Accusé par l’ONG ASSOMIP.Mu auprès du président de la République d’un présumé détournement des deniers publics, le directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), Miguel Kashal, s’est vu adresser une lettre par Anthony Nkinzo, directeur de cabinet du président de la République.
« Les éléments présentés dans le dossier transmis à la haute hiérarchie comportent un ensemble de données financières et comptables qui, sans préjuger de leur exactitude, soulèvent des interrogations sur la régularité de certaines opérations. Il est donc requis de faire la lumière sur les faits dénoncés au ministre de l’Industrie et développement des petites et moyennes entreprises, et petites et moyennes indistries, qui me lit en copie, qui saura faire le point à la haute hiérarchie », peut-on lire dans cette correspondance d’Anthony Nkinzo à Miguel Kashal.
Mais cette formulation n’est pas du tout du goût du professeur du Droit, Sam Bokolombe, député honoraire. Cet ancien de l’UNC et collaborateur de Vital Kamerhe l’a manifesté à travers un post sur son compte X (ancien Twitter).
Bien que saluant l’intelligence du directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi avec qui il a eu plusieurs fois des échanges fructueux sur des questions économiques, le professeur Sam Bokolombe le trouve cependant complaisant face une grave dénonciation de détournement par un gestionnaire, informée au chef de l’Etat, et lui pose trois questions directes :
1° D’où vient l’idée d’écrire au suspect pour apporter des éclaircissements à son ministre de tutelle ? Une personne mise en cause peut-elle apporter des éléments objectifs sur les accusations portées contre elle ? Elle procéderait comment ? « Mr le ministre, je viens vous voir au sujet de ce dont je suis accusé à la présidence. » M’enfin !
2° Pourquoi ne pas demander au ministre de tutelle, sous le sceau de la confidentialité, de procéder aux enquêtes sur le dossier, d’en tirer les conséquences et de faire rapport à qui de droit ?
3° Pourquoi ne pas saisir l’organe de la loi de cette affaire pour accomplir les diligences qui s’imposent, évidemment, après instruction de la hiérarchie ?
« Je note un manque de sérieux de votre part dans le traitement de ce dossier. En effet, écrire au suspect pour prétendument édifier le ministre de tutelle sur des malversations lui imputées est une marque de complaisance avec ce gestionnaire. Dites-moi quels en seraient les motifs ? », conclut le professeur Sam Bokolombe en martelant que « l’absurdité manifeste de votre réaction telle qu’en témoigne votre correspondance atteste que vous n’avez aucun respect pour tous ceux qui y ont accédé. Dire à quelqu’un, « voilà on vient de vous accuser de détournement de deniers publics, je vous demande d’aller vous expliquer chez votre ministre ». Une telle démarche, il faut l’imaginer. C’est incompréhensible pour tout individu doté de raison ».
L’ancien député national ne cache pas sa déception : « Ma raison est heurtée parce qu’il s’agit d’une dénonciation qui concerne une présomption de détournement de deniers publics. Et, comme juriste, vous savez que c’est une grave infraction qui porte atteinte à l’ordre public. Elle nous concerne tous. C’est notre argent. Le sérieux aurait dû donc être de mise ».
Il faut indiquer que selon une certaine presse, le DG de l’ARSP aurait été empêché d’embarquer hier à l’aéroport international de N’djili pour l’étranger et serait mis en résidence officielle. Une information démentie avec forme en des termes identiques par les journalistes de son armée numérique.