Figure respectée du monde catholique kinois, Maître Jeannot Bukoko Mandjumba, ministre extraordinaire de l’Eucharistie depuis plus de quarante-deux ans, rend un hommage émouvant au pape François, qu’il avait eu l’honneur de rencontrer lors de la visite historique du Saint-Père à Kinshasa.
Digne fils de l’Église catholique, Maître Jeannot Bukoko, sexagénaire, incarne depuis sa jeunesse l’engagement profond au service de Dieu et de son Église Universelle.
Dès ses premières années d’études universitaires à Kisangani, au cœur de l’ex – province orientale, il reçoit la mission de ministre extraordinaire de l’Eucharistie – connu localement à Kinshasa sous le nom de “Nkumu” – rôle qu’il continue d’assumer avec une fidélité exemplaire.
Avocat de profession aux barreaux de Kinshasa – Matete et Kananga, mais surtout apôtre de l’humilité, il s’est toujours distingué par sa proximité avec les malades à qui, depuis plus de quarante-deux ans, il apporte l’Eucharistie, perpétuant ainsi une mission de compassion et d’espérance.
Son engagement discret mais profond lui vaut d’être reconnu au sein même des arcanes de l’archevêché de Kinshasa, où son nom est respecté autant par le haut clergé que par les simples fidèles.
On le décrit volontiers, dans le langage des missionnaires Oblats de Marie Immaculée, comme un “oblat sans soutane”, tant sa vie respire l’authentique dévouement évangélique, tant son engagement frôle celui d’une vocation religieuse doublée de lourdes responsabilités au sein des structures de l’église.
Hier, président du Conseil d’administration de Radio Maria en République démocratique du Congo, qui a sorti de chantier à l’arrêt le bel immeuble sur le boulevard Sendwe qui abrite son siège national, et aujourd’hui Vice-Président du Conseil d’administration de l’université Mazenod de la congrégation des Oblats.
Le journaliste Pascal Mulegwa de Radio France Internationale (RFI) qui le côtoie témoigne de cette figure un « cas d’école, un homme d’une grande piété et d’une brillante intelligence, il s’est imposé comme un éminent avocat respecté et prospère, tout en demeurant un chrétien affirmé et reconnu pour sa foi authentique ».
« Malgré son succès et son influence », nous a écrit M. Mulegwa qui dit de « Papa Jeannot, un homme humble, accessible et profondément animé par des valeurs chrétiennes ».
Sa piété et sa persévérance ne sont pas passées inaperçues auprès de Sa Sainteté le pape François. Lors de la visite historique du pape à Kinshasa, Maître Jeannot eut l’honneur d’une rencontre marquante, au cours de laquelle le Saint-Père, touché par ses quarante-deux années de service, lui promit une bénédiction spéciale.

Me Jeannot Bukoko lors de la célébration de la messe par le pape François à Kinshasa.
« J’ai eu le bonheur de le rencontrer. Il avait compris, en quelques secondes, mon service de 42 ans. Il n’a pas oublié. C’est cela un vrai père’ », nous raconte l’avocat reconnaissant « la grandeur d’un pontife pour qui chaque fidèle comptait ».
« Il avait promis de penser à moi, et il l’a fait », se remémore-t-il d’une voie diluée par le chagrin.
Promesse tenue : quelques mois après, à la paroisse Saint – François de Salles dans la commune de Kintambo, Maître Jeannot recevait, à l’occasion du dimanche de la mission, la bénédiction papale, témoignage de la reconnaissance du Vatican pour ses longues années de dévouement. « Il avait retenu, en quelques secondes, mon service de 42 ans… et il n’a pas oublié. C’était un père à l’écoute de chacun », ajoute-t-il, la voix nouée d’émotion.
De leur bref échange à Kinshasa, Maître Jeannot garde une image ineffaçable : celle d’un pape sans barrières, attentif aux humbles, attentif aux petits.
Aujourd’hui, dans l’ombre d’une Église endeuillée, celui qui a bénéficié de la proximité paternelle du pape François pleure un homme « humble », « sans barrières » et sans protocole étouffant ».
Un pasteur universel qui aura marqué sa vie et celle de tant d’autres par son humanité et sa tendresse.
« Il nous a aimés comme un père. Il s’en va, mais son amour et son humilité restent gravés en nous », conclut M. Bukoko qui n’exprime aucune inquiétude sur la succession. Il souhaite « un autre François plein d’humilité, de fidélité et de foi » comme celui qui vient de quitter l’Eglise.