Dans un contexte économique mondial tendu et face aux nombreux défis internes, la République démocratique du Congo (RDC) entend opérer un véritable tournant dans sa politique commerciale.
C’est ce qu’a affirmé avec clarté et détermination Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, lors d’un briefing presse conjoint animé mardi 27 mai 2025 sur les antennes de la RTNC avec Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias.
Dans la droite ligne de la vision de diversification économique prônée par le président Félix Tshisekedi, le Gouvernement dirigé par la première ministre Judith Suminwa met en œuvre une politique ambitieuse, fondée sur des actions concrètes et structurées.
Aux professionnels de médias, Julien Paluku a présenté les quatre piliers de sa stratégie pour un secteur du commerce extérieur plus robuste, compétitif et intégré.
1. Diversification de l’économie : libérer le potentiel agricole
Le ministre du Commerce extérieur a d’abord souligné l’urgence de sortir de la dépendance excessive au secteur minier. Il a plaidé pour une diversification économique axée sur l’agriculture, premier pilier de cette stratégie.
« Si nous valorisons nos terres arables, nous pouvons résorber le chômage et stimuler une croissance inclusive », a déclaré M. Paluku, rappelant que chaque hectare cultivé peut générer plusieurs emplois.
Avec plus de 80 millions d’hectares de terres arables, la RDC dispose en effet d’un immense potentiel agricole encore sous-exploité.
2. Amélioration du climat des affaires : réduire les obstacles à l’exportation
Le deuxième levier repose sur la création d’un environnement favorable aux affaires. Le ministre a dénoncé la lourdeur des procédures administratives qui freinent la compétitivité du pays. À titre d’exemple, exporter un container depuis la RDC prend environ 200 heures, contre une moyenne de 50 heures dans la région.
« A ce rythme, les investisseurs préfèrent s’installer dans des pays voisins mieux organisés. Il est impératif de revoir nos procédures et d’investir dans la modernisation de nos infrastructures logistiques et douanières », a-t-il insisté.
3. Promotion des exportations : inverser la balance commerciale
Depuis 2019, les importations congolaises ont fortement augmenté, atteignant près de 20 milliards de dollars, selon le ministre. Pour rétablir l’équilibre de la balance commerciale, le troisième pilier vise à stimuler les exportations.
« Nous devons passer d’un pays importateur à un pays exportateur net. Cela permettra de générer des devises, soutenir le franc congolais et stabiliser l’économie nationale », a expliqué Julien Paluku.
4. Intégration économique régionale et internationale
Enfin, le quatrième pilier repose sur une meilleure intégration de la RDC dans les structures économiques régionales et internationales. Le ministre a regretté l’absence historique du pays au sein d’organismes tels que la SADC, la CEEAC, l’EAC et l’Organisation Mondiale du Commerce.
« Ce sont ces structures qui forment les acteurs économiques et facilitent l’accès aux marchés internationaux. Notre absence nous a lourdement pénalisés », a-t-il martelé.
Un appel à la mobilisation nationale
Pour sa part, Patrick Muyaya a réaffirmé la volonté du gouvernement de répondre efficacement aux attentes des Congolais. Il a salué les efforts de refondation entrepris par le président Tshisekedi, appelant à une mobilisation collective face aux spéculations politiques.
« Le moment est venu pour chaque citoyen de se mobiliser en faveur de la transformation du pays. Les spéculations infondées et les discours de division ne doivent pas freiner notre élan collectif », a-t-il déclaré, faisant allusion aux récentes critiques de l’ancien président Joseph Kabila.
Une feuille de route claire pour l’avenir
A travers cette stratégie structurée en quatre axes, le Gouvernement Suminwa entend faire du commerce extérieur un véritable levier de développement durable. La RDC dispose des ressources humaines et naturelles pour réussir cette transformation. Sa réussite dépendra toutefois de la volonté politique, de la rigueur dans l’exécution des réformes et de l’engagement citoyen.