Matata : 10 ans de gnouf, le rapport de l’IGF a produit !  

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a rendu, mardi 20 mai 2025, un verdict historique à l’encontre de l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo, au terme d’un procès très attendu. Chef du gouvernement entre 2012 et 2016, Matata a été condamné à 10 ans de servitude pénale principale, assortie de cinq années d’inéligibilité et d’un mandat d’arrestation immédiate.

Saisissant cette affaire en premier et dernier ressort, la haute juridiction congolaise a jugé l’ex-premier ministre coupable de détournement de fonds publics dans le cadre du projet controversé du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un dossier emblématique de la mauvaise gouvernance en RDC.

Selon les attendus du jugement, Matata Ponyo a orchestré la malversation de plusieurs dizaines de millions de dollars destinés à ce projet financé par l’État, lequel n’a jamais produit les résultats escomptés. Longtemps niée par le principal concerné, la responsabilité de Matata a été établie par des éléments matériels et financiers présentés durant les audiences.

Cette condamnation marque une étape inédite dans la lutte contre l’impunité des hauts responsables en RDC. Elle survient dans un contexte de pressions croissantes pour moraliser la gestion publique et rétablir la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants.

Réagissant par le biais de ses avocats, Matata Ponyo a dénoncé un procès politique visant à l’écarter de la scène politique, alors qu’il était pressenti pour se présenter aux prochaines élections. Ses défenseurs ont annoncé leur intention de saisir les instances régionales et internationales pour contester le jugement.

Rappelons que le procès contre Matata est la conséquence du rapport de l’Inspection générale des finances sous Jules Alingete. Ce rapport avait souligné noir sur blanc que l’ancien premier ministre avait fait décaissé plus de 280 millions USD du trésor public dont seulement 80 millions étaient retraçables. Matata qui avait haut et fort déclaré qu’il allait affronter la justice pour prouver son innocence, a plus tard développé le mécanisme dilatoire pour échapper au procès, se cramponnant sur la forme, évitant le fond. Alors que ses immunités avaient été levées quand il fut sénateur et que le procès avait commencé, désengageant le ministère public habilité à solliciter la levée des immunités, Matata a, lorsqu’il est devenu député national, brandi ses immunités et réclamé que la procédure recommence à zéro. Ce qui n’était pas l’entendement de la Cour constitutionnelle malgré le soutien de Matata par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. La Cour a siégé sans lui et l’a condamné à cette peine de 10 ans de prison ferme avec privation de droits d’éligibilité. Quant à ses coprévenus Deogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, et Christo Grobler, l’entrepreneur sud-africain à qui la gestion de Bukanga Lonzo a été confiée, ils sont respectivement condamnés à 5 ans des travaux forcés, d’inéligibilité après avoir purgé la peine (pour le premier) et à l’expulsion définitive du territoire national (pour le second). 

  • Bendélé Ekweya té

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