Tiré de Le Grognon Manager.
Le gouvernement Suminwa dresse un bilan économiquement ambitieux et prometteur mais le ressenti populaire est teinté de scepticisme, voire de frustration, face à un panier de la ménagère qui demeure désespérément sous pression. Du coup, ledit bilan ne satisfait personne, mais suscite au contraire de nombreuses interrogations. Où est l’espoir? Où est la vision? Où est la Judith Suminwa qui devait incarner le renouveau de notre pays? Alors que le bilan officiel met en avant quelques avancées, décryptons ensemble cette situation complexe, explorons les aspirations des Congolais et évaluons les perspectives d’avenir de la Première ministre Suminwa.
Un bilan «impressionnant sur le papier» !
Le gouvernement Suminwa a indéniablement hérité d’une situation économique complexe. Les indicateurs macroéconomiques, souvent mis en avant dans les bilans officiels, témoignent d’une certaine résilience. On parle des résultats impressionnants sur le papier : stabilisation du franc congolais autour de 2.856 CDF/USD, inflation réduite de 23,8 % à moins de 10 %, réserves internationales en hausse à 6,15 milliards USD, et baisse des prix de certains produits de base comme le maïs… et le discours officiel se veut résolument optimiste.
Cependant, cette vision positive se heurte à une réalité plus crue : celle du vécu quotidien des Congolais. Le coût de la vie reste prohibitif pour une grande partie de la population, et l’accès aux biens et services essentiels (alimentation, santé, éducation) demeure un défi constant. Les fruits de la croissance, si elle existe, ne semblent pas irriguer équitablement l’ensemble de la société.
Le panier de la ménagère sous pression : une réalité incontestable
Au cœur de cette dissonance entre discours officiel et réalité vécue se trouve la question du pouvoir d’achat. L’inflation, même maîtrisée selon les chiffres officiels, continue de ronger le budget des familles. Les prix des denrées alimentaires de base flambent, les transports deviennent de plus en plus onéreux, et l’accès aux soins de santé reste un luxe pour beaucoup.
Cette situation engendre un sentiment de précarité et d’incertitude généralisé. Les Congolais ont du mal à joindre les deux bouts, à nourrir leurs familles et à assurer leur avenir. Le fossé se creuse entre les élites qui bénéficient des opportunités économiques et la masse de la population qui lutte quotidiennement pour sa survie.
Que pensent les Congolais de ce bilan ?
Il est difficile de dégager un consensus clair sur l’appréciation du bilan Suminwa. Les opinions divergent en fonction du niveau de vie, de l’appartenance sociale et des affinités politiques. Cependant, un sentiment général de déception semble prédominer.
Beaucoup estiment que Suminwa et son gouvernement n’ont pas suffisamment pris en compte les préoccupations des populations les plus vulnérables. On leur reproche un manque de proximité avec les réalités du terrain, un discours trop optimiste déconnecté des difficultés rencontrées au quotidien, et un manque de mesures concrètes pour améliorer le pouvoir d’achat.
Quelles sont les aspirations des Congolais ?
Au-delà des critiques, les Congolais nourrissent des aspirations profondes. Ils aspirent à une vie digne, à la possibilité de se nourrir, de se loger, de se soigner et d’éduquer leurs enfants dans des conditions décentes. Ils rêvent d’un Congo où chacun aurait sa chance, où la corruption serait éradiquée et où la justice serait accessible à tous. Ils souhaitent un gouvernement qui les écoute, qui les comprenne et qui agisse en faveur de l’intérêt général. Ils veulent des politiques publiques qui répondent à leurs besoins réels, des mesures concrètes pour améliorer leur qualité de vie et un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais, visiblement, il y a loin de la coupe aux lèvres avec Judith Suminwa et son gouvernement.
Un sondage réalisé en octobre 2024 indiquait que 57,8 % des personnes interrogées jugeaient son bilan positif, tandis que 26,9 % le considéraient négatif et 11,3 % mitigé. Aujourd’hui, en 2025, on hésite à croire que les choses ont vraiment évolué positivement. Mais, Judith Suminwa a décidé de concentrer ses efforts sur plusieurs chantiers prioritaires, notamment les infrastructures, l’éducation et la santé. Lors de sa visite au Kasaï, elle a mis en avant des projets de désenclavement et de modernisation des routes, avec un accent particulier sur le pont Loange, qui nécessite des financements urgents.
Sur le plan budgétaire, la Première ministre a rappelé que 1,7 % du budget national a été absorbé par la guerre à l’Est, ce qui, selon elle, limite les ressources disponibles pour les investissements sociaux. Malgré cela, elle a réaffirmé son engagement à poursuivre les projets de développement, notamment la réhabilitation des infrastructures hydrauliques et énergétiques.
En matière de gouvernance, elle a insisté sur la nécessité de respecter la rétrocession des 40% des recettes nationales aux provinces, conformément à l’article 175 de la Constitution. Ce point est crucial pour assurer un développement équilibré entre les régions.
Mais, tous ces vœux pieux n’ont pas été suivis d’actions concrètes sur le terrain et le peuple profond désespère de jouir un jour de leurs prétendus bienfaits avec elle aux affaires.
Au regard de tout ce qui précède, l’on peut dire sans risque d’être contredit que l’avenir du gouvernement Suminwa ne tient plus qu’à un fil et dépendra de sa capacité à répondre, enfin, dans les plus brefs délais, aux attentes de la population, à mettre en œuvre des politiques efficaces et à restaurer la confiance dans les institutions.
En plus, la nécessité d’une action concrète, d’une communication transparente et d’une gestion rigoureuse est plus pressante que jamais. C’est seulement à ce prix qu’elle pourrait arriver à relever les défis auxquels la RDC est confrontée. Mais, à condition que Fatshi consente à lui donner une seconde chance.
Dès lors, la question de l’avenir politique de Judith Suminwa est donc légitime. Sa reconduction à la tête du gouvernement en cas de remaniement dépendra de plusieurs facteurs. Tout d’abord, de sa capacité à convaincre le président de la République de sa compétence et de sa loyauté. Ensuite, de sa capacité à mobiliser un soutien politique suffisant au sein de la coalition gouvernementale. Enfin, et surtout, de sa capacité à répondre aux attentes de la population et à améliorer concrètement son quotidien.
Si le gouvernement Suminwa parvient à démontrer qu’il est capable de traduire les ambitions macroéconomiques en améliorations tangibles pour le panier de la ménagère, alors ses chances de rempiler seront considérablement renforcées. Mais le sort n’en serait-il pas déjà jeté ?