Depuis l’avènement de Joseph Kabila en 2001 à la tête du pays jusqu’à l’ère Fatshi, à part Claudel Lubaya et Gilbert Tshiongo, tous les gouverneurs de la province du Kasaï central qui leur ont succédé, ont des noms qui commencent avec la lettre «K» : Kapuku Trésor, Kabasubabu Hubert, Kande Alex, Kambayi Denis, Kabuya Martin, Kabeya John et Kambulu Joseph-Moïse. Et chacun d’eux a son histoire tumultueuse.
Si Kapuku a été maudit par les mamans du grand marché de Kele-Kele et est parvenu à une altercation avec son chef coutumier Luandanda, altercation ayant occasionné la mort de son garde de corps avant d’être déchu, Kabasubabu qui l’a remplacé en avril 2011, n’a pas survécu à la tempête de députés provinciaux qui l’ont accusé de mauvaise gestion et l’ont déchu en juin 2012. Pour se défouler, il accusera son mentor Evariste Boshab d’être instigateur de la cabale de sa destitution, et déversera sa colère sur le président Kabila en le dépeignant dans son livre publié quelques mois plus tard comme un président «distrait».
Kande Mupompa, le très adulé député national qui avait rapporté à lui seul au MLC une moisson aux élections de 2006, est parti de la province avec le dossier «Kamuina Nsapu» lui collé au dos et qui fait de lui jusqu’à ce jour une bête noire dans l’espace kasaïen, mais surtout chez les Bajila Kasanga dont Kamuina Nsapu était chef coutumier, malgré le livre « Ma part de vérité » par lui écrit pour se dédouaner.
Son successeur Kambayi Cimbumbu, bien que s’étant battu contre vents et marées pour retourner la paix dans la province, par l’obtention de la reddition des miliciens Kamuina Nsapu, il n’a pas été prophète chez lui. Si ce n’était pas les députés provinciaux qui voulaient sa tête, c’était les jeunes du mouvement citoyen Lutte pour le Changement, LUCHA, qui étaient à ses trousses. Il s’en est sorti quand même honorifiquement avec les élections de décembre 2018.
Kabuya Martin, son challenger à l’élection de 2017 qui l’a finalement remplacé après l’élection gouvernorale du 26 mars 2019, a eu des relations tumultueuses, d’une part avec ses électeurs députés provinciaux, et d’autre part avec la population qui a vu en lui le retour de Kapuku Trésor à la tête de la province, à cause de sa brutalité et ses méthodes caporalistes. Le voilà emporté par la motion de censure contre lui et son gouvernement après le vote de 18 députés contre 12 le mercredi 24 juin 2020.
Kabeya John le remplace en mai 2022 termine le 1er mandat du président Tshisekedi sans être véritablement bousculé par les députés provinciaux. Mais on l’accuse, à tort ou à raison, d’être le gouverneur amorphe qui n’ait rien fait pour la province.
Kambulu Joseph-Moïse est le premier gouverneur du Kasaï central dans le deuxième mandat du président Félix Tshisekedi. Elu en avril 2024, il vient d’avoir un gros pépin à cause de son langage non diplomatique le 24 décembre dernier au cours du briefing presse. Sa déclaration selon laquelle « rien n’est fait pour le Kasaï central » est perçue comme une offense envers le président de la République qu’il l’a mis en porte-à-faux vis-à-vis de la population centre-kasaïenne. Rappelé à Kinshasa, son sort risque d’être scellé.
Qui sera le prochain gouverneur en lettre «K» supposée maléfique et indésirable au Kasaï central ? Croisons les doigts.