Le premier mandat du président de la République, Félix Tshisekedi, a connu au début comme ministre, mieux vice-premier, ministre de la Justice et de garde des sceaux, Célestin Ntunda ya Kasende, pour le compte du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila qui était en coalition avec le Cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekedi. Malheureusement, Ntunda ya Kasende est parti, forcé de démissionner après quelques heures passées sous de sales draps, avant que la coalition entre les deux parties ne tombe.
En effet, brièvement arrêté au parquet près la Cour de cassation où il était poursuivi pour « faux et usage de faux » pour avoir transmis à l’Assemblée nationale l’avis du gouvernement sur trois propositions de loi très controversées, initiative qui avait été jugée personnelle au Conseil du gouvernement par le président de la République, Célestin Ntunda ya Kasende déclara à sa relaxation que c’était sur ordre de « yemeyi », allusion faite au président honoraire Joseph Kabila son mentor. C’est finalement cette déclaration qui avait signé du coup son éviction du gouvernement Ilunkamba, laissant tous les avantages qu’il lorgnait y compris le dossier Frivao qui est actuellement source de malheur de Constant Mutamba.
Rappelons en effet que lorsque l’Ouganda est condamné par la Cour pénale internationale de payer 325 millions USD à la RDC pour sa participation à la guerre de six jours de Kisangani, c’est André Lite, alors à l’époque ministre des droits humains, qui travailla sur la structure devant gérer ce fonds destiné aux victimes de cette guerre entre les armées ougandaise et rwandaise sur le sol congolais en juin 2000. Mais par préséance, Célestin Ntunda ya Kasende « s’accapara » du dossier et plaça le Frivao sous la tutelle de son ministère (Justice et garde des sceaux), en accordant à celui-ci une quotité dans la clé de répartition. Malheureusement, il est parti odeur de l’argent au nez, mais sans le toucher aux doigts. La bénéficiaire de cette quotité fut Rose Mutombo qui le remplace dans les gouvernements Sama Lukonde I et II.
Constant Mutamba arrive à l’avènement du deuxième mandat du président Tshisekedi comme son ministre d’État, ministre de la Justice et de garde des sceaux. C’est dans l’actuel gouvernement dirigé par madame Judith Suminwa. Le jeune ministre d’État presque le jeune de tous, animé par l’esprit des mouvements citoyens – Nogec, Nouvelle génération pour l’émergence du Congo, dont il est président avant de le transformer en parti politique – se montre très rigoureux contre les antivaleurs, notamment la corruption et l’injustice qui gangrènent l’appareil judiciaire déjà qualifié par le président de la République lui-même de « malade ». Mutamba est vite pressé d’apporter des réformes qui vont frustrer les magistrats dans les « états généraux de la Justice » par lui organisés pour soigner cette justice « malade ».
Le jeune Mutamba qui se prive des voyages prestigieux comme d’autres ministres en étranger, pensant aider le président de la République dans sa quête de redresser une justice par lui qualifiée de « malade », se lance à dénoncer et d’être en déphasage avec le les hauts magistrats du Conseil supérieur de la magistrature. Mais c’était sans compter sur l’imprévisibilité du président de la République, comptant malheureusement sur sa protection, en s’attaquant aux magistrats qui rendent cette justice malade et certains faucons établis dans l’appareil de l’État congolais depuis un certain temps…
La vengeance étant un plat qui se mange froid, les magistrats caïmans et les faucons frustrés cherchaient par tous les moyens à réprimander le « populisme » de ce jeune ministre (37 ans), candidat président de la République à 35 ans, l’âge où Patrice Lumumba avait été assassiné. Voilà qu’ils en ont profité de sa maladresse administrative dans la passation d’un marché pour la construction d’une prison à Kisangani qu’ils ont passé comme un crime abominable pour le crucifier. On dirait la condamnation, mieux la sentence dans le fable « les animaux malades de la peste » de Jean de La Fontaine envers l’âne alors que Roi le Lion avait fait pire…
Mutamba va être condamné, c’est certain parce que ses bourreaux ligués, sont déterminés à l’enterrer quoi qu’il en soit, mais la réalité est qu’il gênait les intérêts de tous les prédateurs financiers y compris le PG Mvonde qui le poursuit avec acharnement et pour qui, il avait sollicité auprès de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Agence nationale de renseignements (ANR) une enquête sur l’acquisition d’une maison en Belgique pour une valeur d’au moins 900 mille euros. Or, cette volonté de bien faire du PG Firmin Mvonde n’a pas été manifeste dans les dossiers Gecamines avec Albert Yuma, récemment du vice-gouverneur du Lualaba qui a manifesté une haine envers Joseph Kabila sur ses panneaux dans la ville de Kolwezi à l’occasion de l’organisation de la douzième conférence des gouverneurs de province pour ne citer que ceux-là qui sont en flagrance…
Mais curieusement, les deux ministres de la Justice en disgrâce sous les deux mandats de Félix Tshisekedi sont ressortissants de Kabinda, mieux de la province de la Lomami, l’une qui compose l’espace grand Kasaï. Est-ce le karma pour Kabinda ou une simple coïncidence ? Mais ce qui est vrai, Mutamba a mis mal à l’aise beaucoup qui bénéficiaient dans la quotité réservée au ministère de la Justice sur les fonds versés par l’Ouganda. Sinon, si le PG Mvonde est correct avec lui-même, qu’il remonte jusqu’au déluge pour savoir qu’est-ce Rose Mutombo avait fait de cette quotité en son temps. Ça sera vraie justice rendue pour tous. A défaut de le faire, c’est tout simplement un règlement des comptes.