Garba Illou Abdoul Kadri est le Responsable régional des Finances (RDCongo, Burundi, Centrafrique, Cameroun) de l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Il était avant Chef de Bureau de l’ONG Américaine Catholic Relief Services basé à Kalemie dans la province du Tanganyika. Sur son compte Linkedln, il fait, il y a deux jours, le témoignage suivant sur les embouteillages qu’il a vécus à Kinshasa et propose quelques solutions pour y remédier :
J’aime la RDC, mon deuxième pays. J’y avais vécu 9 années.
J’étais à Kinshasa du 20 au 30 novembre 2024 passé. L’embouteillage que j’ai vu le mardi 26 et mercredi 27 novembre passé fait peur. Des kinois déboussolés, dépassés par la situation. J’ai mis 3 heures de temps pour faire 8,2 Kms les mardi et les mercredi (du bâtiment administratif à Utex). Il faut 4 heures de temps de l’atterrissage de l’avion à l’aéroport de Kinshasa pour arriver à l’hôtel. C’est plus rapide de quitter Abidjan-Kinshasa (3944 kms) que de faire l’aéroport de Kinshasa-Hôtel Pullman Kinshasa (26 kms).
J’ai vécu en RDC de 2017 à 2024, et j’observe que la situation ne fait que s’empirer. Le président Fatshi dès son arrivée a fait construire des sauts de moutons (des ponts), ceux qui pendant quelques années ont pu soulager tant soit peu la population. Mais l’administration a changé de managers (donc une nouvelle classe moyenne), les investisseurs qui craignaient l’intransigeant régime de Kabila sont venus en masse avec l’ouverture de FATSHI, avec la redynamisation du climat des affaires, l’exode massif des provinces surtout Kassaï, Bandoundou, Kikwit… qui se vident de leurs jeunesses pour se rabattre à Kinshasa et Lubumbashi…. font que le nombre de véhicules a augmenté, presque doublé en quelques années.
Comme beaucoup d’observateurs, je me prête au jeu (inutile) des propositions de solutions :
1. Rétablir le permis de conduire : avec exigence d’examen théorique et pratique. Je pense c’est le seul pays au monde où on peut conduire sans permis de conduire. C’est normal d’arriver à ce chaos sur les routes…
2. Création d’un réseau de train urbain : A l’image du RER de Paris. L’Etat ne paie rien, c’est un Partenariat Public Privé. C’est ce qui a été fait à Lagos, Nairobi…
3. Rajeunissement du parc automobile : autoriser l’entrer en RDC de véhicule de moins de 8 ans pour une période de 15 ans. Puis réduire à l’âge de 5 ans définitivement (pour rappel Sénégal, c’est 8 ans et Cote d’Ivoire 5 ans). Retirer de la circulation les véhicules de plus de 30 ans (destructions, casse).
4. Subventionner les sociétés privées de transport par le régime des exonérations : Avec exigence d’achat de véhicule neuf.
5. Favoriser l’installation de concessionnaires de véhicule Suzuki ou chinois : Suzuki, Haval, Tigo… C’est le cas en Cote d’Ivoire.
6. Favoriser l’arrivé de véhicules électriques : Il y a des taxis électriques dans les transports publics à Abidjan, Kenya, Accra, etc.
7. Privatiser la société publique de transport urbain : Elle n’est plus capable de répondre à la demande de la population. Avec obligation d’investissement.
8. Construire des voies expresses payantes et des échangeurs payants : sur carrefours INP, Huileries, Kitambo Magasin, Gare centrale… 500 FC le passage.
9. Bitumer les routes secondaires et les bretelles.
10. Sensibiliser la population : sur le civisme et le respect des règles de conduite.