À l’occasion de la 32ème Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée chaque le 3 mai, la République démocratique du Congo a profité pour organiser une journée sous le signe de la résistance contre la désinformation, dans un contexte de guerre d’agression rwandaise.
Présidée par le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la cérémonie s’est tenue, ce lundi 05 mai 2025, au Fleuve Congo Hôtel, avec la participation active de la première ministre, Judith Suminwa Tuluka, en soutien au ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya, initiateur de l’événement.
Sous le thème : « Le journaliste congolais face au défi de l’Intelligence Artificielle : Information et désinformation en ce temps de guerre d’agression rwandaise », la rencontre a réuni des centaines de professionnels des médias, parlementaires, membres du gouvernement, diplomates et partenaires du secteur de la communication.
La guerre, un frein à la liberté de la presse
La situation sécuritaire dans l’est de la RDC a été au cœur des échanges. Le président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Baudouin Kamanda wa Kamanda Muzembe, a dénoncé les agressions subies par les journalistes dans les zones de conflit, qualifiant la guerre en cours de véritable obstacle à l’expression libre.
« Beaucoup de journalistes ont payé de leur vie pour avoir voulu dire la vérité », a-t-il fait savoir à l’assistance, en saluant en passant les avancées juridiques récentes, notamment la promulgation de l’ordonnance-loi N°23/009 du 13 mars 2023, encadrant la liberté de la presse et d’information en RDC.
Face à la désinformation, le ministre Patrick Muyaya a insisté sur la menace croissante de la désinformation, amplifiée par l’usage abusif de l’intelligence artificielle considérée comme une « armée numérique » des agresseurs. Il a néanmoins affirmé que la RDC est prête à relever le défi.
« Aujourd’hui plus que jamais, le secteur de la communication et des médias se tient debout, réorganisé, responsabilisé et armé pour faire face aux défis de notre siècle », a rassuré Patrick Muyaya en soulignant les efforts du gouvernement en matière de modernisation du secteur, notamment la numérisation, la lutte contre la manipulation, et la refonte du modèle économique des médias.
De son côté, Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), a rappelé aux journalistes leur devoir éthique en ces temps de crise : « Mal informer, c’est trahir ».
Une presse libre, mais responsable
Du haut de la tribune, le président Tshisekedi a réaffirmé son attachement à la liberté d’expression, qu’il considère comme « la pierre angulaire de la démocratie », tout en appelant les journalistes à faire preuve de responsabilité dans un contexte aussi délicat.
« En ce temps de guerre, la liberté ne peut être dissociée du devoir de responsabilité », a exhorté Fatshi les « quados ».
Il les a ensuite invités à ne pas relayer involontairement les messages de l’ennemi et à toujours vérifier leurs sources.
« J’en appelle à la conscience des journalistes. Votre responsabilité est immense. Choisissez de diffuser des informations qui contribuent à la défense de la Patrie », précise-t-il.
Signalons qu’au cours de la cérémonie, un plaidoyer a été formulé en faveur de l’adoption d’une nouvelle loi portant statut du journaliste, pour remplacer l’actuelle ordonnance-loi datant de 1981.
Ce projet figure d’ores et déjà dans le pilier IV du Programme d’actions du gouvernement Suminwa, qui prévoit une modernisation des textes légaux et réglementaires liés à la communication, ainsi que l’élaboration d’une politique nationale cohérente.