Paiement du personnel des cabinets par « Maboko banque » au Parlement : Gestion opaque de Kamerhe et Sama Lukonde pour camoufler les détournements 

Que ce soit à l’Assemblée nationale dirigée par Vital Kamerhe qu’au Sénat chapeauté par Jean-Michel Sama Lukonde, la paie du personnel des cabinets de différents membres du bureau se fait, voilà près d’une année, à la main. Opération appelée dans le jargon administratif congolais « maboko banque ».

Cette pratique qui passe par la signature par ces agents aux services de différents membres des bureaux, sur des listes de paie facilement falsifiables, camoufle une grande opacité gestionnaire des deniers publics qui ne permet pas aux services de contrôle financier de retracer les dépenses effectuées sur les fonds de fonctionnement attribués aux deux chambres, étant donné que le barème salarial imposé à ce personnel des cabinets, dépend d’un membre du bureau à un autre et se paie selon les humeurs. Aucune uniformisation.

Selon les informations obtenues des deux chambres par Scoop RDC, c’est chaque membre du bureau qui récupérerait sa part de frais de fonctionnement pour son cabinet et s’occuperait du paiement du personnel qu’il engage selon le barème par lui fixé en fonction de l’enveloppe.

Non-signature des décisions par les présidents des bureaux, blocage du processus de bancarisation

Même si au Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde a signé il y a deux mois la décision de nomination du personnel dans différents cabinets des membres du bureau (premier vice-président, deuxième vice-président, le rapporteur, le rapporteur adjoint, le questeur et le questeur adjoint) et qu’à l’Assemblée nationale Vital Kamerhe ne l’a pas encore fait on se sait pourquoi, les choses ne sont toujours pas en ordre. 

Or, ce sont ces décisions de nominations du personnel dans les cabinets de différents membres du bureau qui déclenchent le processus de bancarisation et déterminent selon la nomenclature de la fonction de chaque agent (au plus 20 pour les présidents et pas plus de 13 pour le rapporteur et le questeur adjoint), le barème salarial.

Malheureusement, le flou et les manœuvres entretenus jusqu’à ce jour pour éviter la bancarisation, ne peuvent se justifier que par la volonté délibérée des membres des deux bureaux sans exception, d’avoir des matelas financiers constitués sur les dos de ces pauvres agents qui travaillent dans leurs différents cabinets. Non sans raison, car il est rapporté à Scoop RDC qu’un conseiller au cabinet d’un membre de bureau toucherait, si c’était à la banque, outre différentes primes, au moins 2.500 USD, alors que malheureusement avec le système de « Maboko banque », beaucoup qui ont ce grade, touchent à la main auprès des comptables entre 1500 et 1200 USD, voire même moins. 

Cabinets inutilement pléthoriques

D’après les informations parvenues au média en ligne, les membres des deux bureaux se sont vus doublement sous la pression, d’une part de leurs électeurs collègues sénateurs, et d’autre part de leurs familles politiques qui ont recommandé à flot des personnes à engager. D’où le surpeuplement de cabinets parfois par des copines frimeuses et improductives, qui occasionnent des coupes sur les rémunérations de ceux qui travaillent véritablement et compliquent les deux présidents à prendre des décisions de nomination. Au Sénat par exemple, apprend Scoop RDC, Sama Lukonde s’était retrouvé devant une liste d’au moins 300 agents à nommer alors que pour l’ensemble de 7 membres du bureau, le nombre ne peut pas dépasser 120 agents.

Beefsteak pour les membres du bureau, miettes pour le personnel des cabinets

L’eau va toujours à la rivière, dit-on. Alors que le tout dernier membre du bureau au Sénat touche, selon ce qui est rapporté à Scoop RDC, au moins 300 mille USD, sans compter les frais de fonctionnement mis à sa disposition, certains d’entre eux ne se gênent pas de se rabattre même sur les petites primes et autres avantages pécuniaires du personnel de cabinet.

Il est même rapporté des cas de discriminations flagrantes dont sont victimes le personnel politique au sein de certaines commissions permanentes et ad hoc : on paie les jetons de présence des députés/sénateurs et les administratifs pendant qu’on ignore ouvertement le personnel politique qui y a siégé. Leurs perdiem auraient été empochés par leurs chefs ou détournés par le service financier.

Qu’attend le président Kamerhe pour agir afin que les deux chambres parviennent à bancariser la paie du personnel des cabinets ? Pourquoi vouloir pérenniser le phénomène « Maboko banque » alors qu’il est très préjudiciable à leurs collaborateurs des cabinets ? Une source à l’Assemblée nationale affirme à Scoop RDC que le président Kamerhe de 2007 n’est pas financièrement et humainement celui de 2023. Ce dernier est méconnaissable dans les actions jadis posées par lui en faveur des agents à son service. Pourquoi cette perte d’humanisme ?

Si Sama Lukonde s’embrouille encore, Vital Kamerhe qui a exercé déjà cette fonction, a intérêt à entraîner son collègue du Sénat, s’ils veulent entrer dans l’histoire comme leurs éminents prédécesseurs Minaku, Mabunda, Kengo, Thambwe Mwamba et même Bahati, qui ont laissé des bonnes empreintes. Car l’environnement de travail actuel dans les deux chambres ne favorise guère un climat de confiance et de plein épanouissement pour les membres de cabinets. 

N’est-ce pas qu’un dicton populaire dit : « quand on mange à la table d’honneur, on ne se dispute pas les os avec les chiens. Ils en ont besoin pour mieux vous sécuriser ! » ? Ou encore ce noble adage africain qui dit : « C’est lorsque le Roi a faim que tous les membres de sa cour mangent » ? Kamerhe et Sama s’inspirent malheureusement du contraire oubliant que le manque d’amour pour le prochain est la plus grande pauvreté.

Cette situation, non seulement crée un malaise mais entretien un autre malaise à venir, car les membres du cabinet dont la nomination n’est pas assortie d’un arrêté en bonne et due forme ne peut prétendre au paiement des indemnités de sortie à la fin de son service. Et sans bancarisation, par quel moyen ces indemnités seront-elles payées à ceux qui sont nommés et par qui ?

  • Bendélé Ekweya té

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