Principal accusé dans le dossier dit « Forages », l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi a été disculpé, donc innocenté par le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Mais ce disculpé a, quelques jours après l’ouverture du procès le 4 novembre dernier, fait diffuser une interview de plus d’une heure 30 minutes, réalisée avec quelques journalistes de Kinshasa, pour donner sa version sur ce dossier des forages et celui des lampadaires et autres centre financier et Aréna de Kinshasa.
D’abord, Nicolas Kazadi se vante d’avoir couru derrière les magistrats pour être entendu. Ce qu’il juge exceptionnel dans le comportement des politiciens congolais. Aux magistrats, Kazadi dit avoir déclaré que « tout était transparent, tout était clair dans le dossier forages ».
S’agissant de la présumée surfacturation, l’ancien ministre révèle que dans le projet PRISE financé par la Banque mondiale, le prix d’un forage a atteint 680 mille USD l’unité et le forage le moins cher a coûté 390 mille USD dans un appel d’offre international. Kazadi dit avoir fait la remarque sur la configuration du réseau qui, pour le projet PRISE s’étalait à 2km, alors que celui de Stever construct allait à 1Km, juste pour avoir des ajustements.
« Même si j’ai fait cette remarque, je n’ai pas dit qu’il y a surfacturation, je n’ai pas reconnu qu’il y a surfacturation, je n’avais jamais pensé qu’il y a surfacturation parce que j’ai les prix du projet PRISE », a déclaré Nicolas Kazadi avant de vanter ce projet salvateur dans le cadre de la campagne électorale du président de la République Félix Tshisekedi : « Là où ces stations (Ndlr : de forage d’eau) ont été installées, vous n’imaginez pas l’impact et la joie des mamans qui n’avaient pas d’eau en abondance. Le retard connu peut être rattrapé parce qu’il y a des facteurs qui l’ont causé, notamment les emplacements qui devaient être indiqués par le gouvernement ».
Cette interview du disculpé du PG Firmin Mvonde, celui-là même qui poursuit actuellement l’ancien ministre d’Etat au Développement rural, François Rubota, et l’entrepreneur Mike Kasenga pour détournement, peut-elle éclairer la lanterne des juges de la Cour de cassation qui tiennent la deuxième audience de ce procès ce lundi 18 novembre 2024 ?
D’ailleurs, au sujet de François Rubota, le Panel des experts de la société civile estime que pour le fait que l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi ait affirmé avoir agi selon les procédures recommandées et ne se reproche de rien dans tous les actes posés, au nom du principe de l’équité, personne ne saurait comprendre que dans un même dossier où deux anciens ministres étaient accusés dans les mêmes circonstances de temps, de lieu et pour le même motif, que l’un soit disculpé et l’autre continue à subir des poursuites judiciaires. Ce Panel des experts de la société civile dirigé par Dieudonné Mushagalusha demande que le traitement réservé à Nicolas Kazadi soit appliqué à l’égard de François Rubota.
Quant au détournement évoqué par le ministère public, l’avocat de Mike Kasenga, patron de Stever construct, société ayant gagné en bonne et due forme le marché de construction des forages, soutient qu’il y en a eu aucun. Pour Me Guylain Duga Nsenda, il est prouvé noir sur blanc que l’argent perçu par son cleint a servi réellement à l’achat des matériels appropriés pour les forages et qu’une centaine de stations de traitement et pompage d’eau est déjà livrée au gouvernement et qu’une autre centaine est en construction. Et que malgré l’arrestation plus de quatre mois de son patron, la société Stever Construct continue les travaux d’installation des stations d’eau potable.
« Le 15 novembre dernier, alors que Mike Kasenga est en prison, sa société a offert aux habitants de Lisala, dans la Mongala, de l’eau potable dans 5 stations nouvellement construites », révèle Me Guylain Duga Nsenda en rappelant que la province de Mongala est la 8ème après la Ville province de Kinshasa, la Tshopo, l’Équateur, le Kasaï occidental, le Kasaï oriental, le Kwilu et la province du Kongo Central à bénéficier de l’eau potable. Et Stever Construct se dit déterminée à exécuter le contrat signé avec le Gouvernement de la RDC dans le strict respect des règles de l’art. tous les matériels étant disponibles, elle n’attend que le gouvernement lui indique les sites où peuvent être construits les différents forages pour achever le lot de la première phase.
Avec tout ce tableau, la sagesse des juges est appelée à analyser tous ces paramètres de la bonne foi de la société Stever construct à parachever le contrat et voir dans quelle possibilité accorder une liberté provisoire à son patron Mike Kasenga pour lui faciliter de bien honorer ses engagements parce que beaucoup de juristes voient de mauvais œil qu’il soit emprisonné dans une affaire de contrat, donc une affaire civile qui pouvait en principe être traitée devant le Tribunal de commerce s’il n’y avait pas forte politisation.