La liste n’est pas encore portée à la connaissance du banc syndical, mais la menace de remercier au moins 460 agents lui a été communiquée par l’employeur. Un suicide social en téléchargement que l’Intersyndicale dénonce et alerte.
En effet, pour résilier les contrats de ces travailleurs, Equity-BCDC les accuse de fraude et corruption et cela sur base d’une enquête qu’elle prétend avoir menée depuis Kenya (siège principal de cette banque, Ndlr) sur les mouvements bancaires dans le compte de chaque agent au Congo. Outre le versement des salaires mensuels, les enquêteurs auraient découvert d’autres entrées dans les comptes des agents qu’ils ont estimées provenir des transactions en faveur de certains clients, et les ont considérées comme des pots-de-vin assimilables à la corruption.
Equity-BCDC a fait pleuvoir avec précipitation, à en croire l’Intersyndicale, des demandes d’explications aux agents à partir du jeudi 10 juin dernier, procédures disciplinaires susceptibles de conduire à un licenciement massif.
Fuite en avant d’Equity-BCDC
L’Intersyndicale qui qualifie l’enquête menée par le Groupe Equity depuis Kenya d’illégale, soutient que la banque fait la fuite en avant pour se soustraire de ses obligations. Elle a en effet amorcé cette procédure de va-t-en-guerre au moment où elle est sommée de se conformer aux exigences de la nouvelle Convention collective en ce qui concerne l’alignement des agents au nouveau barème salarial avec effet rétroactif au 1er novembre 2024, soit huit mois de réajustement des salaires.
Dans une correspondance du 12 juin 2025 adressée à madame le directeur des Ressources humaines d’Equity Banque Commerciale du Congo S.A, l’Intersyndicale demande que lui soient fournis avant d’engager les sanctions sur les travailleurs, primo, le code de bonne conduite ainsi que les procédures internes susceptibles d’engager des enquêtes en cas de suspicions ; secundo, la liste exhaustive des agents concernés pas ces investigations et la qualification des faits pour chaque cas ; tertio, la période couverte par les faits faisant l’objet des enquêtes ; et quarto, le montant global estimé des fraudes identifiées à ce jour.
Intervention des autorités sollicitée
L’Intersyndicale a écrit le 17 juin au ministre du Travail et de l’emploi, puis le 19 juin à la gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC) pour solliciter auprès de chacun son implication en vue de stopper ce suicide collectif des agents Equity-BCDC.
Au ministre du Travail et de l’emploi, il est demandé de suspendre immédiatement cette procédure cavalière et arbitraire ; d’engager un dialogue tripartite impliquant l’employeur, les représentants syndicaux et l’administration du travail ; de garantir le respect des droits fondamentaux des travailleurs et des obligations légales relatives aux relations professionnelles.
A la gouverneure de la BCC entant qu’autorité monétaire, l’Intersyndicale demande de stopper cet élan qui étouffe la liberté des agents, les poussant à la porte par des vagues de démissions ou de licenciements abusifs.
« Cette attitude de va-t-en-guerre de l’employeur nous pousse à coup sûr vers le déclenchement d’une grève généralisée, ce qui, au regard de la situation sécuritaire actuelle et surtout du positionnement d’Equity BCDC dans le système financier congolais, constituerait un risque énorme de récession dont nous ne pouvons pas nous permettre », prévient l’Intersyndicale qui affirme que les agents sont traumatisés et démotivés.