La coalition M23-ADF est dirigée militairement par Sultani Makenga, autoproclamé général-major. Comme en 2013, après l’évincement de Bosco Ntaganda, c’est lui qui dirigeait les opérations militaires de cette rébellion pro-rwandaise avec le grade de colonel. Sultani Makenga a fait son apparition à Goma après la prise de la ville par l’armée rwandaise sous couvert du M23-AFC, puis à Bunagana où il a tenu une causerie morale avec les FARDC qui se sont rendus.
Mais pour un bon maquillage et montrer à la face du monde que la rébellion est menée par les Congolais, l’homme de Makenga est présenté comme un natif de Rutshuru alors qu’en réalité il est Rwandais. En effet, réputé discret et peu loquace mais aussi moins médiatique, l’ancien colonel aujourd’hui général-major a fait ses armes sous l’ombre du président rwandais Paul Kagamé et a pris part à toutes les insurrections qui ont secoué depuis trente ans l’Est de la RDC. Sultani Makenga aura été de tous les épopées militaires sanglantes au Rwanda comme en RDC.
Tenez, dans les années 1990 pendant la guerre civile rwandaise, Sultani Makenga combattait au sein de l’Armée Patriotique Rwandaise(APR), la rébellion tutsi dirigée par Paul Kagame qui prit le pouvoir en 1994 après l’assassinat du président Hutu Juvénal Habyarimana. Il a fait partie de ceux qui avaient poursuivi et massacrer dans les camps des réfugiés dans l’Est les hutu en RDC sans pour autant couper le pont avec Kigali.
Après la victoire militaire du Front Patriotique Rwandais (FPR), Makenga se recycle à partir de 1996 en RDC où il participe à plusieurs rébellions dans l’Est du pays. D’abord au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) fomentée par l’Ouganda et le Rwanda avec Laurent Désiré Kabila, puis au sein du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) aux cotées d’Azarias Ruberhwa. Son plus grand exploit le sera aux côtés de Laurent Nkunda, de son vrai nom Laurent Nkundabatware Mihigo, dans la rébellion sous le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP). Nkunda est rentré chez lui au Rwanda où il se la coule douce, après son renversement par Bosco Ntaganda.
A la naissance du M23 en avril 2012, il est à côté d’un autre Rwandais Rutaganda Ntibatunganya Bosco dit Bosco Ntaganda qu’il renversa en mars 2013 pour prendre la commande de la rébellion. Ici, il faut dire son adhésion au M23 intervient après sa défection des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) où il venait d’être mixé en refusant une mutation dans une autre province que le Nord-Kivu jouxtant le Rwanda.
Makenga est aujourd’hui sous sanctions des Etats-Unis et des Nations Unies qui ont gelé et l’ont interdit de voyager parce que les membres du M23 ont participé à des exécutions sommaires, des viols et au recrutement forcé d’enfants. Comme Bosco Ntaganda qui a revelé sa vraie identité à la CPI, Sultani Makenga (nom d’emprunt) et d’autres de ses combattants, n’ont de congolais que lesubstantif.
Avec les enquêtes ouvertes par la CPI sur les crimes commis récemment à Goma, ville qui a connu plus de 3.000 morts et plus de 2.800 blessés, Sultani Makenga et les marionnettes comme Corneille Nangaa finiront par être rattrapés un jour par cette CPI, à défaut d’être jugés par la justice militaire congolaise.