Elle est belle et souriante. Mais attention, c’est une beauté venimeuse et un sourire de carnassier qu’incarne Gisèle Busima. Fille de Busima, ancien DG de l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT) à l’époque des 5 chantiers et de la signature du contrat chinois sous Joseph Kabila, nièce de l’ancien gouverneur du Sud-Kivu Marcelin Cishambo, ce proche de Joseph Kabila qui réside aujourd’hui à Kigali, Gisèle Busima est défendu par l’avocat belge Bernard Maingain dans un dossier, à Bruxelles, de présumée séquestration au Département de renseignements militaires, ex-DEMIAP, par le général Christian Ndaywel sous présumée instigation de Patrick Muyaya, brillant porte-parole du gouvernement congolais.
En effet, Me Bernard Maingain, c’est cet avocat qui a défendu les proches du président Paul Kagame dans des affaires liées à l’attentat de 1994. Il a été notamment avocat du Rwanda contre la France sur la responsabilité de Paris dans le génocide rwandais, avocat de Rose Kabuye, ancienne cheffe de protocole de Kagame jugée pour son implication dans l’assassinat de Juvénal Habyarimana, avocat de la communauté Banyamulenge lors des affaires de Minembwe. Ce n’est pas tout, très récemment, Me Bernard Maingain a été avocat de la famille de Chérubin Okende contre le général Christian Ndaywel en Belgique et…avocat de Salomon Kalonda, conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi.
Cette fiche signalétique dévoile du coup la trilogie KKK (Kagame-Kabila-Katumbi) qui est derrière la fameuse plainte déposée à Bruxelles par la fille de Busima contre l’actuel chef d’état-major général de la force terrestre des FARDC, le général-major Christian Ndaywel, à l’époque patron de renseignements militaires congolais. Dans cette plainte, le nom de Patrick Muyaya, brillant porte-parole du gouvernement congolais qui met très mal à l’aise, dans sa stratégie communicationnelle, le régime de Kigali, est cité comme instigateur pour une histoire de jalousie amoureuse, Gisèle Busima prétendant qu’elle aurait sortie avec le jeune ministre de la Communication et de médias. Stratégie rwandaise, mieux poison du régime de Kagame pour sombrer et pourrir la vie politique de ce Muyaya considéré comme épine dans le pied du sanguinaire président rwandais.
Mais tenez, l’affaire commence avec l’arrestation en avril 2024 d’Eric Nkuba, un proche de Corneille Nangaa, cueilli à l’aéroport de Dar-es-Salaam, en Tanzanie, transféré à Kinshasa puis détenu à l’ex-DEMIAP. Dans l’exploitation de ses téléphones, les barbouzes militaires congolaises y trouveront parmi ses contacts, une dame dont les conversations frisaient l’espionnage au service du Rwanda. Et la dame en question, c’est Gisèle Busima Nebale, officiellement manager VIP dans une banque basée à Kinshasa. Les renseignements militaires la localisent et mettent la main sur elle.
En fouillant aussi son téléphone, les agents du DMR y découvrent ses nombreux échanges avec le rebelle Corneille Nangaa, coordonnateur de la coalition AFC/M23 à la solde du Rwanda, dont on dit qu’il sautait sur elle.
Déjà naturalisée américaine, la fille de l’ancien DG de l’ACGT est relâchée par l’ex-DEMIAP à cause de la pression des États-Unis, son pays d’adoption. Elle quittera ainsi la RDC. Mais pendant sa détention pour raisons d’enquêtes, d’ailleurs bien suivie de près par l’Administration américaine, Gisèle Busima n’avait jamais été séquestrée, rapporte un haut responsable du DRM.
Mélange de choux et tomates
Ancienne head of private banking de la FBNBank DRC SA, ancienne executive assistant de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sous Corneille Nangaa et chief executive officer de Futuro Group RDC comme elle se présente, Gisèle Busima prétend qu’elle a eu une relation sentimentale avec PMK et aurait pris la décision de rompre lorsqu’elle a eu connaissance de l’existence d’une rivale. Toujours dans son récit plaintif, la compagne de Corneille Nangaa et l’espionne rwandaise ne parle que d’une rencontre avec son prétendu bourreau (général Ndaywel) dans les locaux de l’ex-DEMIAP. Nulle part elle ne fait part des menaces reçues de la part du présumé ex-compagnon ou d’une quelconque relance de sa part pendant tout le séjour dans les installations du renseignement militaire.
A supposer même qu’elle a eu une relation sentimentale avec PMK dont elle ne détermine pas la période, quelle corrélation entre son arrestation due à son activité d’espionnage au service du Rwanda et sa prétendue ancienne relation sentimentale ? Non seulement qu’il y a volonté de faire mal et mettre en péril le mariage de la personnalité visée, mais aussi l’on n’est pas loin d’une collaboration suspecte et bien ficelée avec le Rwanda, prêt à tout savoir, tout connaître sur les responsables politiques et sécuritaires de la République démocratique du Congo, mais aussi prompt à écorner l’image sinon neutraliser, faire sombrer et pourrir quiconque empêche le régime de Kagame de dormir. C’est dans cet objectif que dans le cadre de ses activités professionnelles comme employée FBNBank DRC SA, Gisèle Busima avait en charge des personnalités VIP pour bien les surveiller au profit du Rwanda. Une vipère !