L’interpellation des cadres du PPRD : « L’histoire est un rétroviseur de la vie politique »

Analyse de Moïse Moni Della, Porte-parole du peuple, Président de la Ligue internationale pour la défense des prisonniers (LIDEP), Président des Conade, Co-fondateur historique et authentique de l’UDPS et Vice-ministre honoraire  de la presse et de l’information

Comme on le sait tous, le lundi 10 mars, trois cadres de l’ancien parti au pouvoir – le PPRD – ont été convoqués à l’auditorat militaire sur base des soupçons d’accointance avec les forces négatives. En 2012, j’ai connu ce qui arrive aujourd’hui à Emmanuel Shadary, Aubin Minaku et Ferdinand Kambere. Le régime de l’époque qu’ils incarnaient, m’avait traduit en justice, en suspendant tout d’abord le parti RCDN au sein duquel j’exerçais comme Secrétaire général et président par intérim.  

Le porte-parole du gouvernement de l’époque, Lambert Mende Omalanga, m’avait indexé au cours d’un compte-rendu du gouvernement comme complice parce que je ne me suis pas désolidarisé du président du parti Roger Lumbala qui défendait les thèses du M23 à la recherche de l’imperium du président Tshisekedi suite à l’organisation des élections controversées et les dérives autoritaires du pouvoir  de l’ancien président Kabila. 

Le gouvernement avait qualifié un tel acte de la haute trahison, passible de la peine de mort.  Me Matadi Wamba était l’avocat de la République tandis que le RCDN et moi étions défendus par Me Kabengela qui m’a été recommandé par le président Martin Fayulu.  

La Constitution et la loi portant organisation des partis politiques étaient évoquées pour appuyer leurs accusations. Après avoir défendu le parti aux consultations nationales, écrit une lettre ouverte au président Kabila et entrepris les démarches auprès des organisations de défense des droits de l’homme et dans des chancelleries, le dossier était mis en veilleuse. 

Le « harcèlement » judiciaire contre des responsables du PPRD ressemble évidemment à ce que Roger Lumbala et moi  avions connu à l’époque. 

C’est pour cela je comprends leur indignation et suis mieux placé pour en parler. Depuis le régime du président Mobutu à nos jours, j’ai connu dans ma carrière politique débutée  en 1983 au lendemain de la création de l’UDPS, avec les membres de ma famille, toutes sortes de menaces, tortures  emprisonnements et autres traitements inhumains et dégradants.

Moralité : l’histoire est un éternel recommencement.  Il ne faut pas se servir du pouvoir pour écraser les adversaires. Tout pouvoir a un début et une fin. Demain, on peut utiliser les mêmes méthodes et les mêmes armes contre vous. Comme chantait le légendaire Luambo Makiadi « mokili  tour à tour. Lelo ya yo, lobi ya moninga ». « Mandat ya l’Etat mpe esilaka », rappelait dans une chanson Redy Amisi.

Le plus crucial dans une démocratie est de bâtir un État de droit. La justice, cette colonne vertébrale de la société  humaine, élève  une nation et doit être mise au service de tous et non d’un individu. 

Ce récit doit servir de leçon aux amis du PPRD qui avaient abusé du pouvoir judiciaire hier lorsqu’ils étaient au affaires. Il doit aussi servir de leçon au pouvoir actuel de mon frère Félix Tshisekedi.  Demain, lorsque vous ne serez plus au pouvoir,  vos adversaires peuvent aussi utiliser abusivement l’appareil judiciaire pour vous pourchasser. Tous événements renforcent le besoin d’aller au dialogue préconisé par les confessions religieuses (la Cenco et l’ECC) pour aplanir nos divergences ! Le Congo est et devrait rester notre dénominateur commun.

  • Bendélé Ekweya té

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