« Guerre des six jours de Kisangani » : Un documentaire de Divo International, 25 ans après, pour immortaliser l’histoire

L’histoire ne mérite jamais l’effacement, surtout celle marquée par des horreurs et des douleurs atroces dont les cicatrices sont très visibles et facilement perceptibles même de loin. C’est cette histoire d’une ville déchirée pendant six jours, soit du 05 juin au 10 juin 2000, par une guerre injustifiée pour ses habitants mais malheureusement victimes, que l’Agence Divo International de Déo Kasongo immortalise, 25 ans après, dans un film documentaire.

C’est dans la salle de spectacles Showbuzz à Kinshasa que ce film documentaire qui dure une heure, a été pour la première fois projeté devant le public diversement composé, dans la soirée de jeudi 05 juin 2025.   

Plein de témoignages des victimes amputées qui des jambes ou des bras, des blessés ou encore des rescapés ainsi que des analystes et autres défenseurs des droits de l’homme,  ce film retrace les affres de cette guerre des six jours opposant les armées ougandaise et rwandaise de la capitale de l’ex-Province Orientale. Il se veut désormais un cri visuel, un outil de mémoire mais aussi un acte politique fort dans une République démocratique du Congo qui continue à panser ses plaies.

Des récits glaçants d’enfants mutilés, de familles décimées, et de survivants abandonnés dans l’oubli ; Une fillette de sept ans mutilée après avoir été atteinte par un éclat de bombe ; Un père retrouvant sa femme et ses enfants morts dans leur maison détruite ; Un militant de la société civile résumant six jours d’enfer par cette phrase : « Il n’y avait que de bombes. On ne savait pas si on allait survivre » ; Tout est à retrouver dans ce film.

Mais avant la projection de cette œuvre de l’Agence Divo International dédiée à honorer les victimes d’un conflit sanglant resté trop longtemps dans l’oubli, tout en ouvrant la voie à une justice encore trop lente à se dessiner, le coordonnateur du Fonds spécial de réparation et d’indemnisation aux victimes des activités illicites de l’Ouganda (FRIVAO), structure mise en place par le gouvernement congolais depuis 2019 pour indemniser les victimes grâce aux fonds de dédommagement versés par l’Ouganda issus de sa condamnation par la Cour internationale de justice, a, dans son allocution introductive, qualifié cette histoire tragique « d’une plaie restée ouverte ».

Chancard Bolukola a évoqué les violations massives des droits humains perpétrées lors des affrontements entre les troupes ougandaises et rwandaises sur le sol congolais, qui avaient laissé derrière elles des milliers de morts, des blessures morales profondes et des infrastructures en ruines.  Il a expliqué que ce film documentaire n’était pas une œuvre parmi d’autres, mais un geste profondément réfléchi. Le FRIVAO, a-t-il soutenu, avait voulu ce projet, l’avait porté et réalisé avec la conviction que la mémoire pouvait être un ferment de paix.

Le responsable du FRIVAO a déclaré que l’objectif de ce film allait bien au-delà de la simple commémoration. Il l’a présenté comme une tentative de « réparer l’irréparable », de « panser l’invisible », de « redonner un nom aux anonymes » et « une voix aux oubliés ». Pour lui, cette production représentait une leçon d’histoire, un hymne à la justice et un plaidoyer pour la dignité humaine. D’ailleurs, il a affirmé que cette œuvre appelait chacun à sortir de l’indifférence, à se confronter à ce que beaucoup avaient préféré oublier, et à assumer collectivement le devoir de mémoire.

Rwanda, un coupable connu mais pas encore condamné

Si l’Ouganda a été condamné à payer par cinq tranche la somme de 325 millions USD comme dommages à la RDC, bien que cette somme soit jugée modique, le Rwanda par contre ne l’est toujours pas encore. Il se refuge derrière sa non adhésion au Statut de Rome et récuse la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice devant lesquelles les autorités ont déposé des plaintes.

Une attitude tacitement acceptée par la communauté internationale qui, non seulement meurtrit davantage les cœurs des victimes de cette guerre de six jours, mais révolte certaines organisations de défense des droits humains comme Amnesty International qui a publié, à l’occasion de ce vingt-cinquième anniversaire des affres de Kisangani, un rapport poignant intitulé « Le Congo, ça n’émeut personne ? ». Dans  ce document, l’ONG ravive les douleurs d’un conflit meurtrier opposant les armées ougandaise et rwandaise sur le sol congolais entre le 5 et le 10 juin 2000.

Révoltée, elle dénonce l’absence totale de justice, le silence des institutions, et une gestion opaque des réparations. Elle appelle à des enquêtes immédiates, à des procès crédibles, et à une réelle écoute des victimes. « La Cour pénale internationale, incompétente pour les crimes commis avant 2002, n’a pu intervenir. Et les survivants, eux, continuent de crier dans le désert », s’inquiète Amnesty International.

Le Rwanda, mieux le régime de Paul Kagame doit impérativement répondre de ses actes comme l’Ouganda l’a fait, telle est l’exigence de beaucoup d’ONG de défense des droits de l’homme.  

  • Bendélé Ekweya té

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