G7 : La communauté congolaise du Canada demande à Mélanie Joly d’inscrire la question de l’agression de la RDC à l’agenda

Par Isidore KWANDJA NGEMBO

Du 12 au 14 mars 2025, le Canada sera l’hôte de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à Charlevoix, au Québec.

Depuis la résurgence de la guerre en République démocratique du Congo, la communauté congolaise du Canada constate avec stupéfaction que le Canada est resté sourd-muet à l’horrible tragédie humaine qui se produit en RDC, alors qu’il est très actif à la situation similaire en Ukraine.

En effet, le Canada ne peut pas prétendre qu’il n’a pas des moyens de son action notamment dans ces deux pays des grands lacs africains en guerre, qui sont tous membres de plusieurs organisations internationales dont le Canada a de l’influence.

Au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) par exemple, le Canada est un membre influent qui apporte une contribution substantielle de plus de 40 millions de dollars chaque année. Mais force est de constater que le gouvernement canadien est resté silencieux face à un État membre qui agresse un autre État membre, en bafouant tous les principes et valeurs fondateurs de l’OIF, sans qu’il ne puisse élever sa voix pour dénoncer et condamner cette barbarie ignoble.

Les beaux principes et valeurs que le Canada prône au sein de cette organisation, à savoir la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de la personne, sont en ce moment-ci bafoués par le Rwanda, un pays membre qui s’apprête à accueillir la 46ième Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) du 20 au 21 novembre 2025 à Kigali, sans qu’aucune condamnation ne soit faite, ni réunion d’urgence ne soit convoquée par l’organisation pour statuer, voire même proposer une médiation pour ramener la paix entre les deux pays.

Il est important de rappeler que l’une des missions de l’OIF est de veiller à la prévention et à la résolution des conflits, en soutenant les Etats membres en situation de crise, en proposant la médiation, la facilitation, l’aide à la négociation d’accords de paix, etc. Mais qu’est-ce qu’on observe de ce côté-là : silence radio, alors que plusieurs organisations internationales, continentales et régionales telles que les Nations unies qui ont convoqué deux réunions du Conseil de sécurité en l’espace d’une semaine pour condamner ce comportement. L’Union européenne, l’Union africaine et plusieurs organisations régionales et sous-régionales en ont fait autant pour rechercher des voies et moyens pour solutionner cette crise qui a trop longtemps durée et a fait des millions de morts.

Pour la RDC, la confirmation de la prochaine réunion de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) au Rwanda, qui bafoue impunément les valeurs fondamentales de la francophonie, est perçue comme un soutien implicite de l’organisation à l’agression dont elle est victime par le Rwanda et une humiliation qu’elle ne saura supporter. Elle a par ailleurs déjà renoncé à sa participation si un changement du pays hôte n’est pas fait.

En tout cas, la RDC commence à se questionner très sérieusement sur la nécessité de demeurer encore au sein de cette organisation qui ne lui apporte rien.

Dans un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant, les États créent ou adhèrent à des organisations internationales pour faciliter la coopération internationale, la prise de décision collective, des solutions aux différends qu’ils ne peuvent pas résoudre seuls, établir les normes de comportement et parfois imposer des sanctions aux récalcitrants. Si un État n’y trouve plus d’intérêts, il se retire tout simplement.

Appel vite entendu

Avant même la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 prévue du 12 au 14 mars prochains à Charlevoix, au Québec, les autorités canadiennes ont donné des signaux forts à l’appel des Congolais vivant au Canada.

En effet, dans une déclaration conjointe faite lundi 03 mars 2025, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, et la ministre de la Promotion des exportations, du Commerce international et du Développement économique, Mary Ng, ont condamné l’agression de la RDC par le Rwanda et annoncé les décisions prises par leur pays, le Canada.

« En raison des actions du Rwanda dans l’est de la RDC, le gouvernement du Canada a pris les décisions suivantes : (1) suspendre la délivrance de licences pour l’exportation de marchandises et de technologies contrôlées vers le Rwanda ; (2) suspendre les nouvelles activités commerciales de gouvernement à gouvernement avec le Rwanda, ainsi que le soutien proactif aux activités de développement commercial du secteur privé, y compris les missions commerciales ; (3) revoir la participation du gouvernement du Canada aux événements internationaux organisés au Rwanda, ainsi que les propositions rwandaises pour l’organisation de futurs événements », lit-on dans cette déclaration.

Les trois ministres canadiens font savoir que le lundi 03 mars 2025, Affaires mondiales Canada a convoqué le haut-commissaire du Rwanda au Canada pour lui faire part de la position du Canada quant à la violation manifeste par le Rwanda de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, et pour informer le Rwanda de ces mesures. « Si le Rwanda continue de violer le droit humanitaire international, le gouvernement du Canada envisagera d’imposer des mesures supplémentaires, y compris des sanctions », ont-ils mentionné.  

« La situation humanitaire dans l’est de la RDC a atteint un niveau critique et le Canada demeure déterminé à veiller à ce que les plus vulnérables reçoivent une aide vitale. Le Canada annonce l’octroi de 15 millions de dollars pour l’aide humanitaire en République démocratique du Congo afin de répondre aux besoins des personnes touchées par la crise. », annonce Mélanie Joly, Ahmed Hussen et Mary Ng dans leur déclaration.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une