au lendemain de l’audience accordée à Martin Fayulu, figure de proue de l’opposition, marquant ainsi une série de consultations politiques initiées par le chef de l’Etat congolais dans un contexte de turbulences politiques aux défis nationaux persistants.
Adolphe Muzito, ancien Premier ministre et coordonnateur de la plateforme Nouvel Élan, a échangé avec Félix Tshisekedi autour de plusieurs questions majeures touchant à la gouvernance, à la paix dans l’Est du pays, au processus électoral et à la situation socio-économique du pays. Cette rencontre s’inscrit dans une volonté affichée du président Tshisekedi de dialoguer avec l’ensemble des forces politiques, en vue de construire un consensus national sur les grandes priorités.
Genève se reconstitue…
Le 11 décembre 2018, Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Moise Katumbi, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito et Felix Tshisekedi, à l’époque tous des leaders de l’opposition contre le régime de Joseph Kabila, se réunissent à Genève, capitale de la Suisse.

Coalition LAMUKA originale
Face au contexte politique du pays, marqué par un processus électoral chaotique à venir à la fin du mois, lequel orchestré contre la liberté et la transparence des scrutins, au mépris de la paix, de la concorde nationale, de la stabilité du pays et de la sous-région, ces sept leaders de l’opposition prennent leurs responsabilités devant Dieu, la nation, l’histoire et le monde, en décidant de de transcender leurs divergences, leurs ambitions personnelles légitimes dans un esprit patriotique afin de concrétiser la volonté de changement et de restauration de l’Etat de droit exprimée par les Congolaises et Congolais rassemblés dans les forces vives de la Nation, qui ont consenti d’énormes sacrifices durant de longues années, souvent au prix du sang. Leur coalition se nommera « Lamuka ».
Cet accord négocié par la Fondation Kofi Annan et qui visait à désigner un candidat commun de l’opposition à l’élection présidentielle de décembre 2018 face au candidat de président sortant, va capoter lorsque Félix Tshisekedi refusa d’accepter le résultat de vote ayant désigné Martin Fayulu comme candidat commun, prétextant respecter l’exigence de sa « base » (Ndlr : militants de l’UDPS, son parti) de le voir lui-même candidat à cette présidentielle.
Deux camps va alors se dessiner, l’un plus grand regroupant Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Moise Katumbi, Freddy Matungulu et Adolphe Muzito et gardera le label « Lamuka », et l’autre plus petit constitué seulement de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe qui optera pour l’appellation « Cap pour le changement, CACH ». Ils iront ainsi à l’élection présidentielle avec cette fracture, en se critiquant farouchement.
Lorsque Tshisekedi devient président de la République, il extirpe Freddy Matungulu du groupe de 5 et le flanque à la tête du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD), poste réservé à la RDC. Technique de débauchage pour affaiblir l’ennemi…
La mauvaise gestion des égos va quelques temps après diviser Lamuka en deux : le camp des « métis » comprenant Katumbi et Bemba et le camp de « mpangi » constitué de Muzito et Fayulu. Profitant de cette scission, Félix Tshisekedi, après son divorce avec Kabila dans la coalition FCC-CACH, va faire clin d’œil au camp Katumbi-Bemba qui acceptera de former le gouvernement avec CACH. C’est la naissance du gouvernement Sama Lukonde I. Malheureusement, une année après, Katumbi se désolidarise avec Tshisekedi et retire ses poulains du gouvernement. Bemba y reste.
Pendant ce temps, entre Muzito et Fayulu, le courant ne passe plus bien. Ils finissent par se séparer et Fayulu s’accapare du label « Lamuka ».
Aujourd’hui, Tshisekedi ayant Kamerhe, Bemba et Matungulu à ses côtés, si l’entente se concrétisait avec Fayulu et Muzito qu’il a consultés tout récemment, l’Alliance de Genève va se reconstituer, mais sans Katumbi. Mais aura-t-elle les mêmes objectifs qu’en décembre 2018 ? Certains diront que la politique en RDC est dynamique, les alliances se font et se défont selon les circonstances du moment et les intérêts visé par chaque acteur politique.