Depuis octobre 2022, la RDC s’est retrouvée sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) à cause des déficiences stratégiques dans son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette présence sur la liste grise est la résultante du rapport d’évaluation mutuelle du groupe contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale.
Pour ainsi sortir de cette liste, explique Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cellule nationale de renseignement financier (CENAREF) qui a été devant la presse, mardi 1er juillet 2025, pour exprimer sa crainte par rapport au délai qui reste, il y a 23 actions que cette pays sur cette liste devra mener. Il rassure tout de même que sur ces préalables, la RDC a déjà réalisé 13 soit 56,52% , 8 sont en cours de réalisation soit 34,78% et 2 sont non traitées soit 8,7%.
Concrètement, le secrétaire exécutif de la CENAREF cite parmi les préalables déjà remplis, notamment la loi portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive et différents textes d’applications ; la finalisation du rapport de l’ENR et dissémination de ses résultats aux autorités compétentes et aux parties prenantes ; l’élaboration et adoption de la stratégie nationale en matière de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme ; la désignation de la CENAREF comme autorité de régulation et de contrôle des EPNFD par décret n°23/30 du 12 Août 2023 ; le renforcement des capacités de toutes les autorités de contrôle (CENAREF-BCC-ARCA) sur la supervision basée sur les risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme pour ne citer que ces quelques actions.
Par ailleurs, parmi les préalables en cours d’exécution il y a la correction des lacunes ou déficiences de conformité technique pour quelques recommandations du GAFI (R 5-6-7-10-11 et 20), dont on attend la promulgation du projet de modification de la loi n°22/068 du 27 décembre 2022 pour lutte contre le blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme qui a pris en comptes lesdites lacunes ; le lancement des missions de contrôle auprès des assujettis ; la préparation des études de cas et des statistiques qui démontrent que les autorités ont la capacité de mener efficacement une série d’enquêtes et de poursuites en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en adéquation avec le profil de risque du pays ; sans oublier la tenue des réunions de sensibilisation au profit des entités déclarantes sur l’utilisation de « la plate-forme du CONASAFIC » pour une application efficace des SFC.
Cependant, il reste à la RDC la réalisation les actions ci-après : la prise de mesures correctives après les missions de contrôle auprès des IF et EPNFD et l’application des sanctions en cas de non-conformité aux obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et l’identification et enquêtes sur les activités de financement du terrorisme conformément au profil de risque du pays.
Il faut indiquer que l’’inscription de la RDC sur la liste grise de GAFI entraîne automatiquement son inscription sur la liste noire de l’Union européenne avec des conséquences éventuelles comme : la baisse des investisseurs étrangers et de l’aide internationale ; la difficulté de lever des fonds sur les marchés financiers internationaux ; le ralentissement du développement et de la croissance économique ; les difficultés d’accès aux services bancaires ; la rupture des relations de correspondance bancaire ; la difficulté de rapatrier les fonds en provenance de l’étranger, mais aussi celle de transférer les fonds à l’étranger et la baisse des réserves de change et l’instabilité économique (fuite de capitaux).
« Toutes ces conséquences peuvent s’aggraver si nous n’arrivons pas à sortir de cette liste d’ici le mois d’octobre prochain. Le risque serait de se retourner sur la liste noire avec comme conséquence grave l’isolement financier international et diplomatique, comme il en n’est le cas pour l’Iran, la Corée du Nord et le Myanmar », a déclaré Adler Kisula qui invite chaque congolais dans son domaine à s’impliquer et à mobiliser tant dans le secteur public que dans le secteur privé. « La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme doit être l’affaire de tous », martèle le secrétaire exécutif de la CENAREF.