Violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba par le Rwanda : Ntumba Luaba lance l’alerte et interpelle les pays et les institutions signataires

Après la dénonciation par le président de République, Félix Tshisekedi, de la passivité de la Communauté internationale et l’Union africaine qui frôle la complicité face à la situation néfaste dans l’Est de la RDC, c’est le tour du Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi et de Supervision de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba (MNS), le professeur Ntumba Luaba, de faire entendre sa voix pour réclamer des sanctions contre la Rwanda, l’un des pays signataires dudit accord et contre ses supllétifs du M23.

« …il est plus que temps, après les attaques à l’arme lourde et l’entrée en RDC au grand jour, par milliers, des militaires des unités spéciales rwandaises, pour ouvrir la voie à leurs proxys et collabos du M23, de poursuivre et de sanctionner les responsables bien connus, dans la hiérarchie politique et militaire du Rwanda et du M23, pour les crimes de guerre , les crimes contre l’Humanité et même des actes constituant des atteintes à la Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de Génocide », écrit Ntumba Luaba à M. Huang Xia, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs ; à M. Sghair Mbarek, Haut représentant du président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour la région des Grands Lacs et Chef du Bureau de Liaison au Burundi ; à l’ambassadeur João Samuel Caholo, Secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) ; à M. Elias Mpedi Magosi, Secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ; et à Mme Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et Cheffe de la Monusco.

Le Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi et de Supervision de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba (MNS), le professeur Ntumba Luaba, énumère sans ambages ces crimes : « Au nombre des crimes commis dans la ville de Goma figurent le carnage et massacre inqualifiables du 26 au 29 janvier 2025, la poursuite d’assassinats ciblés, les coupures d’eau et d’électricité, avec des conséquences sanitaires incommensurables, le bombardement des hôpitaux et des camps des déplacés, et les exécutions sommaires. Il y a eu des bombardements indiscriminés sur Goma à partir de Gisenyi, avec de très nombreuses victimes au sein de la population civile, hommes, femmes et nombreux enfants, ainsi que des viols à volonté. Les victimes se comptent par milliers, dont au moins 700 morts, plus de 2.000 blessés et plusieurs milliers des déplacés internes, d’après les premières estimations ».

L’ancien Secrétaire exécutif de la CIRGL sous la première rébellion du M23 en 2012-2013 ne manque pas de responsabiliser la Communauté internationale et l’Union africaine dans leur passivité : « Des crimes graves, massifs et odieux ont été commis sous vos yeux, même les soldats de la paix de la MONUSCO et de la SAMIDRC n’ont pas été épargnés. Il convient de ne pas mettre sur le même pied le bourreau (Rwanda) et la victime (RDC), l’agresseur et l’agressé. Comme vient de le stigmatiser le Président de la RDC, S.E. Félix Tshisekedi Tshilombo, dans son adresse sur la dégradation de la situation sécuritaire à l’EST de la RDC : ‘’le Rwanda continue de violer ouvertement et sans scrupule les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ainsi que les accords régionaux. Pire, ces agissements se déroulent dans une impunité totale…’’. Sans foi ni loi, avec une arrogance inouïe, le Rwanda a violé tous les textes fondamentaux dont vous êtes les garants et les gardiens, de façon répétitive, dans une sorte de permissivité implicite de la part de la Communauté internationale. Outre la Charte des Nations unies et d’autres instruments de l’Union africaine (UA), il viole également, de manière flagrante, le Pacte de Nairobi sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et ses Protocoles. Le Rwanda a ignoré et piétiné tous les engagements des États de la Région au titre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des pays voisins ».

Le professeur Ntumba Luaba s’étonne qu’aucun sommet extraordinaire de la CIRGL ne soit convoqué à ce jour, alors que sept (7) sommets ont été tenus en 2012, dont un sommet commun SADC-CIRGL, pour gérer la situation conflictuelle et des occupations territoriales, y compris de Goma, par les mêmes auteurs.

Et de s’indigner et soupçonner : « On peut aussi s’interroger sur le report sans cesse du 12ème Sommet du Mécanisme Régional de Suivi de l’Accord cadre d’Addis-Abeba. Le Président Kaguta Museveni de l’Ouganda l’ayant repoussé tout au long de l’an 2024 pour finalement proposer en décembre sa tenue au mois de mars 2025, sans aucune raison avancée », avant de solliciter l’engagement des garants à obtenir la cessation des hostilités, le retrait complet et inconditionnel de toutes les troupes rwandaises du territoire congolais et la neutralisation du M23, la rencontre en urgence des Garants de l’Accord-cadre, la convocation des réunions urgentes des institutions qu’ils représentent au niveau de l’Accord-Cadre ainsi que  la tenue urgente de la deuxième réunion quadripartite (EAC, CEEAC, CIRGL, SADC) sous l’égide de l’UA, la première ayant été tenue le 27 juin 2023 à Luanda, en Angola.

Le professeur Ntumba Luaba estime que le moment est venu de passer des condamnations formelles et des dénonciations sans conséquence à de véritables sanctions à l’endroit du Rwanda et de sa hiérarchie politico-militaire. « Le cas FDLR étant un problème rwando-rwandais, après trois décennies, doit pouvoir également trouver une issue politique par le dialogue entre le Gouvernement de Kigali et le groupe armé précité », conclut-il en précisant que ce cas ne sera pas résolu uniquement par des moyens militaires.

Pour rappel, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, est issu du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CIRGL à Addis-Abeba, en Ethiopie ; sommet élargi à l’Organisations des nations unies (ONU), à l’Union Africaine (UA), et à la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Il avait été signé par Joseph Kabila, président de la RDC, François Bozizé, président de la République centrafricaine, José Eduardo dos Santos, président de l’Angola, Pierre Nkurunziza, président du Burundi, Denis Sassou Nguesso, président du Congo, Paul Kagame, président du Rwanda, Jacob Zuma, président d’Afrique du sud, Salva Kiir Mayardit, président du Soudan du sud, Yoweri Museveni, président de l’Ouganda, Michael Chilufya Sata, président de la Zambie, Jakaya Mrisho Kikwete, président de la Tanzanie, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu, Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine et Armando Emilio Guebuza, président de la SADC.

En ce qui concerne les pays de la région, l’Accord recommande un engagement renouvelé à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats voisins ; à ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés ; à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins ; à renfoncer la coopération régionale, y compris à travers l’approfondissement de l’intégration économique avec une attention particulière accordée à la question de l’exploitation des ressources naturelles ; à respecter les préoccupations et intérêts légitimes des Etats voisins, en particulier au sujet des questions de sécurité ; à ne pas héberger ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de génocide ou de crimes d’agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des Nations unies ; et de faciliter l’administration de la justice, grâce à la coopération judiciaire dans la région. Mais c’est tout le contraire avec la Rwanda de Paul Kagame qui l’a violé en fond en comble.

  • Bendélé Ekweya té

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