Dans une déclaration poignante faite dans une vidéo depuis la capitale congolaise ce lundi 02 juin 2025, l’opposant politique Martin Fayulu a lancé un vibrant appel à la responsabilité à l’endroit de ses compatriotes, dans un contexte qu’il qualifie de « l’une des heures les plus sombres » de l’histoire de la République démocratique du Congo.
Avec un ton grave et sans détour, Fayulu met en garde contre ce qu’il considère comme une menace imminente de balkanisation du pays, un scénario longtemps redouté, qui, selon lui, est désormais en marche. L’ancien candidat à la présidentielle de 2018 s’adresse particulièrement à trois figures majeures du paysage politique congolais : Corneille Nangaa, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Martin Fayulu interpelle tout d’abord Corneille Nangaa, l’ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), l’accusant d’être complice des violences et du démembrement en cours. « Le sang congolais ne peut plus couler avec votre complicité. Aucune ambition ne vaut le prix de la souffrance de tout un peuple », dit-il à Nangaa.
À Joseph Kabila, l’ex-président qui a longtemps dirigé le pays, Fayulu adresse un rappel à l’histoire et à la nécessité de se désolidariser des intérêts étrangers : « L’Histoire ne pardonne pas les trahisons, encore moins celles faites à la patrie ».
Enfin, à Félix Tshisekedi, actuel président de la République, il lance un cri du cœur : « Ne pas laisser notre génération être celle qui aura vu le Congo se désintégrer. […] Je veux vous voir, non pas pour une faveur, mais pour une discussion directe »
Un appel au peuple et à la résilience nationale
Loin de se limiter à la sphère politique, l’appel de Martin Fayulu s’adresse également à l’ensemble du peuple congolais, qu’il exhorte à se réveiller, à se redresser et à faire preuve de patriotisme. Citant l’hymne national, il rappelle que les paroles ne doivent pas rester de vains mots : « Dressons nos fronts longtemps courbés, et restons des morts vivants ».
Dans un contexte de tensions croissantes à l’Est du pays, notamment dans la région de Goma, Fayulu souligne que le dialogue est le seul chemin vers la rédemption, et non la compromission.
Une rhétorique de sacrifice et d’espoir
La lettre, empreinte d’émotion, de gravité mais aussi d’espoir, s’achève sur une déclaration forte : « Oui, s’il faut mourir pour que le Congo renaisse, alors mourons. Mais que notre mort soit utile ».
Fayulu appelle à un éveil patriotique, un sursaut d’honneur et une unité nationale face à ce qu’il perçoit comme une trahison historique. Il souligne que le Congo « ne se brade pas » et « ne se donne pas en chaos », tout en affirmant que le peuple mérite mieux que « le sang versé n’a jamais valu rien ».
Enjeux politiques et nationaux
Cette sortie médiatique de Martin Fayulu intervient à un moment critique où plusieurs observateurs redoutent un nouvel effritement de la souveraineté congolaise, particulièrement dans ses provinces frontalières. L’appel de l’opposant pourrait bien raviver le débat national sur l’intégrité territoriale, la gouvernance politique, et le rôle des élites dans la crise nationale.
Alors que les Congolais continuent de faire face à l’instabilité, à l’insécurité et à des défis économiques croissants, ce message pourrait marquer un tournant dans le discours public, ravivant une volonté populaire de mobilisation citoyenne.