Honte à l’Assemblée nationale : La corruption à la manœuvre pour étouffer la motion de défiance contre le ministre Alexis Gisaro

Attendu ce lundi 25 novembre 2024 à l’Assemblée où  une motion de défiance est initiée contre lui, le ministre des Infrastructures et travaux publics, Alexis Gisaro Muvunyi, ne s’est pas présenté devant les députés nationaux. Raison : la première ministre Judith Suminwa ne l’a pas officiellement autorisé d’aller à l’hémicycle, peut-on lire dans communiqué publié dimanche 24 novembre  par le bureau de l’Assemblée nationale.

En effet, 58 députés nationaux dont 56 de l’Union sacrée, plateforme présidentielle dont fait partie Alexis Gisaro, ont signé la pétition pour sa destitution. Ils lui reprochent notamment la disparition des artères à Kinshasa (qui sont presque toutes défoncées dans toutes les 24 communes sans exception, Ndlr) et le dysfonctionnement des structures rattachées et relevant de son ministère.

Il est explicitement collé sur le dos de Gisaro, l’échec lamentable de l’opération « Kinshasa zéro trou » alors qu’elle a englouti plus de 20 millions USD. Cette opération concernait la réhabilitation de  49 axes de voiries dans la capitale. Scindée  en deux phases, elle ciblait d’abord 24 axes, puis les 25 autres artères restantes. La première phase, d’un coût estimé à 15,6 millions USD, devait s’achever en janvier 2022. Toutefois, elle a pris fin en juin 2022 en raison de lenteur dans les décaissements. Résultat : du fiasco !

Autre dossier collé sur le dos de Gisaro, le projet « Tshilejelu » annoncé avec pompe mais dont l’inexécution a été effective dans certaines villes, notamment Lusambo-ville où les 15Kms de route à asphalter et une station photovoltaïque à installer n’ont connu un moindre début de travaux.

D’après l’enquête du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) dont le rapport intitulé « l’Opacité quand tu nous tiens » a été publié récemment, Alexis Gisaro devrait justifier pour ces deux projets au moins 70 millions USD.

« Les marchés publics de l’ordre de 171millions de dollars américains ont été effectués pour moderniser la voirie urbaine de la ville de Kinshasa entre 2021 et 2023. CREFDL relève que les projets de l’ordre de 70,5millions USD ont été déjà financé, soit 40,9% de taux de décaissement. De ce montant, il faut noter qu’environ 22,3 millions USD ont été payés pour financer la première phase du projet “Zéro trou’’ et près de 40 millions USD pour payer “Tshilejelu”. Par ailleurs, ces fonds ne sont pas retracés dans les Loi de finances 2021-2023, moins encore dans la reddition des comptes des années susmentionnées », peut-on lire dans ce rapport.

Le CREFDL révèle aussi qu’il y a eu l’insertion dans le projet des tronçons ou avenues qui n’existent pas à Kinshasa. Le cas de Tshilombo et Lunionzo, supposées dans la commune de Matete, qui ont été financées respectivement à hauteur de 1,7 millions USD et 1,3 millions USD, soit un total de 3 millions USD. Selon les habitants de Matete, Tshilombo est un arrêt de bus et Lunionzo est le nom d’un hôpital, fait savoir l’enquête de CREFDL. Cette enquête relève aussi la double attribution d’un même marché à deux prestataires. Il s’agit de la réhabilitation de l’avenue Shaba (commune de Kasavubu) d’une longueur de 2 Km, qui a été attribuée au même moment à l’entreprise ABC et ensuite à CREC 7. Après analyse des données budgétaires, le projet a coûté 1,9 millions USD pour financer les mêmes travaux.

L’enquête de CREFDL dénonce également un arrêt de Gisaro qui s’attribue une rétrocession de 2% sur chaque projet d’infrastructures. Acte, selon cette ONG, qui constitue un gaspillage des fonds publics, car le ministre bénéficie chaque année des frais de fonctionnement inscrits dans la Loi de finances pour financer la supervision de son action.

Manœuvres pour sauver Gisaro

Alors que beaucoup ont estimé que la motion de défiance était une sanction méritée par Alexis Gisaro qui est beaucoup resté dans les théories et dans le virtuel, voilà que la première ministre a semblé le protéger sous prétexte que le courrier du bureau de l’Assemblée nationale lui serait parvenu en retard. Soit ! Maintenant là, tous les yeux des Congolais la regardent car l’on suppose que ce courrier déposé le vendredi 22 novembre dernier lui est bel et bien parvenu et qu’elle pourra mettre son ministre à la disposition des élus du peuple.

Comme si les manœuvres de la première ministre étaient pour gagner du temps et favoriser la corruption, certains députés signataires de la motion de défiance, notamment du MLC,  UNC, AFDC-A, 2ATDC ont déclaré avoir retiré leurs signatures. Une vieille pratique teintée de corruption bien connue pendant les anciennes législatures sous Joseph Kabila, qui a poussé au réajustement du nouveau règlement intérieur de la Chambre basse du parlement qui rend sans effet tout retrait d’une signature déjà apposée.

En effet, l’article 235 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose en son troisième alinéa qu’« A partir du dépôt, aucune signature ne peut être ni retirée, ni ajoutée ». Grâce à ce verrouillage, il est simple de comprendre que ces députés qui prétendent avoir retiré leurs signatures, n’ont rien fait et que la motion de défiance reste à l’état. il ne reste qu’à la première ministre de livrer son ministre et au bureau de l’Assemblée nationale de programmer une plénière pour traiter de cette motion. Voilà ce que les Congolais attendent. Dossier à suivre !     

  • Bendélé Ekweya té

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