La révision ou le changement de la constitution envisagé(e) par le président Félix Tshisekedi continue à susciter un vif débat dans la société congolaise où les positions sont tranchées.
C’est ainsi que les experts, éminents professeurs de la faculté de Droit, ont tenu une conférence-débat, mercredi 4 décembre 2024, dans la salle Monekoso, à l’Unikin, avec la thématique « l’ordre constitutionnel face aux mutations de la société : du populisme au discours académique ».
Pour ces scientifiques, l’initiative du changement de l’actuelle constitution de la République de 2006 est inscrite dans le cadre de la rupture avec toutes les antivaleurs orchestrées dans le passé pour afin poser les bases d’une nouvelle République avec une loi fondamentale adaptée à la société congolaise actuelle.
Dans son intervention, le professeur Grâce Muwawa a véritablement encouragé le changement de la constitution tout en proposant des grandes réformes.
« La pratique du droit, c’est aussi confronter continuellement ses acquis
intellectuels aux questions les plus importantes de l’actualité socio-politique et juridique de pays. Elle provoque continuellement l’auto-remise en question qui fonde, par ailleurs, la gloutonnerie d’une constante auto-mise à jour en lieu et place des idées », a souligné l’éminent professeur Grâce Muwawa.
De son côté, le professeur Camille Ngoma a également détecté des insuffisances à redresser dans une nouvelle Loi fondamentale. Pour lui, la suppression du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), du Conseil économique et social qu’il considère d’une part stériles, et d’autre part budgétivores.
Toujours dans le cadre des réformes de la nouvelle constitution, le professeur Ngoma insiste sur des élections des Gouverneurs de province au suffrage universel direct, au même titre que le président de la République, et non pas par les élus provinciaux, pour lutter définitivement contre le clientélisme, la corruption et même réduire les dépenses de l’État.
Ces experts juristes, tous professeurs de la colline inspirée ont captivé les étudiants avec des arguments solides qui vont dans le cadre du changement de la constitution.
Faisant les analyses réalistes de l’actuelle constitution, le professeur Félicien Kalala a précisé qu’il est temps pour élever le débat autour de la loi fondamentale.
« Le contexte se prête bien. En tant que juriste, c’est normal qu’à un moment, qu’on puisse réfléchir sur les questions qui se posent. Il était question de réfléchir sur l’adéquation entre l’ordre constitutionnel et les mutations sociales. Cela nous a amenés à discuter de la question brûlante de l’heure en rapport avec la révision ou le changement de la Constitution. L’accent a été mis sur la nécessité d’élever le débat. C’est vrai que le débat populiste est important, mais, à un moment, il faudrait élever le débat au niveau académique pour arriver à voir les perspectives en respectant la liberté académique. J’aimerais faire une distinction entre ce qui relève des questions d’opinion qui peuvent diviser les politiciens. Mais, la réalité, du point de vue technique, ce qu’une Constitution n’est jamais statique. Lorsqu’on parle des mutations sociales, c’est-à-dire que la Constitution doit toujours être en adéquation avec les contextes politique, économique et social. Une Constitution, même si elle serait la meilleure du monde, a toujours des choses à changer. Des gens pensent qu’il faut aller par une révision, d’autres pensent qu’il faut aller par un changement, d’autres encore pensent que le contexte ne s’y prête pas. Le plus important à retenir est qu’une Constitution n’est jamais statique. Elle doit subir des évaluations à un certain moment pour voir ce qu’on peut améliorer ou changer », a précisé le professeur Christian Kabange, face à la presse, au terme de l’activité.
Notons que ces juristes ont souligné la nécessité de revoir le mandat du chef de l’Etat à 7 ans non renouvelable, avec l’idée d’avoir deux langues officielles (le français et l’anglais), et soutenir la double nationalité. Ils se sont basés au changement de 12 dispositions constitutionnelles de l’actuelle constitution, notamment l’article 2, 5, 10, 13, 68, 70, 71, 77, 78, 81, 217 et 218.